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Lancement du premier EP de Francis Michaud

Un artiste qui a sa place sur la scène québécoise

©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Par: Myriam Bercier

Mardi le 22 octobre 2019 a eu lieu le lancement du premier EP de Francis Michaud au Ministère. Dès son arrivée sur scène, l’artiste nous démontre qu’il est à son aise sur une scène, que c’est vraiment sa place. Il danse et prend sa place avec assurance. Entre la première et la seconde chanson, il nous lance, tout sourire : «je suis tellement heureux, vous n’avez même pas idée!» Il prend le temps d’expliquer chaque chanson avant de les interpréter, notamment la première pièce, Droit chemin. Celle-ci veut dire beaucoup de choses; elle parle notamment à ses collaborateurs qui ont cru en lui et qui l’ont amené plus loin. C’est grâce à eux s’il est ici, sur son droit chemin, nous explique-t-il après l’avoir interprétée. Il est visiblement fier et heureux d’être sur la scène devant son public et de lancer son premier EP.

 

Il prend aussi un instant pour nous expliquer ce qui l’a amené ici. C’est en effet une rupture qui a donné le coup d’envoi à ce projet. Pour cette relation, il avait abandonné beaucoup de choses. Il a décidé de prendre l’énergie négative que lui apportait cette séparation pour la transformer en quelque chose de positif, pour faire ce qu’il aime le plus : de la musique. D’ailleurs ce côté émotionnel de l’EP paraît beaucoup dans sa voix, qui véhicule vraiment très bien les émotions.

Vers la fin du lancement, il remercie chaudement ses collaborateurs, dont Lydia Sutherland (La voix), qu’il qualifie de magicienne, sans qui rien n’aurait été possible. C’est alors qu’il nous annonce que la participante de La Voix viendra faire une chanson inédite avec lui, Laisse-toi. Ils ont décidé de rajouter cette chanson au spectacle le jour avant le lancement, or, ce peu de temps de préparation ne paraît pas du tout. La complicité réelle entre les deux artistes fait percevoir une vraie amitié et offre un résultat vraiment envoûtant. Leurs deux magnifiques voix se marient à la perfection, terminant ainsi la soirée en beauté.

Bref, si Francis Michaud passe dans une salle ou un festival près de chez vous, hâtez-vous d’y aller, vous découvrirez non seulement un chanteur touchant mais aussi très attachant.

J’ai eu l’occasion d’avoir une entrevue avec lui, la voici:

Bonsoir Francis, j’ai quelques questions pour toi. La première : tu viens d’arriver dans le milieu musical, que faisais-tu avant?

Avant, tout ce que j’essayais de faire, c’était justement essayer d’entrer dans le domaine musical. Je suis parti de très très loin; je viens de St-Tite. Puis quand j’ai eu 18 ans, ça faisait déjà depuis un bon moment, peut-être depuis l’âge de 10 ans, que j’écrivais des poèmes puis à un certain moment ça s’est converti en chanson puis c’est là que mon professeur de musique m’avait dit «tu devrais essayer de faire quelque chose avec ça.» Il m’a comme ré-initié au chant, parce qu’entre le primaire et le secondaire j’avais complètement arrêté de chanter donc c’est pour ça que par la suite j’ai essayé de développer quelque chose. C’est en allant dans un concours de chant à Trois-Rivières que ça m’a redonné la piqûre. Je suis monté sur une scène, au beau milieu du boulevard des Forges, il y avait 1000, 2000 spectateurs devant nous. Moi, tout ce que je me rappelle de cette soirée-là, c’est vraiment un gros tapis de lumières, parce qu’ils avaient distribué des glowsticks dans la foule, donc moi je ne voyais qu’un gros tapis de lumière devant moi et ça, cette vision-là, c’est la vision qui m’est toujours restée. Je me suis dit dans ma tête «faut vraiment que je revive ça!» S’il y a une raison pour laquelle je fais ce que je fais aujourd’hui, c’est vraiment parce que je veux revivre ces moments-là, c’est du bonheur à l’état pur, je pourrais refaire ça à chaque soir, à chaque jour de la semaine et je n’en aurais jamais assez. C’est une vraie drogue.

C’est vraiment comme ça que par la suite à 18 ans j’ai pris la décision de partir de chez nous, et de me rapprocher plus de Montréal, parce que je sais que, veut, veut pas, la culture, les arts, c’est pas mal concentré ici, et que j’avais plus de chance. Mais au début, je ne connaissais personne, je n’avais pas de nom, je n’avais pas de connaissance, je ne savais pas comment m’y prendre, j’allais cogner à des portes, j’essayais de prendre contact avec des gens, mais je n’avais jamais de réponse, ou quand j’en avais c’était «tu n’as pas ce qu’il faut». Veut, veut pas, ça a quand même joué sur moi parce qu’au début je me disais «bah, peut-être que c’est vrai, peut-être que je n’ai pas ce qu’il faut, peut-être que je n’ai pas ma place dans ce milieu-là aussi». Donc c’est vraiment comme ça que je me suis dit «mets les bouchées doubles, vas-y fonces, t’as pas de temps à perdre.» Puis à un certain moment, je suis allé dans des agences de mannequin, j’ai fait de la figuration, j’avais essayé ça en me disant «peut-être que je pourrais me faire un chemin, peut-être qu’on pourrait me mettre en contact avec des gens de la musique», mais finalement ça ne fonctionnait pas, donc j’ai quitté ça tout de suite après. Puis c’est comme ça ensuite que j’ai rencontré Lydia (Sutherland).

