Du rock pour défoncer ses haut-parleurs
© Les Haut-Parleurs, photo de courtoisie
Par : Myriam Bercier
MatTv.ca vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous faire découvrir des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, on lève le son pour le groupe Les Haut-Parleurs.
Les Haut-Parleurs est un nouveau projet mené par Pascal Dufour (Les Respectables) et Martin Perreault (Motel 72). Autour d’eux gravitent les musiciens François Therrien (claviers), Pierre Harry Ezisias (basse) et Jean-François Forget (batterie), le tout sur des textes du co-fondateur du groupe, Robert Rivest.
© Les Haut-Parleurs, photo de courtoisie
Le groupe, qui voit le jour en 2017, s’est fait connaître peu à peu en offrant des spectacles au Saint-Sau Pub Gourmand avec des personnalités connues de l’industrie musicale comme Steve Veilleux (Kaïn) ainsi que Marc Déry, pour ne nommer que ceux-ci. Ils ont lancé leur premier album homonyme le 7 mai dernier, dans lequel on retrouve des sonorités pop-rock et folk.
J’ai eu la chance de m’entretenir avec Pascal Dufour, co-fondateur du groupe, au téléphone la semaine passée. Nous avons parlé entre autres de la création du groupe, de Robert Rivest, de faire de la musique après avoir fait partie du groupe mythique Les Respectables, de créer en pandémie et de la qualité sonore des enregistrements de nos jours. Sans plus attendre, voici le fruit de notre discussion!
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique ?
Pascal : (rires) J’ai commencé à faire de la musique parce que le frère de mon père était luthier. Il fabriquait des violons et des guitares, entre autres. À ma fête de trois ans, il m’a donné un mini violon. Mes parents se sont sentis obligés de me faire prendre des cours de violon. Donc, j’ai fait du violon jusqu’à l’âge de dix ans. À dix ans, j’ai bifurqué vers la guitare. Je ne me souviens pas de ne pas avoir fait de musique.
Myriam : Comment le groupe est-il né?
Pascal : C’est Martin Perreault qui cherchait un réalisateur pour des chansons qu’il avait. Il m’a approché. On a commencé à travailler ensemble, puis, de fil en aiguille, il m’a demandé de chanter avec lui, de faire des back vocals ici, de faire de la guitare là, puis finalement de composer et d’arranger un peu. Plus ça allait, plus on travaillait en collaboration. Finalement, je suis embarqué dans le groupe.
Myriam : Ce n’était pas pour Motel 72, c’était pour les Haut-Parleurs?
Pascal : Oui, exactement. J’étais en train de réaliser l’album de Motel 72, et Martin m’a dit qu’il avait des chansons qu’il aimerait faire en solo. Finalement, c’est devenu un groupe.
Myriam : Robert Rivest semble jouer un rôle important dans le groupe, comment l’avez-vous rencontré et intégré au groupe?
Pascal : J’étais à Val-David dans un restaurant. J’allais payer et il y avait une file, donc j’avais du temps. Je lisais ce qui avait dans les cadres sur les murs. J’ai lu un texte en prose. C’était un très beau texte qui m’a touché. Je me suis demandé qui écrivait aussi bien que ça. C’était Robert Rivest, que je connaissais parce qu’il venait voir mes spectacles que je faisais en solo depuis quelques temps. Je ne savais pas que c’était un parolier. Je l’ai appelé, on s’est rencontrés. On a commencé à travailler sur des chansons. Quand Martin est arrivé, je lui ai proposé de regarder ses textes avec Robert et finalement on s’est mis à travailler les chansons à trois.
Myriam : Avez-vous un processus de création? Si oui, lequel?
Pascal : Oui. Habituellement, ça part de Robert. C’est lui qui a des idées de textes. On regarde les textes et on regarde comment on peut les chanter, comment on peut le changer en chanson. Souvent, ses textes ne sont pas construits en formule chanson. On essaie de les arranger en formule chanson. Puis on ajoute notre touche, car, veut veut pas, quand tu chantes, tu as envie de chanter tes mots aussi. L’écriture est une collaboration des trois.
Myriam : Vous faisiez des spectacles-événements avant que la COVID frappe dans lesquels vous invitiez plusieurs artistes de renom sur scène avec vous, souhaitez-vous refaire cette formule?
Pascal : Oui. On ne sait pas où on va le faire. Ici, j’ai un studio, c’est une ancienne grange (rires), une étable si on veut. Ça a tout été retapé. C’est assez grand, on pourrait accueillir des artistes ici. Peut-être que ça pourrait être bien amusant de faire ça ici. On pourrait enregistrer avec une bonne qualité sonore aussi. Beaucoup de projets pourraient découler de ça. Pour l’instant, c’est le plan qu’on a pour septembre. On aimerait faire des spectacles aussi. On est en train de regarder tout ça. On a différents trucs à regarder.
Myriam : Vous avez sorti un album en mai dernier, comment s’est passé la création de cet album?
Pascal : Ça a été sur une longue période parce qu’il y a eu un truc assez spécial qui s’appelle la COVID (rires). On avait commencé, c’était supposé être un mini-album au départ. Quand la COVID est arrivé, on en a profité du fait d’être chacun chez nous pour écrire des chansons. On a commencé à s’envoyer des pistes audio d’un studio à l’autre, car on a tous des studios chez nous. On avait une assez bonne qualité pour réussir à faire un album avec ça. On travaillait à distance. C’est un peu plus long et moins personnel, mais disons qu’on n’a pas arrêté de travailler car on aime vraiment ça, faire de la musique. C’est pour ça qu’on n’a pas arrêté, même pendant cette période.
