Wild Ouest, toute l’énergie d’un party concentrée musicalement
© Wild Ouest, photo tirée de leur page Facebook
Par : Myriam Bercier
MatTv vous offre encore et toujours la chronique On vous présente, qui a pour objectif de vous présenter des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, on fête ma trentième chronique avec le groupe Wild Ouest!
Wild Ouest est un groupe de country formé de Phil G Smith et John Anthony Gagnon-Robinette. Ils font du country festif. Ce groupe a pu voir le jour grâce à la pandémie et au confinement. En effet, Phil G Smith est un auteur-compositeur-interprète qu’on a pu découvrir avec son album paru en 2019 On fait du country réalisé par John Anthony Gagnon-Robinette, qui est également guitariste pour Kaïn depuis trois ans. En outre, l’auteur-compositeur-interprète Phil G Smith a cumulé quatre nominations pour son album, trois au Gala Country de 2020 et une au Gala de l’ADISQ. Le nom de John Anthony Gagnon-Robinette se trouve derrière les projets notamment de Brittany Kennell, Léa Jarry et Jordan Lévesque.
© Wild Ouest, photo tirée de leur page Facebook
Leur premier EP, La loi des plus forts, a paru le 16 octobre. Il a été fait entièrement par le duo, des paroles au matriçage. Il offre quatre chansons festives qui donnent envie de célébrer, comme leur chanson Mille raisons de boire. Cette dernière offre mille raisons de boire et ainsi de fêter. C’est un hymne à la fête, au partage entre ami.e.s et famille et à la légèreté de vivre. On retrouve dans ce microalbum une sonorité similaire au country américain, mais en français.
Je me suis entretenue avec les deux musiciens le 15 octobre dernier afin de parler de leur rencontre dans un bar rimouskois à la porte rouge, de l’impact de la COVID-19 dans leur projet et de spectacle. Voici le résultat de cette entrevue avec Phil G Smith et John Anthony Gagnon-Robinette, ces deux artistes chaleureux et agréables à parler.
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
John Anthony : Je suis enfant unique, je n’ai pas de frère ni de sœur et ma mère m’a dit « avec la musique, tu auras toujours un ami avec toi » et elle a eu raison! J’en fais un métier aujourd’hui.
Phil : Vas-tu dire ça à ta fille?
John : Je vais dire ça à ma fille, mais elle fera bien ce qu’elle voudra!
Phil : C’est beau, on dirait que je n’ai rien à rajouter là-dessus (rires), c’est tellement beau. Moi j’avais deux sœurs, je faisais de la musique pour qu’elles arrêtent de me gosser, c’est le contraire de toi! (rires) Non pour vrai, quand j’étais jeune, vers 5 ou 6 ans, je suis tombé sur la cassette audio de Notre-Dame-de-Paris, la comédie musicale, j’ai capoté sur la voix de Bruno Pelletier et à partir de ce moment-là, ça a été exponentiel, j’ai commencé à aller voir plein de spectacles, dont Bruno Pelletier parce que je tripais dessus. Ensuite je suis tombé sur les auteurs-compositeurs-interprètes, je ne sais pas ce qui s’est passé dans ce voyage entre Gatineau et Québec, mais j’ai commencé à écouter les cassettes audio de mes parents. Je mettais des écouteurs et je chantais tout le temps. Je suis moins musicien que John, mais … je chante.
John : Mais il n’est pas moins musical!
Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire le plus pour créer une chanson?
Phil : Dans Wild Ouest, on est pas mal sur la même longueur d’onde, John et moi, surtout qu’on les a écrites ensemble. Ça s’est composé pendant le confinement. On était supposés être tous les deux pratiquement chaque soir sur des scènes des grands festivals du Québec. On dirait que c’est ce qui nous a inspirés pour nos chansons. Même si on était dans le studio confinés, on voulait faire quelque chose de festif comme si on était sur scène. C’est pour ça que nos chansons parlent de party, de route, de trip de chum! C’est vraiment ça nos inspirations pour l’album de Wild Ouest.
Myriam : J’ai cru comprendre que ce projet a été fait de A à Z uniquement par vous deux, des paroles au mix. Comment s’est passée l’expérience?
John Anthony : Jusqu’au mastering! On a tout fait, tout joué!
Phil : J’aime ça que tu m’inclus dans le « on a tout joué! » (rires).
John Anthony : Ça a été super bien curieusement. Phil et moi avons le même bagage musical, on a écouté les mêmes affaires, beaucoup de country américain, de grandes plumes québécoises et françaises, mais plutôt québécoises. Je te dirais qu’on était inspiré par les grands du country américain, c’est ce qui a fait qu’on a fait ce projet-là, mais on est sur la même lancée, on a le même cerveau, mais pas à la même place.
