Trouver l’équilibre entre le rêve et la réalité
Par Ariane Monzerolle
C’est quand la dernière fois que vous avez rêvé ? Que vous avez oublié le temps d’un instant votre quotidien et fui vers votre imaginaire ? Le personnage incarné par Normand D’Amour dans la pièce : Le rêveur dans son bain en fait sa raison d’être. Tout au long de la pièce, il nous transporte à travers ses souvenirs.
Saugrenu et merveilleux, deux caractéristiques qui définisse bien les presque deux heures que dure la pièce. Sous la forme d’un cabaret, on découvre la vie de ce personnage haut en couleur qui est constamment à la recherche d’inspiration, de sa muse. En passant par le cinéma muet, la bande dessinée, la magie, la danse et bien d’autres on en apprend plus sur la vie de ce génie créatif, du début de sa vie, à la rencontre avec l’art puis celle qui volera son cœur, l’inspirera à jamais et lui donnera un enfant, le surréel Ondine.
Le personnage incarné par Normand d’Amour, est un être se croyant immortel, rêve et doté d’une imagination débordante. Un rôle qui semble conçu pour lui. Son jeu est vrai et rempli d’authenticité et permet réellement au spectateur de se laisser transporter dans son monde.
Ondine quant à elle tient son nom de légendes germaniques. Créature mythique et aquatique, un peu comme une sirène, mais sans la queue. Les ondines apparaissent aux poètes et écrivains afin de les inspirer. Interprété par Cynthia Wu-Maheux, le personnage d’Ondine est illustre. La prestance de la comédienne sert bien le personnage. On la croirait directement sortie d’un conte de fées.
Ensemble, le rêveur et Ondine forment un duo créatif. Lui bédéiste, elle photographe. Ils se nourrissent de l’un et l’autre pour faire grandir leurs pratiques. Au fil du temps, ils commencent à accumuler des petits trésors du temps qu’ils stockeront dans leur maison. Ce qui crée un joyeux capharnaüm, qui sera d’ailleurs le décor qui habille la scène.
Leur plus belle création sera leur fils. Le fils incarné par Renaud Lacelle-Bourdon est un personnage plus réaliste que son père. Par lui, on apprend que sa mère est partie, il y a vingt ans de cela, on ne sait pas pourquoi et on ne sait surtout pas où elle est.
On comprend tout de suite qu’il pense de manière très pragmatique. Son père refusant de quitter le bain depuis plus de 20 ans, pour ne pas perdre l’inspiration ne s’occupe plus de lui-même ni de sa maison. Il n’y a donc pas d’autre choix que placer son père dans une résidence pour aînés et de détruire ce palais de merveille et de souvenir. Dernière chose rattachant le rêveur à sa belle Ondine.
C’est face à la destruction imminente de cette maison de merveilles qu’on découvre les plus grands secrets du rêveur et la vraie raison et nature du départ de la belle Ondine.
Le rêveur dans le bain est une production de la compagnie Tout à trac et une création d’Hugo Bélanger. C’est une œuvre baignant dans cet univers bien précis et qui tient à cœur à ces idéalisateurs : plus grand que nature, ensorcelant et doté d’une morale bien importante.
Selon moi, cette pièce est une réussite. À la manière du petit prince, la symbolique et le sens de cette pièce varieront selon le public qui la regardera, mais les marquera tout autant. Les comédiens offrent des performances ancrées et très physiques. Le texte est riche et a plusieurs niveaux. Puis la mise en scène est originale et rafraichissante. L’utilisation de la projection est intéressante et permet à l’histoire d’être plus complète. Définitivement, une pièce à ne pas manquer !
Le rêveur dans son bain est une production de Tout à trac, création et mise en scène par Hugo Bélanger et est présenté au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 27 mai 2023