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Renée Claude, la mémoire du coeur

Une soirée empreinte de tendresse et de nostalgie

© Lino Cipresso

Par : Christian Gaulin

Vendredi soir, à la Maison symphonique de la Place des Arts, dix grandes femmes, dix grandes voix d’ici rendaient un vibrant hommage à la chanteuse Renée Claude, afin de célébrer sa carrière, ses chansons, sa vie et sa mémoire lors du concert Renée Claude, la mémoire du coeur. Renée Claude, qui a eu 80 ans en juillet dernier, vit ses derniers moments. Son conjoint des 30 dernières années, Robert Langevin, nous apprenait en février 2019 que la grande interprète était atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade très avancé.

Suite aux réactions extraordinaires suscitées par la reprise de la chanson Tu trouveras la paix, en hommage et pour Renée Claude, l’Orchestre symphonique de Montréal, en collaboration avec GSI Musique, a mis sur pied, pour un soir seulement, la tenue d’un concert symphonique : Renée Claude, la mémoire du cœur. Les profits, versés au Fonds de la recherche sur la maladie d’Alzheimer pour soutenir les travaux réalisés par la Dre Nicole Leclerc et le Dr Karl Fernandes du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), ont permis d’amasser 157 414 $ en lien avec ce concert.

© Lino Cipresso

Pour l’occasion, Isabelle Boulay, Clémence Desrochers, Luce Dufault, Louise Forestier, Kathleen Fortin, Annie Villeneuve, Catherine Major, Ariane Moffatt, Marie-Denise Pelletier et Marie-Élaine Thibert ont uni leur talent et leur voix pour revisiter plusieurs grands succès et d’autres pièces moins connues parmi le répertoire de la chanteuse Renée Claude. Elles étaient accompagnées par l’OSM et Les Voix Boréales, un chœur formé pour l’occasion de 55 jeunes filles âgées de 8 à 17 ans.

Le concert a débuté avec la présentation du « making of » de la vidéo Tu trouveras la paix réunissant onze chanteuses dont la plupart faisaient partie du concert. Monique Giroux, qui animait le début de cette soirée, nous a confié avec une grande émotion : « Lorsque nous lui avons fait entendre Tu trouveras la paix, dès les premières notes, Renée Claude a ouvert les yeux et elle a chanté la chanson. »

© Lino Cipresso

Se laisser bercer par l’émotion

Sous la direction musicale du chef d’orchestre Adam Johnson et les arrangements magnifiques d’Antoine Gratton, les dix artistes féminines se sont succédées sur scène. D’abord toutes réunies, elles ont ouvert le concert avec une superbe interprétation de la pièce Vivre doucement, nous offrant des harmonies vocales angéliques, mélangées aux voix du chœur Les Voix Boréales.

Par la suite, Catherine Major nous offre la grande chanson Pendant que. Elle est ensuite rejointe par Louise Forestier, et elles nous proposent toutes les deux une version plus actuelle de L’amante et l’épouse. Rappelons que Forestier avait enregistré une version de cette chanson avec Renée Claude. Louise Forestier chante ensuite Avec le temps, et son interprétation touchante lui vaut une ovation des spectateurs.

Isabelle Boulay nous a livré la chanson moins connue Est-ce ainsi que les hommes vivent, avant que Clémence Desrochers, sortie de sa retraite pour l’occasion et qui célébrera ses 86 ans le 23 novembre prochain, nous interpréta La ville depuis, qu’elle a elle-même écrite et que Renée Claude a chantée.

© Lino Cipresso

Par la suite, Marie-Élaine Thibert nous a proposé une version plus moderne et dynamique fort réussie de la version Si tu viens dans mon pays. Puis, une belle surprise, Stéphane Venne s’avance sur la scène. Le grand auteur-compositeur qui a énormément travaillé avec Renée Claude, ayant fait sept albums dont une soixantaine de chansons pour la chanteuse, nous a témoigné « qu’il n’a jamais eu autant de difficulté à écrire un texte », se confiant sur l’âme et l’esprit de la page blanche. « Renée Claude est une grande dame. Elle était une femme assumée, une femme libre, et elle prônait le vivre et laisser vivre », ajoute-t-il. Venne, très émotif, a rendu un vibrant hommage à celle qui l’a mis au monde professionnellement. « Il faut mettre des mots, des souvenirs sur cette page blanche et c’est ce que nous faisons ce soir », conclut-il.

