Sébastien René enquête
© Caroline Laberge
Par Sébastien Bouthillier
Sébastien René entre dans le corps, et surtout la tête, d’un adolescent environ la moitié de son âge. À « quinze ans, trois mois et deux jours », Christopher Boone enquête sur la mort de Wellington, le chien de la voisine. Surdoué, il vit isolé et trouve refuge dans sa mémoire, qu’il sollicite pour apprendre les nombres premiers par cœur et les capitales de tous les pays.
Son enquête sur Le bizarre incident du chien pendant la nuit l’amène à sortir de chez lui, à avancer vers l’inconnu à la recherche déstabilisante de la vérité. Le surdoué parle à des étrangers et quitte le bout de sa rue pour la première fois. Incapable de mentir, Christopher ne supporte pas que son père (Normand d’Amour) lui ait caché la vérité.
Lorsque l’adolescent à la logique précise comme un engrenage découvre le subterfuge de son géniteur, il s’enfuit. Sa représentation du monde bascule alors : la vérité devient mensonge. En frôlant le thème de l’autisme sans l’aborder, la pièce incite le spectateur à se questionner sur le fragile critère séparant la normalité de son contraire. Le personnage marginal est moins anormal qu’il n’y paraît…
Les 60 scènes accélèrent le rythme de la pièce sans temps mort pour refléter la vitesse à laquelle les synapses opèrent dans la tête de Christopher. « J’aime beaucoup le défi de convertir l’espace devant le public, sans déployer de décors imposants. J’aime que le public voyage et que les endroits se transforment devant lui par quelques accessoires, par l’utilisation de l’espace, pratiquement sans qu’il le remarque », précise le metteur en scène Hugo Bélanger.
Après Harold et Maude la saison dernière, Sébastien René occupe encore un rôle principal dans la pièce qui conclut la saison chez Duceppe. En mettant en scène chacune des pièces, Hugo Bélanger invite le public à s’identifier à des personnages qu’il ignore probablement dans la vie quotidienne.
Le bizarre incident du chien pendant la nuit, chez Duceppe jusqu’au 19 mai.
Crédits photos : Caroline Laberge
Texte révisé par : Johanne Mathieu