Lorsque l’art est dans les cordes
Par : Lucia Cassagnet
Samedi soir, l’Orchestre FILMharmonique présentait la deuxième représentation du concert Les Quatre Saisons de Vivaldi à la Maison symphonique au centre-ville de Montréal. Sous la direction du chef d’orchestre Francis Choinière, la violoniste Isabella d’Éloize Perron a charmé toute l’audience.
La première partie de cette soirée a mis de l’avant la version classique des Quatre Saisons.
Le concert, un peu sans surprise, a commencé avec le mouvement Printemps. Les tons doux et rafraîchissants représentaient l’opportunité idéale pour partir la soirée dans la bonne ambiance. Puis se sont enchaînées les saisons l’une après l’autre en ordre, nous faisant voyager à travers les cordes.
Durant l’Été, la chaleur et les passions étaient à l’avant-plan sur la scène en bois, résonnant dans cette salle qui a été construite spécifiquement pour faire rayonner les sons classiques. Et organiquement, les tempêtes automnales ont pris place à l’intérieur des quatre murs. La détresse et l’allégresse qui font partie de cette saison qui nous donne de l’espoir lorsqu’il y a du soleil et de la déprime les jours de pluie étaient palpables dans les crescendos et les silences portés par les cordes.
Puis l’Hiver, qui peine à nous quitter réellement, a clos la première partie du spectacle. À ce moment, toute la salle était déjà fascinée par l’étoile brillante, Isabella d’Éloize Perron. Celle qui portait alors une robe verte éclatante parmi un orchestre en noir se démarquait au-delà de son apparence.
Le talent de faire en sorte que les choses difficiles semblent faciles
Toutefois, c’est vraiment la deuxième partie du spectacle qui a démontré l’excellence de la musicienne.
Les Quatre Saisons de Buenos Aires de Astor Piazzolla est une interprétation du classique de Vivaldi avec une twist argentine. Dès les premières notes des instruments on se transporte. Les tonalités, les harmonies, les agencements entre les différentes parties étaient si bien interprétées qu’on se serait cru dans les rues en pierre de la capitale de l’Argentine, avec des bars à cigars d’un côté du trotoir et un cafecito de l’autre.
On s’attendait à voir un couple de danseurs arriver par la porte du côté et valser le tango entre les musiciens. Mais au lieu d’un couple, on avait un violon et un viloncelle qui nous présentaient un tango sonore entre leurs cordes.
Isabella d’Éloize Perron, arborant maintenant une robe rouge éclatante, était la vedette.
Son talent n’avait pas été questionné lors de la première partie – loin de là – mais durant son voyage musical à Buenos Aires elle a vraiment dominé la scène. Le violon, c’est sa zone de confort, de ça, il n’y avait plus aucun doute.
Sa joie de vivre était visible à travers des sourires et des regards partagés entre les musiciens sur la scène avec elle. Bien que le chef d’orchestre en général soit celui ou celle qui décide quand on joue, dans ce cas-ci, c’était la violoniste. Tous attendaient son soupir avant de toucher les cordes. Un détail qui aurait généralement été imperceptible, mais la salle était tellement à l’écoute de son art, tellement en silence qu’on l’entendait.
Ce concert était d’une beauté délicate et passionnée. Après la fin des huit saisons, c’est une salle comble qui a chaleureusement montré son appréciation avec plusieurs minutes d’applaudissements.
L’orchestre et Isabella reviennent une dernière fois à Montréal le 19 mai. Pour acheter des billets c’est ici.