Actoral transforme un parking souterrain en arène
Par : Sébastien Bouthillier
Un parking souterrain, la nuit. Odeur pneumatique, effluves carboniques. Dans cet espace clos, une arène délimitée par des barrières. Une rencontre improbable entre un danseur travesti et un motard cascadeur sur sa monture. Affrontement au rythme du clavecin. Décadence de la civilisation?
« Radio Vinci Park est une rencontre dans un parc de stationnement chargé de fantasmes et d’angoisses, explique le plasticien et metteur en scène Théo Mercier, c’est une ode à l’amour impossible, un spectacle forain, un combat de chiens, une corrida, une scène mythologique… »
La motocyclette révèle le souci du metteur en scène pour l’anthropomorphisation des objets. Comme si en devenant humains, les objets connaissent les mêmes enjeux de société que nous : vieillissement démographique, questions de genre, lutte des classes, etc.
Anthropologue, ethnographe ou touriste féru de géopolitique, Théo Mercier explore le monde réel et le monde inexistant. Il part en quête de l’authenticité de la nature dans une culture de production sérielle d’objets de consommation de masse.
Il invite à oublier l’univocité des objets, car en remettant en question leur statut, il pave la voie vers leur équivocité, voire leur plurivocité jusqu’à la confusion, puis la perte du sens du geste de l’artiste dans son œuvre.
Théo Mercier a conçu Radio Vinci Park avec François Chaignaud. Celui-ci danse dans les endroits les plus inusités, en plus de réaliser des performances et des concerts surprenants. L’opérette, la littérature érotique, le hulla hoop l’inspirent, et il a collaboré avec la drag queen Rumi Missabu. En 2009, avec Cecilia Bengolea, il emporte le prix de la révélation chorégraphique de la critique. Le cascadeur Cyril Bourny et la claveciniste Marie-Pierre Brébant l’accompagnent dans l’arène.
Actoral, le Festival des arts et des écritures contemporaines, propose de découvrir jusqu’au 5 novembre des artistes qui remettent en question leur art.
Radio Vinci Park, les 25 et 26 octobre au parking Indigo de la Cité internationale.
Crédit photo : Erwan Fichou
Texte révisé par : Annie Simard