Une vérité poignante. Des voix puissantes
Par : Mylène Groleau
La présentation de Monstres [mɔ̃stʀ] au Théâtre Denise-Pelletier à la salle Fred-Barry est issue de la compagnie de théâtre montréalaise Les Créations Unuknu (Agamemnon in the ring). Elle est fière de présenter sa nouvelle création, écrite et mise en scène par Marie-Ève Bélanger et Marie-Andrée Lemieux.
Cette pièce immersive se veut autant engagée que poétique. Elle vous transporte dans l’univers de la protection de la jeunesse avec ses noirceurs et ses lumières. Parce que oui, il y a aussi du sublime qui en résulte. Le Collectif Ex-placé DPJ nous l’a grandement démontré !
Portée par sept interprètes (Yann Aspirot, Greg Beaudin, Caroline Bélanger, Marie-Ève Bélanger, Nicolas Centeno, Laura Côté-Bilodeau et Tracy Marcelin) cette œuvre donne une voix à une réalité trop souvent passée sous silence : celle de jeunes adultes ayant grandi sous la protection de la DPJ. Ces voix sont celles du Collectif Ex-placé DPJ* : Kevin, Geneviève, Emma, Jessica, Jayden, Esteban, Yami, Janis et Annie.
Une collaboration qui se sera échelonnée sur 5 années pour nous offrir cette œuvre qui nous subjugue longuement. Traiter d’un sujet aussi lourd, délicat avec respect, Marie-Ève et Marie-Andrée ont relevé le défi !
*Le Collectif Ex-placé DPJ est un groupe formé de jeunes et d’adultes ayant reçu des services de la protection de la jeunesse ainsi que de leurs alliés. Sa mission est de mettre en lumière et de rendre publics les enjeux criants rencontrés par les enfants de la DPJ et les jeunes issus des Centres jeunesse du Québec.
Mise en contexte
Ce projet théâtral, fruit d’une collaboration entre artistes et le Collectif Ex-Placé DPJ, mêle art et engagement social pour donner voix aux histoires d’anciens jeunes placés par la protection de la jeunesse. Tout le cheminement élaboré se basait sur un grand respect mutuel et la confiance inébranlable de part et d’autre.
Du partages d’idées au plus délicates confessions, Monstres nous apparait comme une vérité puissante qui nous fait passer, littéralement, par une gamme d’émotions. Les voix résonnent longuement en nous. La force des mots, des confidences et des images nous percutent tout en nous laissant voir l’espoir que la lumière fini toujours par briller. Même au travers des petites failles.
Il est à noter que ce processus de création unique leur a valu le Prix RIDEAU 2024 de la meilleure médiation culturelle (Maison de la culture Claude-Léveillée)
C’est l’histoire d’Iris qui a été prise en charge par la DPJ dès son enfance. Devenue mère à son tour, elle s’efforce de se reconstruire et partage son vécu à travers son premier roman.
Moineau se déplace d’une famille d’accueil à l’autre, passe par les centres jeunesse et subit la violence de la rue. Les employés de l’institution, quant à eux, n’ont pas le temps de se questionner sur l’absurdité de certains choix, croulent sous l’accumulation des dossiers et tentent, tant bien que mal, d’aider les enfants… trop d’enfants, malheureusement.
En s’appuyant sur les récits poignants de jeunes adultes récemment sortis du système, Monstres explore, par le prisme de la fiction, la complexité et les entrelacements des parcours en protection de la jeunesse.
Un peu d’humour pour adoucir la dureté du sujet
Avec la combinaison des textes de Marie-Ève Bélanger et de la mise en scène de Marie-Andrée Lemieux, ensemble, elles ont su mettre en place une structure ralliant la dureté du vrai et l’humour de l’absurde. Autant par les dialogues, les non-dits, les personnages et les décors. Rien n’est laissé au hasard.
Les fonctionnaires bureaucrates ont apporté la légèreté et l’humour entre des moments empreints de dureté que vivait le personnage principal de la pièce. Un paradoxe face au regard de sévérité que nous dicte les lois qui desservent la DPJ.
Pas d’artifices dans les décors. Tout est pensé à laisser l’entièreté de la place aux voix, aux visuels et aux émotions qui nous transpercent. Des éléments placé, ça et là, sous un éclairage accentuant ce que l’on sait sans véritablement le nommer car la vérité est trop difficile à entendre, nous laisse accepter l’inacceptable.
Une pièce immersive avec des rebondissements auxquels on ne s’y en attend pas. L’espace scénique est utilisé plus qu’à son simple usage. On déborde des cadres pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Ça vaut plus que tout les détours
«Monstres, c’est un saut au cœur d’une fiction où le réel et le cauchemar se mélangent. La pièce évoque les traumatismes, la souffrance et les injustices vécus par trop d’enfants tout en insufflant espoir et poésie—et même, parfois, de l’humour, pour donner au public un espace pour respirer et recevoir certaines atrocités qui doivent être dites.»–Marie-Andrée Lemieux
Monstres [mɔ̃stʀ], c’est un bijou que vous devez absolument allé voir. Il vous transportera dans des profondeurs où la noirceur et la lumière se côtoient.
Là où l’amour, la famille, l’abandon, la violence, la fuite, l’isolement, la peur et l’espoir peuvent se sublimer si tous ensemble, collectivement, nous offrons le pouvoir, à ces enfants, de se construire plutôt que de se sentir continuellement abandonnés, croulant sous des protocoles de déceptions.
Rencontre avec les artistes à assister absolument :
- Une courte rencontre avec l’équipe de création aura lieu après chaque représentation.
- Une rencontre plus longue aura lieu le mercredi 29 janvier après la représentation de 19h30.
Sujets sensibles.
Pour public de 14 ans et plus.
Monstres [mɔ̃stʀ] est présenté du 21 janvier au 8 février prochain au Théâtre Denise-Pelletier.