Lorsque la passion espagnole nous emporte
Par : Lucia Cassagnet
Vendredi soir, le Théâtre Rialto au centre-ville de Montréal s’est transporté dans le monde et dans le temps. La salle remplie de spectateurs s’est envolée vers l’Espagne, dans une époque où le flamenco était une danse improvisée dans les petits cafecitos.
Le flamenco est l’expression même de la passion et de l’émotion. Telle est la manière dont la compagnie Authentic Flamenco décrit cette danse qu’ils nous présentent, accompagnés par The Royal Opera of Madrid, la plus importante institution des arts du spectacle en Espagne.
La scène à laquelle on assiste rappelle un petit café, cinq musiciens assis autour d’une piste de danse, prêts à agencer leurs musiques aux mouvements des pieds des danseurs. La musique, performée en direct durant le spectacle, est remplie de paroles qui sont une ôde à l’amour, à la passion, à la femme.
L’harmonie des musiciens est palpable, ils entament leurs mélodies parfois en même temps, parfois en canon, donnant vie à une musique ancienne qui flottait partout dans le théâtre.
Les pièces de résistance
Bien que les musiciens aient été excellents tout le long de la performance, le spectacle, c’est vraiment les deux danseurs qui l’ont fait vivre.
Yolanda Osuna, la seule femme présente, entourée de musiciens hommes et de son partenaire de danse (aussi un homme) incarnait la séduction, la passion, la tentation, toutes ces étiquettes que portent les femmes dans l’art.
Ses doigts, par moments jouant de la castagnette, devenaient des extensions de ses bras. La longévité du corps humain dansant prenait une autre définition lorsque cette danseuse de rénommée internationale se laissait aller sur la scène. La scène, qui en fait était un grand carré en bois avec des micros placés afin de faire ressortir les sons produits par les souliers des danseurs et des musiciens.
Évidemment, qui dit flamenco et dit Espagne, pense aussi aux toreros, ces dompteurs qui prouvent leur masculinité en bravant les toros. Amador Rojas personnifiait cette tradition espagnole à travers ses costumes, ses mouvements et l’utilisation de ses accessoires. Il devenait par moments torero, amoureux, homme désespéré, danseur endiablé par la musique.
Le duo des deux professionnels était magnifique à regarder. Ensemble, et parfois chacun seul sur la scène, ils ont fait vivre cet art ibérique dans une salle de théâtre nord-américaine. Le public au complet était époustouflé dès la première pièce. Tous étaient captivés et suivaient de près les deux danseurs de la pointe de leurs pieds aux bouts de leurs doigts.
C’est un spectacle qui vaut la peine d’être vécu. La beauté de l’Espagne s’installe à Montréal le temps de quelques représentations qui nous offrent le meilleur ce que cette culture à a nous offrir.
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