Jonathan Personne, une musique aux couleurs éclatées
© Dominic Berthiaume
MatTv vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous présenter des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Aujourd’hui, c’est Jonathan Personne que je vous présente.
Jonathan Personne est un auteur-compositeur-interprète également le guitariste, parolier, chanteur, réalisateur et fondateur du groupe Corridor. Il s’est lancé dans l’aventure de la musique solo à l’automne 2018 en lançant son premier single Comme personne en novembre 2018. Sur son Bandcamp, la musique qu’il offre est décrite ainsi : « un coffret de chansons aux riffs tristes et nostalgiques qui nous parlent d’amour et de fin du monde.» La musique de son projet solo peut sembler pour certains plus accessible et moins expérimentale que ce qu’il fait avec Corridor, tout en ayant gardé ce côté un peu rétro et psychédélique qu’on lui connaît.
© Dominic Berthiaume
Son premier album, Histoire naturelle, sorti le 1er février 2019, a pour thème la vie et l’amour dans une époque préapocalyptique. Cette ambiance teinte fortement sa musique et ses textes. Le 28 août, il sortira son nouvel album, Disparitions, qui est son album le plus abouti avec ses riffs répétés et ses accumulations orchestrales. Son inspiration derrière cet album est « l’écoeurement » qu’il a ressenti après avoir vécu beaucoup de temps en tournée et donc loin des siens. Cette solitude liée à son statut de musicien se reflète dans ses textes qui abordent l’absence, la solitude portée par l’espoir des retrouvailles à venir. Dans ce prochain album, on pourra y découvrir une ambiance de rock western spaghetti, mélangé avec un peu de rock classique et du indie pop.
Fait à noter, Corrider ET Jonathan Personne seront au Festival de musique émergente (FME) les 3 et 4 septembre 2020. J’ai donc passé un coup de fil à Jonathan Personne vendredi dernier pour parler de Corridor, d’arts visuels, du FME et de son album à venir. C’est par ici!
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
Jonathan : Ça remonte quand même assez jeune. J’ai commencé le piano puis évidemment j’ai changé pour la guitare autour de 12 ans. Au secondaire, j’ai commencé à avoir des groupes de punk généralement puis depuis ce temps-là j’ai toujours eu des bands jusqu’à il y a à peu près 7-8 ans j’ai commencé à composer pour moi.
Myriam : Pourquoi avoir choisi le nom d’artiste de Jonathan Personne pour ton projet solo?
Jonathan : (rires) Pour plein de raisons et aucune en même temps, je sais pas! J’aime ça pas trop m’attarder sur le sens des choses, autant dans mes paroles des fois que juste les titres en tant que tels, j’aime ça quand c’est juste instinctif, que c’est l’idée du moment. Personne ça reflète quand même pas mal de truc, il y a aussi dans le western, « mon nom est Personne », j’essaie un peu de bâtir un univers à travers ce projet musical-là, c’était quand même imagé, cet espèce d’élément western à travers tout ça.
Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire le plus pour créer une chanson?
Jonathan : Souvent l’émotion d’un moment, un feeling qui est difficilement descriptible quand on va lire mes paroles, je pense qu’au premier niveau ça reste quand même assez flou, si on peut creuser plus loin et découvrir des couches différentes et se les approprier c’est selon. Mais qu’est-ce qui m’inspire des fois c’est tout le temps la musique qui vient d’abord et qui dicte un peu la thématique de la chanson après ça. Je me laisse souvent guider par qu’est-ce que la musique m’inspire en mots. J’ai comme la capacité, quand j’entends des trucs, de les visualiser. J’associe souvent des albums ou des chansons à des couleurs ou à certains paysages ou certains trucs comme ça. Des fois ça va juste m’inspirer « ah, cette chanson-là, on dirait que je vois juste un univers en tant que tel » donc j’essaie de le dépeindre ou « cette chanson-là m’inspire plus un certain moment de ma vie. »
Myriam : Tu es également artiste visuel, dirais-tu que ce pan t’inspire pour créer des chansons ou est-ce que c’est davantage la musique qui t’inspire pour créer?
