Mathieu Pedneault

Les Dreamies 2013

Les drag queens à leur meilleur

Dimanche dernier avait lieu un événement très spécial pour les amateurs de spectacles originaux. Un grand nombre de personnificateurs féminins se sont donné rendez-vous pour festoyer à la 5e édition des Dreamies. Un gala nouveau genre qui se veut sérieux dans la forme, mais qui se permet d’être éclaté avec un brin de folie! Cette édition célébrée sous le thème du cirque Extravaganza nous a offert des numéros à couper le souffle tels que celui de Fernando Dudka, un artiste argentin qui nous a présenté un numéro d’équilibre sur les mains.

Cette année était particulière pour la Drag Queen Dream (Julien Cliche) puisqu’elle célébrait par la même occasion ses dix ans de carrière. Elle nous a confié, connaissant très bien les difficultés pour rester longtemps dans ce métier, être très fière de son cheminement. « À travers les années, on apprend de ses erreurs. Les gens viennent voir un show de Drag Queen pour se changer les idées, c’est un exutoire pour eux. . Je ne suis pas là pour les rendre tristes, je suis là pour les rendre heureux ». C’est un humour plus travaillé et également plus sage que l’on peut maintenant retrouver dans le spectacle de Dream. Côté froufrou, Dream se rappelle avoir commencé avec 2-3 costumes et aujourd’hui, elle en dénombre plus de 200 dans sa loge. À l’occasion du gala, le designer Daniel Serrurier a su bien la mettre en valeur.

Mado Lamotte (Luc Provost), aussi bien connue du grand public pour ses animations de Bingo déjantées que pour ses chroniques loufoques parues mensuellement dans le magazine Fugues, nous a interprété la chanson «Entre l’ombre et la lumière» de Marie Carmen. Une grande surprise pour Dream puisque Mado s’illustre comme étant sa marraine de spectacle.

Comme l’a si bien dit Dream « Les Dreamies, c’est comme les Grammies, mais pas de budget ». Ce genre d’événement nécessite beaucoup d’imagination pour le peu de moyens disponibles. L’équipe a bien relevé le défi, on ne pouvait qu’être étonné de la soirée ! Avec beaucoup d’imagination et du talent à revendre, les artistes présents ont donné tout un spectacle.

Michaël Laroche, coordonnateur de l’événement et présentateur, nous a dévoilé l’importance d’avoir un tel gala. « Les drag queens de Montréal sont exemplaires, elles allient entre-autres le théâtre, le chant et la dance. Elles sont vraiment la crème de la crème des artistes de spectacle de la communauté et elles l’ont bien démontré lors de la fête Arc-En-Ciel à Québec. Elles ont prouvé que Montréal a l’étoffe de présenter des drag queens de calibre international ».

Lors de l’avant-première du gala qui se déroulait au bar Unity, les danseurs et danseuses du Cabaret Mado ont mis le feu sur scène notamment avec les chorégraphies de Marc-André Caron, Jean-François James et Nancy Alberts. Les déhanchements sexy et les tenues légères en ont sans doute fait fantasmer plusieurs.

C’est devant une salle nostalgique et participative que la chanteuse Gabrielle Destroismaisons a accepté sans hésiter l’offre d’interpréter son plus vieux et éternel succès « Et cetera », qui, rappelons-le, s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires lors de sa sortie en 2001.

Par la suite, nous avons transféré au Cabaret Mado pour la remise des prix. Comme à son habitude, Dream a su encore une fois divertir son public de façon humoristique, mais également de manière très structurée tout en conservant le décorum nécessaire à une telle soirée de gala. Nunuche de service, Colette L. DePorc ne donnait pas sa place dans le rôle de porteuse de trophée. Preuve de son expérience dans le métier, Dream a su bien gérer les bévues, les retards et problèmes techniques de manière loufoque pour le grand plaisir du public.

Qui est la fille de qui, la mère de qui? Facile de s’y perdre rapidement, mais ce qu’on en ressort, c’est qu’il s’agit d’une grande famille d’artistes pratiquant un travail pour le moins non-conventionnel. Qui de vous oserait s’afficher en femme et en ferait carrière? Il s’agit d’un métier qui nécessite beaucoup de travail et de temps. « La Drag Queen, c’est pas toi qui le choisis, c’est le métier qui te choisit » nous a révélé Mado lors du spectacle.

LaDorris (Luc Baillargeon) qui animait les plus grandes soirées du feu Drugstore, était fébrile de rencontrer ses amies-collègues, nous a-t-elle confié en entrevue. Elle demeure très heureuse, malgré la fermeture du Drugstore, de pouvoir continuer de bien s’afficher à travers les autres cabarets-spectacles.

Les prix citrons m’ont bien fait rire. Notamment celui remis à Amy Haze (Dany Minier) pour avoir utilisé un micro-casque et un micro-main lors d’une chanson. N’oublions pas qu’à la base, il s’agit de lipsync. Sourire aux lèvres, les présentatrices se sont exclamées « Bravo championne! ». Amy avait également gagné l’an dernier. Comme quoi celle-ci semble avoir un attachement sentimental pour ce prix!

Mon coup de coeur de la soirée fut lors de la remise du prix de Miss Personnalité. Célinda (Kevin Goulet) montant sur scène émue aux larmes. Ne trouvant pas les mots pour remercier le public, elle s’est précipitée dans les bras de Dream.

Pour conclure la soirée, le jury a dû délibérer le Numéro de l’année. Les 8 candidates en lice ont su se démarquer. Nous avons eu droit à une compétition très serrée entre Aleksa, Kelly, Sandra, Anastasia, Chelsea, Peggy Sue, Sasha et Kathleena. Le grand prix a été remis à Peggy Sue (Jean-Sebastien Laroche) qui nous a offert une performance dynamique sans danseurs sur la chanson If I Had You.

C’est avec un événement comme celui-ci qu’on peut comprendre l’importance d’avoir un lieu de rassemblement tel que le village pour la communauté LGBT. Ce style de spectacle mérite d’être vu par un public plus large, à quand un show de drag queen au Centre Bell?

LES GAGNANTES DE LA SOIRÉE :

1.Découverte de l’année: LANA SOUR

2. Amélioration: DARLEEN DEER

3.Saloppe: SASHA

4. Alcoolique: GABRIELLA

5.Glamour: ANASTASIA

6.Lipsynch: TRACY TRASH

7.Fashionista: Gisèle Lullaby

8.Make-Up: BAMBI DESTROUS

9.Show de l’année: HOUSE OF BAGA

10.Cliente de l’année: NATHALIE DUMONT

11.weardo: PARADOX