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Mad Hatter – Le Musical

Première mondiale de la comédie musicale Mad Hatter, un avant-goût savoureux

photo officielle – répétition

Par : Cyriel Truchi-Tardivel

16 avril 2023, Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts de Montréal, toute l’équipe du spectacle « Mad Hatter » est fébrile. Voici la toute première présentation publique de cette nouvelle création originale. Une œuvre destinée à être jouée sur les planches de l’iconique avenue Broadway et dans de très nombreuses salles de spectacle à travers le monde. Un projet ambitieux !

Pour cette première présentation, c’est une version concert publique dévoilant l’histoire, l’univers ainsi que les personnages qui est offerte au public. Une version scénique anglophone certes, mais accompagnée de 2 narrateur.rice.s, contant l’histoire au fur et à mesure de son déroulement, en anglais et en français.

Une très belle équipe travaille d’arrache-pied depuis des mois sur cette création. Pour accompagner les chanteur.se.s, l’Orchestre Symphonique de Longueuil, dirigé par le chef d’orchestre Alexandre Da Costa. Passionné, c’est avec rythme et intensité que le chef joue de la baguette allant jusqu’à la faire voler dans les airs. Micheal J. Polo (à la composition et orchestration), a su mettre, avec talent, les paroles de Victor Valdez en chanson. Vincent Connor qui incarne également le rôle-titre, celui du Chapelier Fou, complète ce trio de création. On ressent dans la collaboration étroite de ces artistes un grand amour pour cet univers si particulier et une maitrise des comédies musicales.

Des chanteur.se.s de haut niveau ont été dépêché.e.s à travers le monde (Miami, Londres, NYC, Montréal, …).

photo officielle – répétition

C’est devant une salle comble que les spectateur.rice.s trié.e.s sur le volet ont eu la chance d’assister à cette première mondiale.

Les protagonistes apparaissent tour à tour sur scène, vêtu.e.s de leurs plus beaux atours, pour chanter au micro devant pupitre, leur partie. L’orchestre symphonique de Longueuil est d’une grande prestance sur le plateau, et en fond de scène est installée le chœur. Quelques éléments de « costumes » nous donnent une première impression des personnages (des haut de forme, des fourrures et capes, …). L’accent étant principalement mis sur l’histoire narrée et le livret créé.

Le conte ici narré met en lumière le personnage du chapelier fou dans l’œuvre originale « Alice au Pays des Merveilles » de Lewis Carroll. Ici, il est nommé Franklin Magellan, un londonien du XXème siècle traumatisé par une enfance dure qui lui laissera de nombreuses cicatrices. Une interprétation intéressante qui explique la présence de ce personnage haut en couleur dans l’histoire originale. Dans un souci de respect de l’univers de l’auteur anglais Charles Lutwidge Dodgson (Lewis Caroll étant son nom de plume), on retrouve des personnages clés tel la Reine de Cœur, la chenille, Bailey the field mouse, et un beau clin d’œil au chat du Cheshire. De nombreuses libertés sont également prise afin de servir le déroulement de l’intrigue de cette nouvelle création.

photo officielle – répétition

Le style est typiquement relatif aux comédies musicales actuellement présentées à Broadway. Les chansons exigent une maitrise impressionnante des artistes de leur voix, car elles sont très exigeantes. Beaucoup de belt et de passages en voix de tête. Les notes sont poussées et il faut du souffle pour les tenir. Le jeu et l’interprétation des chanteur.se.s sur scène apparait subtilement. Pour agrémenter le visuel de ce concert, un couple de danseur.se se joint à l’équipe pour effectuer quelques pas sur des morceaux choisis. Elisabeth Whitney & Michael McKeever forme un duo de salsa enivrant.

On note d’ores et déjà des personnages emblématiques à venir. Les trois sœurs du Cheshire sont une équipe alliant force, charme, et glamour. Mais les 2 chanteuses époustouflantes de ce casting, tant par leur présence scénique que par leur performance vocale, sont Brittney Johnson et Alice Fearn. Brittney incarne la Reine de Cœur à la perfection et offre une nouvelle vision de ce personnage souvent perçue comme grotesque. Elle est puissante, féminine, déterminée et majestueuse. Quant à Alice, elle incarne l’épouse délaissée et incomprise du chapelier fou. On retrouve dans sa prestance, le flegme britannique et une très grande class. Elle irradie littéralement sur scène, et sa performance vocale de soprano cloue les spectateur.rice.s à leur siège.

photo officielle – répétition

Il est dommage que l’histoire n’aille pas plus dans le sens de cette folie narrative propre à l’univers de Lewis Caroll. En effet, hormis le twist de fin, cette création est très formatée comédie musicale contemporaine que l’on trouve à Broadway. Certes certains sujets traités sont intéressants (tels l’égoïsme, la masculinité toxique, …), mais ajouter une histoire d’amour dans un univers où il n’en n’a jamais été question (que ce soit dans l’œuvre « Alice au Pays des Merveilles » ou « De l’autre côté du miroir ») semble être un choix de facilité pour plaire au public. L’univers de Lewis Caroll plait à toutes les génération car il est étrange, différent des contes conventionnels et que chacun.e peut y apporter son interprétation (pays imaginaire, rêve, délire psychotrope,…).

« Mad Hatter » sera assurément un immense succès, et ce pendant de longues années. Le travail déjà effectué sur cette création est colossal, et est toujours en développement. Le casting est parfaitement choisi. Le public présent à la présentation, et tou.te.s les amateur.rice.s du l’univers d’Alice, sont impatient.e.s de découvrir l’œuvre avec décors, chorégraphies et costumes.

 

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