Dernières nouvelles du fantôme de la littérature québécoise
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Par : Stefan Puchalski
On sait que Réjean Ducharme, artiste sous le nom deRoch Plante, a été écrivain (auteur de L’Avalée des avalés, de L’Océantume et du Nez qui voque) et dessinateur. On sait qu’il soumet ses dessins chez Gallimard en 1966 avant même d’y envoyer son premier manuscrit. On sait que ses dessins restent dans les tiroirs jusqu’en 2017, année de la publication du livre Le lactume qui réunit les quelque 198 dessins de la main de l’écrivain. Enfin, on sait que dès le début de sa carrière, Ducharme choisit de s’absenter de la place publique.
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L’astuce de la pièce Autour du lactume est de donner l’impression qu’on entre enfin dans l’intimité de l’auteur. On y voit une table de travail qui se dresse au milieu de la pièce, recouverte des piles de ses dessins, d’un verre rempli de crayons et de pinceaux, des fleurs et de deux de ses romans. Lorsque Ducharme entre enfin dans son bureau, on se rend compte qu’il est incarné par une femme (jouée par Markita Boies). Une fois la surprise passée (après tout, qui est le vrai Ducharme), il s’assied pour nous présenter ses dessins abstraits en lisant à haute voix les légendes qu’il y appose et, de ce fait, confirme son talent pour les jeux de mots, il nous montre les vinyles qu’il affectionne (Aznavour, Hardy et ainsi de suite) et évoque ses amis de papier dont il lit des extraits : Pierre Corneille, Lautréamont, Émile Nelligan et Arthur Rimbaud.
Lorsqu’il nous déclame – je ne suis pas citoyen du monde, je suis citoyen de ma chambre –, on comprend qu’il va bientôt nous inviter à quitter la pièce. Ducharme est un fantôme et le restera.
À l’affiche à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 9 novembre.
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Texte révisé par : Johanne Mathieu