Du classique autrement!
Par Lynda Ouellet
À nouveau, en ce 28 février 2024 à la Maison symphonique, quelle joie nous avons d’entendre le maestro Rafael Payare et l’Orchestre symphonique de Montréal. Deux pièces sont à l’honneur soient In the half-light et la Quatrième symphonie de Bruckner.
En première partie de cette soirée, la soprano Barbara Hannigan (elle-même cheffe) interprète passionnément l’œuvre de la compositrice canadienne Zosha Di Castri créée en 2022 et du texte de Tash Aw, écrivain. In the half-light est une pièce contemporaine qui nous sort de nos confortables souliers et nous invite à découvrir toute la mesure de cette superbe composition de Di Castri en sept mouvements. Payare est à son meilleur et dirige de façon chirurgicale son agile et talentueux orchestre en appui à la soliste.
Éblouissement!
C’est une composition sur le thème de l’émotion, de la mouvance et de l’appartenance. L’agilité et l’aisance de la soprano virtuose à jouer vocalement avec les sons nous ont éblouis. Sa dextérité vocale est telle qu’on a parfois le sentiment que sa voix prend la forme d’un instrument qui se greffe naturellement aux musiciens de l’orchestre nous offrant ainsi un tableau de grande profondeur. Ces Sept mouvements nous surprennent et nous transportent dans un univers où les émotions sont présentes. La nostalgie, l’incertitude, la surprise, le suspens, l’espoir et tout autre sentiment que cette composition offre à notre imagination ou notre état d’être nous captent parfois au détour. L’auditoire a apprécié et salué Barbara Hannigan qui le méritait bien. La compositrice Zosha Di Castri a été invitée sur la scène et a recueilli également les hommages.
De l’éclat à l’éclat!
Après l’entracte, on est prêt pour la Quatrième symphonie en mi bémol majeur d’Anton Bruckner. Une œuvre qui a beaucoup fait parler quant à sa définitive transcription maintes fois remaniée. Les quatre mouvements d’une durée de 70 minutes emplissent la Maison symphonique d’un certain « romantisme » tel que baptisé par Bruckner.
Tout un long de l’œuvre, on plonge en forêt avec une horde de cavaliers parfois sportifs à souhait suivi à répétition de moments doux où l’on peut s’imaginer la forêt. La terre natale autrichienne de Bruckner se déploie au son des cuivres, des violons, des percussions et des instruments à vent évoquant tantôt une marche solennelle, tantôt le chant d’un oiseau, tantôt les cavaliers qui chargent ou tout simplement le calme ressenti en nature.
Sous la direction de son chef, c’est avec une très grande puissance que débute le premier mouvement. On sent le maestro un peu pressé et l’orchestre suit le rythme avec la puissance indiquée. Comme tout a débuté avec force, au fur et à mesure du concert, nous avons la sensation de perdre quelquefois certaines subtilités de l’œuvre. Nous attendions les feux d’artifice à la coda, mais ajouter de l’éclat à l’éclat a provoqué une dilution de l’effet attendu.
La main de Payare!
Au troisième mouvement, la puissance se décuple en tourbillonnant dans une descente plus douce pour ensuite reprendre de plus belle. Rafael Payare donne la pleine mesure de l’œuvre en entrainant son orchestre au bout d’un souffle et d’une fin qui ne semble pas finir. Il faut voir sa main libre et gracieuse devenir le prolongement de chaque instrument des musiciens, hypnotisant et captivant.
Un concert différent, à voir, unique en son genre avec l’ouverture d’esprit qui invite à découvrir deux univers, le premier fascinant à souhait et le deuxième intriguant pour les novices et interpellant pour les connaisseurs.
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