Phil : Ça se complète bien.
John : Ça se complète vraiment et en studio, ce qui est le fun, c’est qu’on était installés et on se donnait des idées de back-vocals, on a tout fait ça ensemble, ça a été super inspirant. Je pense que le fait qu’on soit ouvert face aux nouvelles idées de chacun… Phil me disait par exemple « hey, il me semble que j’entendrais tel punch là », on l’essayait et ça fonctionnait et si ça ne fonctionnait pas, c’est pas grave!
Phil : Ça a toujours été de même, même dans mon projet, parce que c’est John qui a produit mon album On fait du country. C’est moi qui arrivais avec les textes, peut-être pas finis à 100% mais très avancés. Dans les chansons on essayait des trucs, mais c’était mon projet. Des fois, il me proposait des trucs, mais ce n’était pas comme ça que je le voyais, au final j’avais, sans le vouloir, le dernier mot. Je trouve que l’album de Wild Ouest nous ressemble aux deux, dans les textes, dans le son, dans le mastering, dans le mix. C’est quelque chose qui, pour le public, est un peu plus nébuleux, mais la tonalité de la chanson, le tone qu’on appelle, du mix, c’est nous qui l’avons fait.
Myriam : Phil G. Smith a son projet solo, John Anthony Gagnon-Robinette est dans le groupe Kaïn, comment en êtes-vous venus à faire votre projet ensemble?
Phil : Veux-tu savoir la vraie histoire? On s’est rencontrés dans un bar à Rimouski en 2015. Je connaissais John de nom parce qu’il jouait du banjo et de la guitare country sur des projets de mes amis, je savais qu’ultimement je voulais travailler avec John un jour, j’avais quelques chansons dans mon sac. On m’a toujours dit « pour enregistrer, Phil, il te faut un réalisateur qui a un peu la même vision artistique que toi » donc je me suis assis à 3h du matin dans le bar à Rimouski avec John…
John : C’était le bar avec une porte rouge, c’était quoi dont le nom du bar?
Phil : Je sais plus le nom mais John se rappelle qu’il y a une porte rouge (rires). Je me suis assis à côté de lui, je lui ai dit « tu ne me connais pas, mais je sais tu es qui, je fais du country, tu fais du country, faut qu’on parle de ça. » Ça a cliqué, je pense qu’on est sorti du bar à 6h. Après ça, on s’est écrit sur Messenger, je lui ai proposé d’aller prendre une bière, John a proposé d’aller manger une tarte…
John : Je tripais sur les tartes au fromage dans le temps (rires)!
Phil : … On est allé manger une tarte en buvant une bière. La première fois que je suis allé chez John pour commencer à arranger les chansons, on a passé l’après-midi dans sa cour à jaser et à boire de la bière. Ça a tellement été prolifique parce qu’on a appris à se connaître tellement rapidement, ça a cliqué musicalement et humainement aussi. Je dis souvent à la blague, mais en même temps j’espère que ça va être vrai, que si je fais 20 albums dans ma vie j’espère que ça va être John qui va réaliser les 20.
John : Même chose de mon côté!
Phil : J’espère! (rires) Souvent, il y a des artistes veulent faire un album et changer le son en allant avec un autre réalisateur après, mais ce n’est pas comme ça que je vois ça, j’ai envie qu’on évolue ensemble, on a tellement les mêmes influences et la même vision de la musique.
Myriam : Si j’ai bien compris, votre projet ensemble a pu prendre forme grâce à la COVID, c’est ce qui vous a permis de le faire?
John : Tout à fait, parce que pour son projet-là, Phil m’avait entendu chanter sur la chanson Cœur d’homme de Kaïn et il m’avait appelé tout de suite pour me dire qu’il aimait ma voix et qu’on devrait faire un projet ensemble un moment donné. Tu sais, un projet de gars d’un moment donné…
Phil : Mais un projet qu’on chante les deux et qu’on entend nos deux voix.
John : Oui! Moi, j’étais dans l’auto, j’ai dit « oui oui, certain, on devrait faire ça à un moment donné. » Le 13 mars, quand tout a fermé, on s’est finalement appelés pour se dire « le moment donné est arrivé. » On a profité de la COVID pour faire ça, effectivement.
Myriam : Votre EP est sorti le 16 octobre, mais votre lancement a été décalé du 16 au 12 novembre à cause des nouvelles règles sanitaires en vigueur. À quoi peuvent s’attendre les spectateurs pour ce lancement-là?
John : À un party, mais à un party intime. On va faire les chansons de notre EP, mais on va revisiter des chansons de Phil, de Kaïn et des artistes qui nous ont inspirés. On va faire ça acoustique avec notre percussionniste, à trois voix, c’est un spectacle monté exclusivement pour ça et on a hâte de présenter ça quand même. On a du fun à en parler, mais on a hâte de le faire!
