Quand la musique devient une œuvre visuelle
Par : Hanieh Ziaei
Dans le cadre des Francos de Montréal, la Salle Wilfrid-Pelletier accueille une œuvre musicale monumentale de Pierre Lapointe, inspirée des œuvres de Nicolas Party, actuellement à l’affiche au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Le temps d’un concert, on circule d’une salle à l’autre, on y découvre les tableaux, leurs histoires, leurs inspirations à travers une réinterprétation magistrale de Pierre Lapointe!
L’heure mauve n’est plus uniquement un album de musique, c’est une véritable prouesse littéraire et artistique hors du commun. Partir des œuvres d’art et de l’installation immersive de Nicolas Party pour revisiter quelques grands classiques de la musique et rendre un bel hommage à certains des plus grands maîtres de la chanson. Le temps d’un spectacle, on y retrouve Aznavour, Léo Ferré, Erik Satie, Félix Leclerc ou encore Gilles Vigneault sans parler des quelques emprunts au piétage de Charles Baudelaire et à certaines techniques du dadaïsme (surréalisme).
Le génie et la force de Pierre Lapointe résident dans cette maîtrise minutieuse du répertoire classique tant québécois qu’européen. Ce grand compositeur francophile n’hésite pas aussi à sortir de sa zone de confort en nous offrant son interprétation, en allemand, de la chanson Sag mir wo die Blumen sind (Qui peut dire où vont les fleurs) de Pete Seeger popularisée par Marlène Dietrish, sujette d’ailleurs d’une des œuvres de Party.
L’album, L’heure mauve, composé de deux pièces instrumentales et 12 chansons, dont une en allemand, nous offre le temps d’un spectacle, la contribution de pas moins de 21 musiciens sur scène, dont un ensemble de 15 musiciens, vents et cordes, accompagnés des arrangements de Philippe Breault (bassiste), de la pianiste, Amélie Fortin et les 5 acolytes habituels de Pierre Lapointe. La présence du ténor invité, Antonio Figueroas, ne laisse pas indifférent en ajoutant une touche de velours sur la voix de soie de Pierre Lapointe.
Le piano à quatre mains du grand duo Fortin-Poirier parvient à nous couper le souffle et à nous plonger dans ce que la musique peut nous offrir de plus surréaliste, de plus grandiose, de plus captivant, et ce, en réponse à la Gnossienne numéro 1 d’Erik Satie.
L’artiste prend alors vraiment le soin de nous accompagner dans les salles du MBAM depuis la scène de Wilfrid-Pelletier, en décrivant la manière dont les œuvres visuelles ont guidé ses choix de chansons pour ensuite parvenir à la création de ses propres compositions musicales sous forme d’une alternance « question-réponse », en nous offrant un dialogue musical entre le passé et le présent, entre les vivants et les morts, entre le classique et la contemporanéité.
Dans cette histoire de la musique québécoise, Pierre Lapointe est en train de devenir à son tour un grand classique de la chanson francophone et marque (et marquera) ainsi plusieurs générations par son amour inconditionnel et abyssal de la musique!
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© Crédit photo : Maryse Phaneuf