Une première visite depuis 2017
Par : Pierre Langlois
PJ Harvey ne fait pas beaucoup de tournées. Des années avant que l’industrie musicale ne soit la proie de la pandémie, elle avait déjà évité le cycle typique d’enregistrements et de tournées pour se concentrer sur la poésie. Le groupe qui l’accompagne dans cette tournée comprend son producteur et ami John Parish sur une variété d’instruments, James Johnston au violon et d’autres instruments, Giovanni Ferrario également sur une variété d’instruments et Jean-Marc Butty aux percussions. Tout ça promettait une belle soirée pour les fans.
L’intégral de l’album I Inside the Old Year Dying
La première partie du spectacle était dédiée à la présentation de son dernier album I Inside the Old Year Dying. Harvey l’a joué dans son intégralité tout en suivant l’ordre des chansons. Elle portait une belle cape blanche avec des croix noires et des branches d’arbres peintes dessus selon un motif qui ressemblait à une forêt. À partir du moment où elle est entrée solennellement sur scène, il était clair que cela allait être des moments de pure performance artistique.
Sur scène, quelques meubles en bois, un banc et une table dressée pour le thé. Malgré la simplicité, c’est beau. Harvey se déplace lentement, de façon ballet, avec une certaine rigueur symbolique, elle se promène doucement autour de son groupe.
Le concert a commencé avec le morceau d’ouverture de l’album, Prayer at the Gate. Au cours de cette chanson, Harvey a gesticulé dans diverses positions angulaires tout en se couvrant les yeux. Ce fut un début discret mais enchanteur. Le duo avec John Parrish sur Autumn term qui a suivi, était également fascinant, elle a entamé cette pièce en chantant à ses côtés avant d’exécuter de grands tourbillons de danse autour de la scène.
Durant cette première partie, les mouvements extravagants et saccadés du corps de Harvey démontraient une femme vivant chaque mot et chaque note de ses œuvres, soutenue par un groupe de musiciens expérimenté qui ne faisait clairement qu’un avec ce concept.
Transition!
Pour clore cette première partie, la chanteuse a quitté la scène sous les applaudissements de la foule alors que le groupe s’alignait avec des guitares, un tambour de campagne antique pour interpréter The Color of the Earth, une chanson de l’album de Let England Shake qui parle d’un ami perdu dans les tranchées de la guerre. Cette transition vers des morceaux plus anciens s’est poursuivie à partir d’une autre pièce du même album, The Glorious Land où sa voix est celle d’un oiseau. Magique. C’est à ce moment que le spectacle est passé d’une pièce chorégraphiée avec précision à un spectacle rock avant-gardiste.
Sur une note plus mode, son retour sur scène s’est fait en robe blanche unie avec des cerceaux en bas. Elle se déplaçait élégamment et sans effort dans cette robe accompagnée de bottes blanches et brillantes. La classe!
La seconde partie du set était chargée de succès comme Angelene, Down by the water et beaucoup d’autres. En plaçant certains de ses morceaux les plus anciens à côté de certains de ses plus récents, Harvey a démontré à quel point elle est une musicienne incroyable. Elle les a intégrés dans une performance transcendante et personnelle, ce fut somme toute, une démonstration de ses années d’expérimentation musicale et d’authenticité artistique.
Durant toute la performance, il y a eu des projections saisissantes derrière le groupe, montrant de la peinture s’écaillant sur un mur, des fils barbelés sur des fonds colorés et d’autres images abstraites et expressionnistes. Ces projections ont amplifié l’aspect théâtral du concert.
Elle a clôturé le concert avec le classique To Bring You My Love avant de revenir nous servir son C’mon Billy en rappel. Un sans faute pour l’artiste.