Phil : Nos chansons sont assez festives. Moi, avec mon album On fait du country, ou John avec Kaïn, on joue dans des festivals devant plusieurs milliers de personnes, on n’a pas souvent l’occasion de jaser tant que ça entre nos chansons et que les gens nous connaissent au-delà des paroles de nos chansons. On va vraiment se servir de ce lancement-là pour aller raconter l’origine de Wild Ouest et de l’origine de chacune des chansons aussi. Je pense que ça va faire quelque chose d’assez interactif, personnel et unique. Comme John a dit, ce n’est pas un show qu’on va faire 14 000 fois. À ne pas manquer!
Myriam : Votre groupe a pu se créer pendant la pause imposée de la COVID. Lorsque tout cela sera derrière nous (on l’espère bientôt) est-ce que le public va pouvoir espérer voir Wild Ouest en spectacle?
John : Ah-ah! C’est une bonne question qu’on se pose aussi. Les chansons sont faites pour ça, elles sont faites pour être jouées, c’est sûr qu’on va se revoir sur une scène Phil et moi si 2020 nous le permet. Au début, c’était un projet qui était censé être un one-hit, c’était sur le moment, mais je pense qu’on se fait prendre au jeu de plus en plus avec la réception des gens qui nous en parle : « on tripe sur vos affaires, on trouve ça cool » même nous autres en le faisant, on trouve ça cool, on a hâte, on aimerait ça les jouer sur une scène. Ça a été fait en fonction de ça, l’énergie de l’album est faite en fonction d’être comme si c’était joué sur une scène. La réponse, après tout ça, (rires) on aimerait ça. J’aimerais avoir une réponse positive.
Phil : C’est cliché, mais on n’avait pas d’attente au niveau de faire de la tournée après ou que les chansons ressemblent à un certain style pour jouer à la radio. On s’est rassemblé pour faire quatre chansons qui allaient nous faire triper à la base et pour passer le temps parce que c’était le confinement. Comme John le dit, on s’est fait prendre au jeu, là on parle déjà peut-être il y a de grandes chances qu’en 2021 on fasse d’autres chansons. Après ça, qui sait? On est encore jeunes, on a bien des années devant nous autres, ça se pourrait qu’une tournée de Wild Ouest se trame.
John : On aimerait bien ça!
Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
John : Je me poserais la question : qu’est-ce que tu dirais à toi quand tu étais jeune quant au métier que tu veux faire, les inquiétudes parce que je n’ai pas nécessairement été poussé à faire de la musique, j’ai poussé pour en faire.
Je me dirais : « lâche pas, continue de faire ce que tu fais parce que travailler fort ça mène à quelque chose. Lâche pas mon John », voici ma réponse! (rires)
Phil : Moi j’irais avec le contraire. La question que j’aimerais me poser c’est : où est-ce que tu te vois dans dix ans?
Parce qu’on dirait que quand on a commencé à travailler ensemble John et moi pour l’album on fait du country, je partais avec carte blanche, je partais de zéro dans le sens que le monde ne me connaissait pas, je n’avais pas fait 10 albums avant. Depuis qu’on a lancé ça, ça fait un an et demi, il y a tellement de trucs qui se sont passés, de belles vitrines de spectacles, il y a beaucoup de diffuseurs qui ont embarqué dans le projet, on avait plein de festivals prévus pour 2020 qui sont reportés pour 2021 mais ça va se passer. Je suis en train de name droper toutes nos affaires (rires). On a des nominations au Gala Country, on a une nomination au Gala de l’ADISQ. On dirait que nos objectifs se sont tous réalisés en un an et demi. Je me questionne un peu depuis que j’ai appris qu’on était nommé à l’ADISQ. C’est vraiment cool, je tripe, mais ce n’est pas l’aboutissement, ce n’est pas la fin, j’ai envie qu’on se fixe d’autres objectifs. J’essaie de me visualiser dans 10 ans, c’est quoi qu’on veut? Je pense que notre force c’est qu’on a faim, on veut faire des trucs, c’est ce qui nous pousse à composer, à enregistrer, à se bouger le cul pour se planifier des spectacles aussi. Il faut garder ce feu-là. D’ici 10 ans, j’aimerais ça que ça ait transcendé la musique country, dans le sens que la musique country soit un peu maintenant considérée comme la musique populaire, qu’au spectacle de la Saint-Jean sur les Plaines il y ait un numéro de country, que le country soit reconnu comme la musique pop au Québec dans dix ans et j’aimerais ça faire partie de ce mouvement-là, c’est ce qui me garde allumé.