Une belle adaptation théâtrale par le Théâtre du Trident

Par : Marie-Christine Jeanty
Le Théâtre du Trident reprend son adaptation de Paul à la maison de Michel Rabagliati chez Duceppe. Pour les non initiés, la prémisse: Paul, bédéiste accompli, vit seul avec son chien Biscuit dans sa maison d’Ahuntsic. Il vient de franchir le cap de la cinquantaine, et autour de lui, tout part à la dérive. La pièce offre une plongée douce et pleine d’humour dans le quotidien de Paul, cinquantenaire récemment divorcé qui peine à garder la tête hors de l’eau. Sa mère est malade, son vieux pommier aussi. Et l’eau de sa piscine hors terre refuse obstinément de s’éclaircir. Et le comble du comble, sa fille Rose décide de partir vivre à Londres, privant Paul de la seule présence réellement significative dans sa vie d’esseulé.
Le comédien, Hugues Frenette incarne avec un si savoureuse dose de lucidité doublée d’autodérision, ce Paul qui cherche tant bien que mal à donner une nouvelle impulsion à son existence. Le comédien réussit à nous faire ressentir toute la solitude et la mélancolie de son personnage. Hugo Frenette a réussi à détendre l’atmosphère avec une belle répartie. Le public a ressenti la bonté et la résilience dans l’âme de son personnage, même si la vie était loin de lui faire des cadeaux.

Très juste, Marie-Ginette Guay est Aline, la mère de Paul, une femme froide et clairement au bout du rouleau. Mention spéciale à Étienne d’Anjou, qui donne vie à Biscuit le chien et arrive à nous faire oublier que cet attachant toutou n’est qu’une marionnette. Anne-Marie Olivier réussit avec brio à transposer à la scène, l’imaginaire de Michel Rabagliati. Son texte colle à l’ambiance de la BD, avec son enfilade de scènes quotidiennes. Malgré certaines longueurs et un aspect parfois statique.
À la mise en scène, Lorraine Côté a su créer une ambiance bédéesque dans l’ensemble. Les fonds de scène dessinés par Rabagliati lui-même y sont bien sûr pour beaucoup, mais les jeux d’ombres et les éléments de décors en deux dimensions ajoutent aussi à cette impression. Le spectateur sent qu’il tourne les pages de l’album, sans même s’en rendre compte. Ces images captées sur caméra dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, où habite notre Paul, viennent se mélanger aux dessins sur les écrans. Il y avait quand même quelque chose d’hypnotisant. Le Paul de la pièce sest plus lumineux que celui de la Bédé. Une pièce qui vous apportera de la légèreté dans un monde qui s’éloigne de la lumière.
Présenté jusqu’au 22 juin chez Duceppe