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Qui de mieux que le trio formé des sublimes voix de Luce Dufault, Marie-Élaine Thibert et Marie-Denise Pelletier pour nous offrir l’un des moments forts de la soirée, avec une version magistrale du succès Le début d’un temps nouveau, que le public a chaudement applaudi. Ont suivi Le tour de la terre, interprétée par Marie-Denise Pelletier et la chanson C’est notre fête aujourd’hui brillamment livrée par Annie Villeneuve qui remplaçait au pied levé Laurence Jalbert, au chevet d’une amie malade.

Ariane Moffatt, fleur à la main offerte par Robert Langevin, conjoint de Renée Claude, à toutes les chanteuses prenant part au concert, a proposé une version toute douce de Viens faire un tour. Elle nous a ensuite offert un moment rempli de tendresse et d’émotion en entonnant la pièce Berceuse pour mon père et ma mère, un autre moment marquant de cette soirée.

© Lino Cipresso

Luc Plamondon, qui était retenu à Paris, avait rédigé un mot hommage qui fut lu par Clémence Desrochers. Dans sa lettre, il nous racontait sa première rencontre avec Renée Claude, en profonde peine d’amour. Ce fut alors le début d’une belle et longue histoire professionnelle entre les deux artistes. En 1970, il a écrit une première chanson pour elle, intitulée J’ai besoin d’un grand amour. La pièce Ballade pour mes vieux jours sera la dernière qu’il lui offrira, en 2006. Il aura écrit pour Renée Claude 36 chansons en 36 ans, nous rappelle-t-il.

Isabelle Boulay est revenue sur scène afin de nous offrir une chanson qu’elle et Renée Claude ont toutes les deux interprétée durant leur carrière respective, Hymne à la beauté du monde. La prestation d’Isabelle Boulay, solidement appuyée par l’OSM et le chœur Les Voix Boréales, a su émouvoir les 2 000 spectateurs dans la salle. Puis, Luce Dufault a fait lever le plafond de la Maison symphonique, y allant d’une magnifique interprétation de Je recommence à vivre, avant que ne soient projetées sur grand écran des images de Renée Claude à diverses époques de sa carrière. Avec sa superbe voix, Kathleen Fortin nous a livré une grande performance de la pièce L’indifférence.

Pour clore le spectacle, toutes les interprètes se sont retrouvées sur scène afin de nous interpréter la pièce qui aura été à l’origine de ce projet marquant et grandiose, Tu trouveras la paix.

Tous souhaitaient que ce concert se transporte jusque dans le cœur de Renée Claude.

« Tu trouveras la paix dans ton cœur, mais pas ailleurs… »

J’ai la certitude qu’elle l’a senti et entendu.

Liste des chansons de la soirée

Tu trouveras la paix (vidéo / artistes variés)

Vivre doucement (Annie Villeneuve, Kathleen Fortin, Luce Dufault, Marie-Denise Pelletier, Catherine Major, Marie-Élaine Thibert, Louise Forestier, Isabelle Boulay et Ariane Moffatt)

Pendant que (Catherine Major)

L’amante et l’épouse (Louise Forestier et Catherine Major)

Avec le temps (Louise Forestier)

Est-ce ainsi que les hommes vivent (Isabelle Boulay)

La ville depuis (Clémence Desrochers)

Si tu viens dans mon pays (Marie-Élaine Thibert)

Le début d’un temps nouveau (Luce Dufault, Marie-Élaine Thibert et Marie-Denise Pelletier)

Le tour de la terre (Marie-Denise Pelletier)

C’est notre fête aujourd’hui (Annie Villeneuve)

Viens faire un tour (Ariane Moffatt)

Berceuse pour mon père et ma mère (Ariane Moffatt)

Ne tuons pas la beauté du monde / Hymne à la beauté du monde (Isabelle Boulay)

Je recommence à vivre (Luce Dufault)

L’indifférence (Kathleen Fortin)

Tu trouveras la paix (Annie Villeneuve, Kathleen Fortin, Luce Dufault, Marie-Denise Pelletier, Catherine Major, Marie-Élaine Thibert, Louise Forestier, Isabelle Boulay et Ariane Moffatt)

Texte révisé par : Annie Simard