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Les variations énigmatiques de l’Orchestre symphonique de Montréal

Romantisme et virtuosité : une soirée musicale qui captive l’auditoire

Crédit photo Marco Borggreve

Par Ariane Monzerolle

Mercredi soir, j’ai été conviée au concert de l’Orchestre symphonique de Montréal, Les Mystérieuses variations Enigma d’Elgar, dirigé par nul autre que John Storgård. Durant ce concert aux allures romantiques, on a pu entendre une pièce tirée du Songe d’une nuit d’été par Mendelssohn, le concerto pour violon en la mineur composé par Dvořák, pièce dans laquelle l’orchestre fut accompagné par Karen Gomyo. Ensuite, on a pu entendre la pièce The Walk to the Paradise Garden, tirée du drame lyrique A Village Romeo and Juliet composé par Frederick Delius. Puis, le concert s’est terminé par des extraits tirés de Variation Enigma par Edward Elgar, œuvre de laquelle s’est d’ailleurs inspiré Éric-Emmanuel Schmitt pour écrire la pièce Variations Énigmatiques. On se souvient que l’année dernière, l’Opéra de Montréal avait joué une version opéra que j’avais eu la chance de voir. Le programme de la soirée m’a tout de suite plu ; ces pièces aux sonorités romantiques et mystiques m’ont tout de suite interpellée, et je n’ai pas été déçue.

Le concert a donc débuté avec l’Ouverture du Songe d’une nuit d’été, de Mendelssohn. Cette pièce aux tonalités rapides, légères et aiguës nous emmène dans un univers lyrique, presque féerique. On sent tout de suite le ton un peu narquois de la pièce de théâtre écrite par William Shakespeare. On perçoit l’aisance de l’orchestre dans ce genre de pièce et on reconnaît bien son répertoire. Très joviale et rappelant un peu le printemps, c’était définitivement la bonne pièce pour ouvrir le concert. Puis, on a tout de suite enchaîné avec le concerto pour violon en la mineur de Dvořák, où l’on a eu la chance de voir la talentueuse Karen Gomyo interpréter ce magnifique concerto, qui en a laissé plus d’un.e bouche bée. C’était la deuxième fois que je voyais Karen Gomyo en prestation, et à chaque fois, je suis éblouie par sa grande capacité à s’exprimer avec son violon. Une fois de plus, elle a rendu un grand honneur à ce magnifique concerto. Elle s’est complètement laissée habiter par la pièce et nous a offert une prestation vivante et mémorable. Elle a même eu droit à un rappel. Dvořák a composé ce concerto en le déclinant en trois mouvements : un vif, un plus lent, et à nouveau un vif pour conclure. Cette succession de tonalités offre une pièce unique, nous plongeant dans un univers surréaliste qui nous garde au bord de notre siège tout le long. Toujours aussi romantique que la première pièce jouée par l’orchestre, cette pièce à plusieurs niveaux propose des tons plus feutrés et lents, lui conférant un effet presque langoureux. Une autre variation du romantisme.

Crédit photo : Iren Zandel

La deuxième partie du concert s’est ouverte avec la pièce The Walk to the Paradise Garden, tirée du drame lyrique A Village Romeo and Juliet composé par Frederick Delius. Une pièce tout aussi romantique que les premières, mais avec des sonorités plus graves et solennelles. On ressent un amour plus difficile et lent, avec une belle tendresse qui touche l’auditoire. Pour finalement nous mener au clou de la soirée : des extraits tirés de Variations Enigma par Edward Elgar. Chaque variation est inspirée par des personnes entourant le compositeur, pour un total de quinze. Chaque variation a son propre caractère et style, mais elles sont toutes liées par un thème, resté mystérieux puisque non révélé. Cette pièce est très intéressante par son processus, mais aussi à l’écoute. Parfois plus rapide, parfois plus lente, chaque variation est unique et nous transporte dans son univers. Durant le concert, l’orchestre a interprété la première, quatrième, septième, dixième et douzième. Chacune garde un caractère romantique et lyrique, mais j’avoue avoir une préférence pour la douzième. Ses grandes envolées musicales et l’utilisation des violoncelles créent une mélodie élégante et grave, définitivement ma favorite.

La soirée a été dirigée par John Storgård, chef principal de l’Orchestre philharmonique de la BBC. Son style lyrique et léger a su s’agencer parfaitement avec le registre de l’Orchestre symphonique de Montréal, qui, depuis quelques années déjà, nous offre un registre beaucoup plus romantique et lyrique. Un programme se déclinant en quatre compositions s’accordant à merveille et réussi une fois de plus à m’éblouir.

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