Rivaliser avec les blockbusters américains
Par : Marie-Claude Lessard
En 2007, dans la foulée du succès phénoménal de la comédie policière Bon Cop Bad Cop, Alain Desrochers a réalisé Nitro, une pâle copie de Fast and Furious mettant en vedette Guillaume Lemay-Thivierge, qui a toutefois fait mouche au box-office. 9 ans plus tard, les artisans derrière le film espèrent renouveler une expérience monétairement concluante avec la suite, Nitro Rush, à l’affiche depuis le 31 août 2016. Si le long métrage de 96 minutes propose un scénario superficiel truffé d’incohérence, en revanche, la qualité des cascades prouve que le Québec possède toute l’expertise nécessaire pour rivaliser auprès des productions hollywoodiennes qui carburent à l’adrénaline.
Délaissant les poursuites en voiture pour privilégier des scènes d’action axées sur la force physique des interprètes, Nitro Rush débute 6 ans après la fin du premier film. Max, incarné par Guillaume Lemay-Thivierge, purge une peine pour avoir tué un agent de police. Or, lorsqu’il apprend par une mystérieuse femme en noir (Micheline Lanctôt) que son fils de 17 ans, Théo (Antoine Desrochers), côtoie une organisation criminelle menée par la manipulatrice Daphné (Madeleine Péloquin), il s’évade de prison. Puisque le garçon n’est pas particulièrement heureux de revoir papa, ce dernier cesse de le dissuader de quitter la dangereuse gang et se joint à cette dernière afin de le protéger de plus près. C’est ainsi que Max, en compagnie de Théo, son ami pirate de l’informatique (Antoine Olivier Pilon) et Daphné, planifient de voler la recette aux chimistes qui concoctent la Nitro Rush, une puissante drogue mortelle qui procurent à ses usagers une fausse sensation d’invincibilité.
Ayant comme unique but de divertir sans arrière pensée philosophique, Nitro Rush va à fond dans tout, en assumant pleinement et en s’amusant avec les dérapages narratifs que cela implique. Les répliques ridicules, l’humour décalé, les personnages stéréotypés, les scènes dramatiques suscitant des gloussements, les revirements grotesques et les manœuvres irréalistes renvoient involontairement à une parodie de genre. Bien que l’histoire manque de profondeur, la réalisation haletante et dynamique d’Alain Desrochers sauve la mise. Les cascades (et le fameux plan séquence), exécutées par des comédiens farouchement en forme, captivent et impressionnent. Inutile de dire que le progrès technologique sert merveilleusement aux effets spéciaux, qui surpassent en qualité ceux contenus dans l’opus original.
Donc, dans l’éventualité que le public se rue dans les salles obscures, ce sera en raison de l’action dépeinte dans le film et non pour suivre les destins des personnages. Les motivations unidimensionnelles de ceux-ci n’enclenchent aucun attachement. La relation entre Max et Théo ne provoque pas d’émotions chez les spectateurs, qui préfèrent voir le père et le fiston sauter d’arbre en arbre que de se donner une longue étreinte. C’est le manque de polissage de la psychologie des protagonistes qui est à blâmer, pas les acteurs, qui livrent ici des prestations fort admirable dans les circonstances. Antoine Desrochers s’avère convaincant dans le rôle d’un adolescent frondeur en quête d’identité et d’affection. Il est également rafraîchissant qu’une partition féminine forte et indépendante prenne autant de place. Madeleine Péloquin, à la fois raffinée et déterminée, ne manque pas d’attitude et s’éloigne des clichés de la jolie femme en détresse.
Bref, on accueillera à bras ouverts un troisième titre à la franchise Nitro si ce dernier regroupe des scènes d’action aussi trépidantes et un synopsis qui, tout en conservant un caractère léger, évite des conventions abrutissantes.
Note : 2.5/5
Texte révisé par : Matthy Laroche