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Ravel et Prokofiev à l’OSM

Des défis d’une part et d’autre

Alisa Weilerstein violoncelle
Crédit photo : Antoine Saito (OSM)

Par : Lucia Cassagnet

Cette semaine, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) présentait la Sinfonia concertante, op. 125 de Sergueï Prokofiev et l’oeuvre Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique, M. 57 par Maurice Ravel.

Le spectacle, qui se déroulait à la Maison symphonique, était présenté par l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Pour donner vie à ces deux oeuvres, des invités spéciaux ont été convoqués. La première pièce de la soirée a été interprétée au violoncelle par l’excellente Alisa Weilerstein. Pour Daphnis et Chloé, c’est le choeur de l’OSM qui est monté sur la scène pour accompagner les musiciens, sous la direction d’Andrew Megill.

Le programme était assez lourd – peut-être plus que les habituels concerts de l’OSM – mais ça aura valu la peine.

La Sinfonia concertante, qui date du début des années 50 d’une Russie communiste, est réputée pour être particulièrement difficile à cause de sa longueur. En effet, ça prend plus d’une trentaine de minutes pour passer à travers les notes, en navigant des passages très aigus et des difficultés techniques.

Ce concerto est un défi pour n’importe quel violoniste, car la fin de l’oeuvre demande à celui ou celle qui la joue d’aller jusqu’à un mi 7, la limite supérieure de la tessiture du violoncelle.

Même pour ceux – comme moi – qui s’y connaissent pas tant que ça en musique, on comprend « qu’aller jusqu’à la limite d’un instrument » c’est un exploit en soi. Pour relever ce défi de taille, nulle autre que la violoncelle originaire de New York, Alisa Weilerstein, a été choisie.

Entre son maniement par la main droite de l’archet et la fluidité de sa main gauche à monter et descendre le long du violoncelle pour assurer des notes impossibles à une vitesse impressionnante, on comprend pourquoi elle a reçu plusieurs accolades et mentions d’honneur durant sa carrière. Surtout, on comprend aussi pourquoi c’est elle qui relevait le défi de Prokofiev.

La soirée était doublement spéciale pour Weilerstein, car elle a eu l’opportunité de partager la scène avec nul autre que son mari, le chef d’orchestre Rafael Payare (durant la semaine de la Saint-Valentin en plus!).

Au choeur de la musique classique

L'Orchestre symphonique de Montréal et le choeur de l'OSM
Crédit photo : Antoine Saito (OSM)

Après une brève entracte, place à une oeuvre importante : une symphonie chorégraphique pour orchestre et choeurs sans paroles de Ravel, Daphnis et Chloé. Offrant une interprétation de plus d’une heure, cette oeuvre est la plus longue du compositeur français.

L’histoire, inspirée du roman grec du même nom de Longus, commence par une histoire d’amour (encore une fois, la thématique de la Saint-Valentin ne passe pas inaperçue…). Il s’ensuit des péripéties dignes d’un classique littéraire grec, avec des enlèvements, des pirates et des résolutions avec des divinités.

La présence du choeur de l’OSM – dirigé par Andrew Megill – ajoutait au gravitas de l’oeuvre. Les chanteurs, debout derrière l’orchestre de Payare, projetaient leurs voix en hauteur partout dans la Maison symphonique. L’absence de mots concrets amenaient des airs mystiques à la soirée.

Vers la fin du concert, le plus impressionnant selon moi, était l’intensité du chef. La pièce, rendue à son point musical culminant où toute la difficulté de son exécution se fait sentir, n’est pas facile à suivre. Rafael Payare, comme toujours, a assumé son rôle et a guidé avec brio l’orchestre et le choeur vers le succès.

Son dévouement pour les deux compositeurs de la soirée ne peut être compris qu’à travers un respect profond envers la musique classique. Un respect qui était indubitablement partagé par l’audience, comme l’a démontré l’ovation qu’il a reçu à la fin.

Crédit photo de couverture : Antoine Saito (OSM)

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