C’est drôle la façon qu’on s’est rencontrés! (Rires) On s’est rencontrés via un ami commun, on était en train d’épiler des jambes dans sa cuisine à la cire! L’ami en question m’appelle une journée et me dit «Francis viens-t-en avec moi, on va aller magasiner, je veux devenir une drag queen!» Il voulait ensuite que je lui épile les jambes, mais je ne suis pas esthéticien moi! (Rires) On est donc allés chez son amie. Il m’en avait parlé un peu en disant «elle est super cool, elle chante et elle est super fine!» C’est comme ça que j’ai rencontré Lydia. Elle m’a joué une de ses chansons de son premier EP, ça a été un déclic pour moi, je me disais «je l’adore déjà»; elle me faisait vivre des frissons quand elle chantait, je me disais  «j’aimerais tellement ça un jour travailler avec elle si j’avais l’occasion», et ça a bien adonné, parce qu’ensuite elle a fait La Voix, puis quand elle a fini La Voix on s’est retrouvés les deux dans un lancement de Noémie Sheila Rioux, on a repris contact, on a recommencé à se tenir ensemble, c’est là qu’elle m’a dit qu’elle voulait m’aider et qu’elle m’a amené sur mon droit chemin. Voilà comment je suis arrivé où j’en suis en ce moment.

Tu en as un peu parlé, mais peux-tu nous en dire plus sur ta dernière année? Tu as parlé de ta relation avec Lydia, mais as-tu noué d’autres relations? Qu’est-ce qui a changé depuis que tu t’es lancé dans la musique?

Il s’est tellement passé de choses en une année! C’est fou! Moi, je n’en reviens pas encore de tout ce qui vient de se passer. On est rendu au point où on lance l’album puis je me disais  «wow, ça a passé tellement vite, mais c’était tellement long en même temps!» (Rires) Quand Lydia a dit qu’elle voulait m’aider, elle m’a amené dans des événements, elle m’a amené dans des lancements, elle me présentait à des gens. C’est comme ça que j’ai rencontré Raphaël Roberge (Mixmania 4), j’ai rencontré May Wells, d’autres artistes indépendants de l’industrie et c’était vraiment agréable de rencontrer des gens comme moi. Mais j’avoue qu’au début je me sentais un peu dépaysé, je me sentais comme le gars pas rapport dans la place. Plus le temps avançait, plus je fréquentais Lydia; ça a fait en sorte qu’au final elle m’a vraiment appris à avoir confiance en moi en me disant «excuse-moi, mais t’es un artiste, t’as le droit de le dire et de l’assumer». Donc, c’est comme ça que j’ai rencontré du monde, Lydia m’a mis sur le chemin de tous ces gens-là. Elle m’a mis en contact avec Mario McFly (La Voix) pour faire la co-écriture d’une des chansons du EP. Ça a été de belles expériences dont j’ai appris beaucoup et aujourd’hui je me sens vraiment grandi et je me sens vraiment en pleine possession de mes moyens donc ça ne pourrait pas être plus parfait que ça en ce moment. Donc, la dernière année a été top notch.

Sur la description d’un extrait d’une de tes pièces que tu as mise sur Facebook cette semaine, Le droit Chemin, tu disais que «ce mini-album est une façon pour moi de tourner la page sur une partie de ma vie qui m’a guidé où j’en suis aujourd’hui». De quoi parles-tu exactement? Quelle partie de ta vie laisses-tu derrière?

Un peu les dernières années qui viennent de passer justement. C’est pas mal la dernière année ou les deux dernières années qui sont regroupées là-dedans. Parce que justement il y avait un moment où j’allais voir des gens et on me disait «non», donc c’est sûr que j’avais du stress, de l’anxiété, je ne me sentais pas à ma place, j’appréhendais des objectifs, mais je ne les atteignais jamais, et je me disais «finalement, ça ne sert à rien». Le droit chemin, c’est justement une façon de dire qu’il y a eu du désespoir en chemin, mais j’ai pu rencontrer des gens merveilleux au courant de la dernière année qui m’ont mis sur mon droit chemin. Donc c’est vraiment ça : malgré l’incertitude, tout est beau au final. Il ne faut donc pas cesser de croire en ce qu’on fait.

Qu’est-ce que cet album représente pour toi?