Myriam : Est-ce que c’est plus facile ou difficile, selon toi, de lancer un nouveau projet et de faire sa place sur la scène musicale québécoise quand on est issu d’un groupe assez connu comme Les Respectables?
Pascal : C’est une très bonne question. Dans certains cas, ça peut aider, dans certains cas, ça peut nuire aussi, tout dépendant du type de projet que tu fais. Ça peut aider, par exemple, pour les radios. Le côté radiophonique, à l’époque des Respectables j’ai écrit beaucoup de chansons qui se sont rendus dans le top 5. Pour ça, c’est sûr que ça aide. D’un autre côté, les gens qui n’aimaient pas ça, ils ne seront pas porté à aller voir ce que je fais présentement. Donc ça n’aide pas de ce côté-là. Mais c’est la vie! (rires).
Myriam : As-tu l’impression des fois que les gens s’attendent à une version 2.0 des Respectables?
Pascal : Je me fais dire souvent qu’on entend à travers les chansons des influences des Respectables. Les influences, c’est un peu drôle, parce que ça vient en partie de moi. Ça veut donc dire qu’il y a un son qui se perpétue à travers tout ça. Je trouve que c’est intéressant et ce n’est pas juste un 2.0 justement, donc c’est ce qui est le fun. Je ne me le fais jamais dire ça. Peut-être que les gens ne me le disent juste pas (rires).
Myriam : Qu’est-ce qui t’a poussé à retourner dans une formule de groupe?
Pascal : Ça, c’est vraiment une bonne question, car la dernière chose que je pensais faire c’était retourner dans un groupe. Je l’ai fait pour 17 ans. C’était très long. C’est une belle époque, mais on passe à autre chose à un moment donné. En fait, les gars avec qui je travaille m’ont donné envie de travailler avec eux. Simple comme ça. On s’entendait super bien. Ce sont des gens vraiment de cœurs. Ce n’était pas juste la musique, disons, il y a une amitié entre les gars, que ce soit François Therrien, Pierre Harry ou Jean-François Forget. Ce sont tous des gars avec qui, quand on va souper avant le spectacle, on est content de se voir, on rigole. Ce sont des amis.
Myriam : Quels sont vos projets à venir?
Pascal : De refaire les spectacles avec des invités, ça nous tente beaucoup parce que ça avait été très plaisant tout ça. Continuer aussi à écrire des chansons. Continuer à faire de la musique ensemble. On a d’autres projets aussi à côté des Haut-Parleurs. C’est de faire le plus de musique et de spectacles possibles finalement nos projets. On travaille là-dedans tous les jours. On se compte privilégié de pouvoir en vivre.
Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Pascal : Il y en a plusieurs. Mais j’irais avec : apprécies-tu le changement dans l’industrie de la musique?
Oui, j’aime bien comment la musique a évolué, le fait qu’on découvre beaucoup de musique, qu’on écoute beaucoup de musique. Que ce soit de découvrir de la musique des années 1950 ou celle d’aujourd’hui. C’est sûr que je trouve qu’il y a des gens qui profite des créateurs en musique, par exemple Spotify dont le propriétaire fait des milliards par année; il pourrait en redistribuer un peu. J’aime bien le fait que c’est plus facile; la musique est plus accessible qu’elle l’était.
D’un autre côté, la qualité sonore de la musique a baissé. Ça, j’aime moins ça. Je considère qu’il y a de bons côtés et de moins bons côtés, comme dans la vie.
Myriam : C’est intéressant ça, la qualité sonore des pièces qui baissent. Est-ce parce que maintenant c’est écouté par streaming et non plus sur des supports physiques?
Pascal : Il y a tout ça. Le format MP3 est très compressé. On le sait facilement quand tu as une bonne platine et que tu écoutes un vinyle, tu vois la richesse et la profondeur. Ça s’en vient de mieux en mieux. Je lisais le livre sur Neil Young récemment, et il est en train de partir quelque chose avec une meilleure qualité sonore. Je ne sais pas le projet est rendu où. C’est un des points qu’il n’aimait pas des nouveaux formats. C’est sûr que ça va redevenir, que ça va s’améliorer. Mais pour l’instant, des fois, c’est assez triste parce que le son, ça donne une émotion. Si le son sonne moins bien, tu as moins de feelings. C’est un peu plate pour certaines affaires. On travaille par exemple avec un groupe qui s’appelle Les Ringos, un hommage aux Beatles avec Marc Déry, Éric Goulet et Marc Chartrain et des fois, je travaille sur les versions MP3 et c’est tout petit et il n’y a pas de profondeur, ce n’est pas large. Après, je vais faire autre chose, je vais écouter un vinyle par exemple. Tu vois tout de suite la profondeur, et c’est dans le même système de son donc c’est une question de format.
1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Let it be, Beatles parce que t’as pas d’autres choix que de laisser aller ;)
2. Ta chanson de rupture préférée?
Always On My Mind, Willie Nelson
3. Ta chanson d’amour préférée?
Maybe I’m amazed, Paul McCartney
4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage?
Michael Kiwanuka
et au Québec James Correa
https://music.apple.com/ca/artist/james-correa/39371305
5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Pas celui des Haut-Parleurs, je l’ai déjà trop écouté. C’est ça qui arrive quand tu mix un album …
The best of Al Green
6. La chanson qui te rend le plus heureux.se?
Lucille, Little Richard
7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup?
Ces temps-ci The Sheepdogs
8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Leave the door open, Bruno Mars, Anderson .Paak, Silk Sonic
9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Quand les hommes vivront d’amour, Raymond Lévesque ou Imagine, John Lennon
10. Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
L’album des Haut-Parleurs ;)