Le Jazz n’est pas mort

Par : Martin Postel-Vinay
Quand le label « Jazz is dead », qui met à l’honneur des légendes du jazz qu’on ne voit plus en tête d’affiche, annonce un concert dans votre ville : ALLEZ-Y!
Il est difficile de croire qu’un artiste ayant enregistré des albums avec d’aussi grands noms du jazz que le regretté Roy Ayers se produise dans une salle aussi intimiste que La Sala Rossa, une charmante petite salle de la rue St-Laurent.
Pas assez de capacité pour tout le monde? Pas de soucis, Adrian Younge et ses dix musiciens donnent deux concerts de suite. Oui, dans la même soirée, comme ça pas de jaloux.

J’assiste au deuxième, je vois monter sur scène une poignée de personnages tous aussi différents les uns que les autres, avec la scène collée au public, ça promet!
Adrian Younge branche sa basse Fender à paillette, le Rhodes et la guitare sont allumés, les archets des violons sont en main, les vents prêts à souffler, la batterie embarque. On sent tout de suite les influences brésiliennes, hip-hop, soul et surtout jazz qui, réunies, donnent un groove lourd, puissant et merveilleusement mélodique, qui transporte toute la salle vers un voyage musical d’1h30.

Le show est unique. Adrian Younge défend à merveille les meilleurs titres de ses nombreux projets. Chaque solo mets nos emotions en symbiose avec celles des musiciens.
On passe d’improvisations funky au clavier à classiques au violon, suivi par une impro qui semble hors du temps entre la saxophoniste et le batteur qui a laissé bouche bée toute la salle, tant les notes et le rythme étaient puissants.
Monter sur scène avec autant de musiciens était ambitieux, mais parfaitement justifié quand on entend l’harmonie et l’équilibre qui s’en dégage, sublimée par les couplets en anglais et portugais du chanteur, rendant l’ambiance encore plus chaleureuse.
On aurait pu craindre une baisse d’intensité au deuxième concert après la fatigue du premier, il n’en est rien : le groupe a assuré un show mémorable.

Si le son analogue des années 70 vous manque, et que vous plissez les yeux quand une ligne de basse est parfaitement exécutée, Adrian Younge est pour vous.
Son premier album déjà culte Something About April n’attend plus que vous le découvriez. Il sera une porte d’entrée parfaite pour le reste de sa discographie aussi vaste que variée.