Jonathan : En fait, je fais beaucoup de vidéoclips et d’illustrations de pochettes d’album. Ce que je fais est souvent adapté à la musique. Comme je disais, j’aime ça créer un univers autour de la musique en tant que telle. Je trouve que c’est très très fort quand ça permet d’être imagé. Je pense que le visuel est souvent au service de la musique.
Myriam : Tu es le guitariste, parolier, chanteur, fondateur et réalisateur de Corridor. Qu’est-ce qui t’a amené à te lancer dans l’aventure musicale en solo?
Jonathan : En fait, j’avais beaucoup (rires). C’est comme deux trips différents, composer en solo et composer en groupe. Je pense que j’accumulais beaucoup d’idées. En groupe, il faut quand même respecter le rythme de composition et de disponibilité de chacun. Tandis qu’avec Jonathan Personne je peux vraiment me permettre d’avancer rapidement. C’est pas mal ça. C’est prendre tout sur soi du côté idée, créativité, versus le groupe c’est vraiment un échange, tout le monde y apporte du sien. Je pense que le fait d’avoir parti ce projet-là, j’avais des fois certaines frustrations par rapport au groupe, par rapport à mes idées, je pense que ce projet solo-là ça m’a quand même mis en paix avec l’effort de composition de groupe, j’apprécie les deux maintenant.
Myriam : On vient de parler de Corridor, tu vas justement jouer au FME avec Corridor ET avec ton projet solo le lendemain.
Jonathan : Tant qu’à être là!
Myriam : Exactement! J’imagine que ça doit être une expérience assez différente, quelle est la différence majeure pour toi de jouer avec ton groupe et de jouer avec ton projet solo?
Jonathan : La différence majeure, je suis dans le milieu de la scène (rires) ça arrive jamais avec Corridor. J’aime généralement pas trop m’étendre entre les chansons, pas trop parler, juste essayer d’enchaîner musicalement, laisser la musique parler par elle-même. On se permet un peu plus de déconner entre les tounes avec Corridor (rires) c’est seulement parce que moi et Dominic [Berthiaume], le bassiste, on aime ça se relancer des fois.
Myriam : Tu as lancé un album en février 2019, tu en sortiras un nouveau le 28 août 2020, en plus d’être dans le groupe Corridor. Comment fais-tu pour être aussi prolifique?
Jonathan : C’est une des raisons pour lesquelles j’ai commencé le projet, c’est justement parce que j’avais beaucoup d’idées. Je m’en plaindrai pas trop parce que certaines personnes ont le syndrome de la page blanche et moi ça ne m’est pas arrivé encore, ça va peut-être m’arriver à un moment donné. J’ai aussi compris que dans ma vie la musique j’en ai toujours fait, mais un gros effort de créativité c’est quand même assez récent, avant j’étais plus investi au niveau des arts visuels, l’illustration. Justement d’avoir fait le switch, de faire des expos à faire plus de shows, c’est ressourçant, ça donne… je sais pas, ça donne plus d’idées. Peut-être qu’un jour j’aurai fait le tour et je devrai me retourner vers la peinture pour avoir une autre vague de créativité. En autant que ça serve un médium ou l’autre, que ça serve la créativité.
Myriam : À quoi peut-on s’attendre avec Disparitions, ton nouvel album à paraître le 28 août?
Jonathan : On peut s’attendre à quand même, comme je le disais tantôt, à un album quand même assez imagé, j’ai essayé de construire quelque chose qui est assez narratif, qui s’écoute du début à la fin, que les chansons sont interreliées, que ça transporte la personne qui l’écoute à quelque part, j’ose espérer, qui est un peu différent de la réalité qu’on connaît. J’essaie de dépeindre un peu un univers, un peu d’éléments romantiques à travers un décor qui peut sonner comme la fin du monde.
1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
En théorie, si mon lecteur plante, je ne devrais pas être capable d’en écouter aucune, non?
The Walker Brothers – Be Easy on Yourself
Carpenters – Superstar
4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage ?
Exploded Views
5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Stereolab – Dots and Loops
6. La chanson qui te rend le plus heureux ?
Prince – I wanna be your lover
7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup ?
Yo la Tengo
8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
John Cale – Paris 1919
9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?