C’est le premier bébé, c’est un peu comme si je venais d’accoucher. Après les contractions, les douleurs et tout ça, le bébé est né. Maintenant, je me sens fier, je suis surexcité de le présenter, j’ai hâte de voir les réactions, je suis vraiment content, je ne peux pas être plus sur un nuage que je le suis en ce moment.

Comment as-tu créé les pièces sur cet album? Qu’est-ce qui t’a inspiré?

À vrai dire, les pièces ont toutes commencé chez Lydia, on était assis dans son salon avec son piano, puis c’est comme ça qu’on composait les chansons. Donc on se demandait «quel sujet t’inspire en ce moment?» puis on en parlait, on tournait autour du sujet, puis à un moment les mots sortaient d’eux-mêmes puis ça donnait ce que ça donnait.

Par exemple, Ce qu’il en est, c’est une histoire de passion entre deux personnes, mais il y en a une des deux pour qui tout va bien, mais l’autre n’assume pas et n’est pas prêt à exposer ce type de relation-là puis ça finit qu’on a jamais su ce qui en était, ce qui aurait été de la relation. Puis, Pour toi, pour moi, pour nous, c’est la chanson qui a fait en sorte qu’un peu tout ça a commencé parce que j’avais un peu commencé à lâcher prise quand j’ai rencontré quelqu’un au courant des deux dernières années, puis quand il y a eu la rupture que je n’ai vraiment pas vu venir, ça a tout chamboulé et j’ai décidé de canaliser toute cette énergie-là à la place de mettre ça sur la peine, j’ai décidé de mettre ça dans la musique et me recharger dans ça. Grâce à cette chanson-là, j’ai tourné la page et j’ai décidé de foncer. Il aura fallu que cette rupture-là arrive pour que je puisse faire le EP. Il a fallu que ça vienne tout bousculer ma vie pour que ça vienne tout réaligner en place.

Tu as beaucoup parlé de tes collaborations, comment est-ce tu as réussi à nouer ces liens? 

Tous les gens avec qui j’ai collaboré, je les ai rencontré par Lydia. Lydia a beaucoup de contacts, elle est amie avec beaucoup de gens, c’est une lovely girl! Elle connait beaucoup de personnes, et elle me disait souvent «je suis sûre qu’avec telle personne ce serait cool» puis ça a donné ce résultat. Il y a seulement Olivier Chartrand que j’ai rencontré à un concours de chant que j’ai fait il y a un an de ça, un peu avant que je commence le projet du EP avec tout le monde. C’est un concours de chant qui se trouvait à Saint-Alexandre-de-Kamouraska et Olivier était là. Il m’a accosté pendant que je pratiquais dans la salle de bain; parce que je trouve que l’acoustique dans la salle de bain est écoeurante (rires). Il m’a accosté et il m’a dit  «j’adore ce que tu fais», ça a cliqué là, puis à un certain moment, je l’ai appelé et je lui ai «est-ce que ça te tenterait de faire une chanson sur mon EP, j’aime beaucoup de ce que tu fais», il m’a dit oui puis il est descendu de Gatineau pour venir jusqu’à Montréal.

Est-ce qu’il y a une raison derrière le choix de ces chansons? Pourquoi avoir choisi ces chansons pour ton EP plutôt que d’autres?

Parce que justement ces chansons-là étaient toutes des chansons qui parlent de sujet que j’avais envie de mettre sur l’album, parce que c’est assez autobiographique je te diras quand même comme album. J’avais juste envie de mettre ça sur l’album et de le laisser partir; «bye bye, on passe à autre chose». C’est comme une façon de tourner la page pour moi.

Quels sont tes plans d’avenir?

Mon Dieu seigneur c’est juste ça qui me trotte dans la tête! (Rires) Écoute, il y a des millions de choses que j’ai envie de faire, les possibilités sont infinies! J’ai envie de partir en tournée, j’ai envie de faire des festivals. Ce sont des choses que j’espère et que j’aimerais planifier mais pour l’instant, plus concrètement, Lydia et moi on compte retourner en studio au courant de la prochaine année et développer un nouveau single donc je n’en dis pas plus! Sinon c’est sûr que j’ai plein de plans en tête, ce n’est jamais mort dans ma tête, c’est un tourbillon continuel qui n’arrête jamais.

Quel est ton plus grand rêve avec ce EP?

Qu’il dure et qu’il perdure. Qu’il inspire les gens, qu’il accompagne les gens dans des moments de leur vie où ils ont besoin de support. Je pense que c’est vraiment mon plus grand souhait. Quand je le faisais, je me disais des fois «j’aurais tellement aimé ça avoir cette chanson-là, elle aurait pu m’accompagner dans tel moment de ma vie» parce que je trouve que des fois quand tu écoutes une chanson, ça te permet d’extérioriser des sentiments pour te sentir mieux. J’espère donc que l’album va accompagner les gens!

Crédit photo : ©Maryse Phaneuf/MatTv.ca