Le deuil : surmonter l’insurmontable
© Photo officielle / Caroline Laberge
Par : Christian Gaulin
Qu’est-ce qui est pire que de survivre à la mort de son enfant? La pièce Le Terrier, présentée au Théâtre Jean-Duceppe, nous entraîne dans le processus du deuil. Et clairement, personne ne vit ça de la même façon et au même rythme…
On se retrouve huit mois après le drame. Louis (Frédéric Blanchette) et Becca (Sandrine Bisson) tentent, du mieux qu’ils le peuvent, de se remettre du deuil de leur fils unique, Danny, qui est décédé accidentellement alors qu’il n’était âgé que de 4 ans. Alors que la mère souhaite effacer toutes les traces et les souvenirs liés à son fils en faisant disparaître tout ce qui lui appartenait et en envisageant la vente de la maison, le père, au contraire, tente par ses activités de cacher tous symptômes de dépression et s’accroche à tout ce qu’il lui reste de son petit garçon.
À l’intérieur d’elle-même, pour continuer à avancer et poursuivre son processus d’acceptation du deuil, Becca désire à tout prix rencontrer Jason Ouellet, le jeune homme qui a accidentellement happé son enfant. Louis, de son côté, cherche par tous les moyens à éviter et à repousser cette rencontre qu’il ne souhaite définitivement pas. Chacun à leur manière, ils tentent de surmonter ce deuil, cette grande souffrance qui les sépare autant qu’elle les unit, et de se reconstruire individuellement et comme couple. Y parviendront-ils?
© Photo officielle / Caroline Laberge
Autour des parents, la vie se poursuit. La mère de Becca, Nathalie (Pierrette Robitaille), sa soeur Isa (Rose-Anne Déry), et l’adolescent impliqué dans l’accident, Jason (André-Luc Tessier), tentent d’offrir du réconfort au couple.
Le terrier est une excellente pièce, très touchante, poignante et qui nous porte inévitablement à réfléchir, jouée par des acteurs de haut calibre, plus vrais que la réalité. Sandrine Bisson est saisissante dans le rôle de cette mère déroutée, brisée et froide par manque d’émotions. Frédéric Blanchette qui joue son mari et père de Danny, est bouleversant, plus affecté qu’il veut bien le laisser paraître. Rose-Anne Déry, la sœur de Becca, incarne parfaitement bien l’égoïste qui ne pense pas aux répercussions de ses actions sur le couple. Pierrette Robitaille, la mère de Becca, est encore une fois renversante. Son personnage porte en elle une douleur qui reste à jamais, une « brique dans la poche » qu’on porte toujours avec soi, comme elle le dit si bien à sa fille Becca. Sa fixation sur les Kennedy et ses maladresses la rendent fort attachante et touchante. Puis, André-Luc Tessier, qui interprète Jason, le jeune homme responsable de la mort de l’enfant, se sent coupable et souhaite atténuer cette culpabilité en rencontrant le couple.
© Photo officielle / Caroline Laberge
Côté décor, on opte pour la simplicité, outre des chaises et une paire de souliers appartenant à Danny. Devant la scène, quelques éléments dont un téléviseur, un gâteau d’anniversaire, des bouteilles et des verres de vin, des toutous et un panier de vêtements nous ramenant à des segments abordés dans la pièce. Tout l’espace favorise les personnages et ce qu’ils ont à dire.
Le terrier est une grande quête vers la reconstruction de soi. À travers la vérité, la communication, l’écoute, la sensibilité, la colère, la douleur et l’humour, c’est une histoire où l’amour triomphe.
Le texte est de l’auteur américain David Lindsay-Abaire, et la mise en scène est brillamment réalisée par Jean-Simon Traversy.
Le terrier, est présentée chez Duceppe jusqu’au 23 mars 2019. Achetez vos billets à l’avance, juste ici.
Crédit photo : © Photo officielle / Caroline Laberge
Texte révisé par : Annie Simard