Un anniversaire marquant
Par: Lucia Cassagnet
Le 21 septembre 1963, la scène culturelle de Montréal est a jamais changée. La Place des Arts ouvre officiellement ses portes. Ce complexe, le plus vaste complexe culturel et artistique au Canada, compte six salles, le tout dans un petit rayon d’une station de métro. C’était révolutionnaire pour la métropole culturelle du Québec.
En cette soirée en pleine Révolution Tranquille, Wilfrid Pelletier – un pianiste et chef d’orchestre d’ici – office conjointement avec Zubin Mehta l’ouverture de la Place des Arts par un concert de l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM). Quelle oeuvre, pensez-vous? la Symphonie de « Titan » de Maher.
60 ans plus tard, jour pour jour, le 21 septembre 2023, Rafael Payare, le neuvième chef de l’OSM, présente un concert en l’honneur de cet anniversaire en présentant, vous vous en doutez, la Symphonie de « Titan » de Maher.
Une boucle bouclée
La même oeuvre, la même salle et la même orchestre, mais une tradition bien établie et surtout, un public toujours aussi encourageant. Voilà comment s’est déroulé la soirée d’anniveraire qui a bouclé les 60 ans de l’expérience culturelle qu’est la Place des Arts, et bien sûr, la musique classique de Montréal.
Le programme de jeudi soir présentait Icarus de Lera Auerbach en premier. Une oeuvre qui a sonné la cloche de départ aux célébrations musicales avec force et entrain. Une oeuvre courte, de 12 minutes, qui réchauffe la salle mais se garde une des meilleures surprises de la soirée. Cette pièece sans piano a su captiver et impressionner dès le départ le public qui est venu assister à cet anniversaire en grand. En effet, seulement quelques sièges sont restés sans occupant en cette soirée.
Ensuite vient la première surprise de la soirée. Pour interpréter au piano le Concerto pour piano n. 3 en do majeur, op. 26 de Sergueï Prokofiev, la Maison Symphonique a reçu nul autre que le « génie russe » Alexander Malofeev. Ce jeune homme de 21 ans – qui a délivré une interprétation de la pièce sans feuille pour le guider – a gardé le public Montréalais hypnotisé et à ses pieds tout le long de son temps sur la scène.
Le piano mis en avant, cachant le chef d’orchestre, a permis à ce que toute l’admiration soit dirigée vers ce jeune musicien qui est l’incarnation même du mot prodige. L’avoir à la Place des Arts pour célébrer l’anniversaire de cet emblème de la musique classique n’était que trop parfait dans cette occasion.
Rafael Payare – un chef incarné
Après une courte entracte, c’était finalement au tour de toute l’Orchestre et de son chef de briller grâce à cette même pièce qui a ouvert la place en 1963. La Symphonie n. 1 en ré majeur, « Titan » de Gustav Maher a composé la deuxième partie de cette soirée. À travers les 4 mouvements de l’oeuvre, Rafael Payare et son armée de musiciens nous ont fait voyager, passant par des émotions allant de la joie au malheur.
L’intensité de la précision avec laquelle l’OSM suit les mouvements des 5 doigts de la main gauche du chef est impeccable. Aucun violon n’était hors tempo, aucun geste de trop qui aurait pu détirer l’attention de la musique qui virevoltait dans cette salle concue spécialement pour faire rayonner le son classique.
L’énergie et la passion du neuvième chef à diriger l’Orchestre Symphonique de Montréal étaient belles à voir en cette soirée où, réellement, tous les musiciens ont donné un 100% qui dépassait toutes les attentes.
Une autre interprétation de ce programme a lieu aujourd’hui, 23 septembre, à 14h30.
Ces articles pourraient vous intéresser:
Le Sacre du printemps par Rafael Payare