Le Maroc s’installe à la Tohu
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Par : Myriam Bercier
Le mercredi 29 janvier 2017 marque une journée sombre dans l’histoire du Québec. À 19h45, un homme armé entre dans le Centre culturel islamique du Québec et ouvre le feu sur les fidèles regroupés pour faire leur prière, tuant de ce fait six hommes musulmans. Trois ans plus tard, La TOHU a décidé de dédier la première de Halka, un spectacle de cirque mis sur pied par le Groupe acrobatique de Tanger, aux victimes de cet attentat. Ce spectacle sert de médiation avec la communauté du Maghreb grâce au travail du Conseil des Arts puisque le cirque est un art humain qui permet de voir et d’apprécier les différences entre les différentes communautés du monde. La troupe de 14 acrobates s’est vu offert, grâce au Conseil des Arts du Canada, une tournée pan-canadienne : après une résidence de deux semaines à La TOHU, elle s’envolera vers Toronto, Winnipeg et Vancouver.
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Le Halka est un art marocain qui existe depuis très longtemps. Cela réfère au regroupement de la foule autour des arts de la rue. Le Groupe acrobatique de Tanger s’est fortement inspiré de ce type d’art pour mettre sur pied son spectacle. Plusieurs séquences qui semblent rappeler des scènes de rue se déroulent devant les yeux du public. De plus, le spectacle se déroule sans instrument de cirque «classiques» : tissus, roue ou trampoline par exemple. Ils utilisent plutôt des objets tels que la facha, une ceinture de foulards, des poignées de sable et la djefna, une bassine de métal. Cette dernière a deux utilités : elle est percussif, mais elle permet également des acrobaties. Les artisans montent parfois dessus, se soulèvent avec cela, les mettent sur leur tête, etc.
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Le spectateur, après avoir été accueilli par un spectacle de percussion, entre dans la salle de la TOHU et fait face à une scène qui est au niveau du plancher plutôt que surélevée comme ce à quoi il est habitué. Le spectacle s’ouvre doucement, mais durement : les visages sont durs, les mouvements aussi, bien qu’ils semblent faciles à effectuer. Chaque personne contrôle son corps mais également celui des autres. Ils s’attachent au corps les uns des autres, grimpant les uns sur les autres de manière inusitée mais naturelle. Le corps de l’autre est au centre des prouesses présentées par la troupe d’Afrique du Nord. Cette dernière repousse sans arrêt les limites du possible : à plusieurs reprises, des tours et des pyramides humaines de trois et quatre personnes de haut sont effectuées.
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La musique est parfois faite en direct, ce qui permet au public de se sentir un peu au Maroc. Il y a également de longs moments de percussion et de danse, ce qui donne l’impression d’être immergé dans la culture directe du Maroc. Plusieurs acrobaties sont faites en lien avec la musique : alors que tout le monde chante, une pyramide de quatre personnes de haut se met en branle, tout en continuant de chanter! À un autre moment, six personnes sont accrochés sur un homme et l’acrobate qui est tout en haut danse. Le spectacle se conclut alors que toute la troupe danse et chante, illustrant à quel point le musique est au centre de ce spectacle.
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Pour ceux qui aimeraient se plonger dans la culture marocaine, le spectacle Halka vous en imprégnera sans conteste. Le Groupe acrobatique de Tanger quittera la TOHU le 9 février, ne manquez pas le bateau!