Concerts de IAM à l’Olympia
© Maryse Phaneuf/MatTv.ca
Par : Maxime D.-Pomerleau
Le groupe français IAM était de passage pour deux concerts à guichets fermés à l’Olympia (de Montréal, pas de Paris) cette semaine, un an après avoir donné un spectacle mémorable aux FrancoFolies devant 30 000 personnes. La bande de pharaons qui a révolutionné le rap français revenait en sol québécois dans le cadre de leur tournée des 20 ans de L’école du micro d’argent, l’album culte paru en 1997.
IAM commence en force avec L’école du micro d’argent immédiatement suivi de Nés sous la même étoile, un immense succès qui abordait la notion de privilège avant le temps, et dont les gens se souviennent encore des paroles. Après une excursion du côté des plus récents albums dont Rêvolution, paru en 2017, IAM revient avec le bloc massif Chez le mac, Un bon son brut pour les truands et La saga, pièce au vidéoclip mythique auquel Wu-Tang Clan avait participé, faisant passer IAM du statut de groupe célèbre à légendaire. Réaction passionnée de l’auditoire, qui est en feu. Tout au long du concert, IAM fusionnera souvent ses compositions, jonglant aisément avec les rythmes et modulations de chacune d’elles.
Mains, poings, joints, plusieurs choses se sont levées dans les airs, aux refrains rassembleurs du groupe. Ça bounçait dans la place, suivant le mouvement des bras du maestro Shurik’n. Après Dangereux, un autre gros succès de L’école, Akhenaton (qui est pratiquement le seul à avoir parlé dans la soirée) a tenu à rappeler, notamment en rendant un hommage aux DJs des années 70, que nous étions tous réunis autour d’une culture, la culture du hip-hop. Le groupe s’est éclipsé pour laisser la place à Daz qui a fait une petite session de mix, faisant danser allègrement la foule. On aurait pu en prendre plus à différents moments dans le show. Le groupe est ensuite revenu sur scène, affichant chaînes en or et cotons ouatés griffés, qu’ils n’ont cependant pas gardés longtemps! On peut affirmer que la canicule est arrivée pendant Je danse le mia, le mégahit de 1994 qui a fait connaître le groupe de l’autre côté de l’Atlantique, avant de terminer officieusement le concert avec la pièce phare Petit frère, en quelque sorte la chanson-soeur de Nés sous la même étoile.
Pour le rappel, le groupe est apparu sur scène avec des sabres laser rouges de Darth Sith, pour nous rappeler que L’empire du côté obscur veille toujours au grain. Le concert s’est terminé, après deux heures condensées, sur la chanson fleuve qui clôt également L’école du micro d’argent, Demain, c’est loin. La pièce de neuf minutes offre un riche texte aux figures de style et au propos recherchés, qui dépeignent la dure réalité des jeunes des banlieues où se côtoient pauvreté, drogue et morosité. Parce qu’il est toujours bon de se rappeler d’où on vient pour savoir où l’on va, et éventuellement changer le chemin du futur, Demain, c’est loin imprègne les spectateurs un bon moment après que les lumières soient éteintes.
IAM a offert une bonne prestation, mais l’ensemble était, comment dire…. propret? Avec la verve qui anime ces artistes depuis 30 ans, on aurait pu s’attendre à plus d’interactions avec le public, à une certaine incitation au mouvement, à des discours engagés galvanisants. Avec des chansons comme Dangereux qui traite notamment de profilage racial, on pouvait s’attendre à ce qu’ils s’expriment sur l’ère politique actuelle, les tensions raciales étant présentes autant en Europe qu’en Amérique. Bon, ils n’ont plus l’âge d’être des racailles et de foutre le bordel, n’empêche qu’un désir de rébellion teinte toute leur musique. Pas de décors, peu d’accessoires à l’exception des sabres laser, on peut présumer que le concert à plus grand déploiement au Centre Vidéotron de Québec, samedi, rendra justice à l’esthétique cinématographique des chansons de IAM, aspect que les spectateurs de Montréal n’ont pu apprécier.
Liste des chansons
L’école du micro d’argent
Nés sous la même étoile
La garde
Marseille la nuit
Bouger la tête
Monnaie de singe
Intro Renkei + Samouraï
Poudre de brique rouge + La face B
Chez le mac
Un bon son brut pour les truands
La saga
Pourquoi je suis là + Elle donne son corps avant son nom
Manifeste
Indépendenze (un couplet)
L’enfer
Dans la légende
Les miens
Dangereux
Routine + Orthodoxe
Le tempo + Un cri court dans la nuit
Je danse le mia
Petit frère
Rappel
L’empire du côté obscur
Intro Mrs + Bad Boy
Quand tu allais, on revenait
Demain, c’est loin
Crédit photo : © Maryse Phaneuf/MatTv.ca
Texte révisé par : Johanne Mathieu