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Stereolab : Les légendes franco-britanniques électrisent le Theatre Beanfield

Un voyage dans un son intemporel

Crédit Photo : Olivier Garneau / Mattv.ca

Par : Martin Postel-Vinay

Ils n’étaient pas venus nous voir depuis 2022. Mais à l’occasion de la tournée célébrant leur dernier album Instant Hologram On Metal Film, Stereolab nous offre un concert dans le magnifique Théâtre Beanfield, une occasion de célébrer en beauté les derniers jours à saveur estivale à Montréal en ce 4 octobre particulièrement chaud.

Crédit Photo : Olivier Garneau / Mattv.ca

Le groupe franco-britannique convient parfaitement à cette ville, qui mélange l’anglais et le français autant qu’il mêle les influences. Il est difficile de mettre la musique de Stereolab dans une case. D’une chanson à l’autre, on passe par des sonorités pop, rock, folk, punk, indie, jazz ou électroniques, qui nous font voyager entre toutes les émotions dans un son intemporel. Que ce soit par la voix emblématique, presque dissonante, de Laetitia Sadier, ou par les arrangements des musiciens si propres à eux, chaque titre raconte une histoire qui évolue et se transforme dès qu’elle en a l’occasion, pour ne cesser de surprendre, d’émerveiller et, surtout, de faire danser.

Le contraste entre le dynamisme explosif des musiciens et la constance vocale de la chanteuse, qui semble presque insensible au monde qui l’entoure, donne un cocktail particulièrement savoureux tant il est inhabituel, maîtrisé et justifié. Il résonne d’ailleurs avec les convictions politiques du groupe, qui ne cesse de dénoncer les incohérences du monde qu’ils observent, que ce soit dans leurs chansons ou entre les titres. « Je dédicace cette chanson à tous ceux qui sont silenciés », dit-elle dans un français anglophonisé qu’elle affirme avoir perdu.

Crédit Photo : Olivier Garneau / Mattv.ca

Une harmonie psychédélique

Sur scène, les musiciens ne se regardent presque pas. Chacun a l’air enfermé dans son monde, dans son instrument, sans réelle cohésion de groupe. Le plus étonnant, c’est que ça fonctionne super bien ! Malgré cette apparente déconnexion, le résultat est particulièrement cohérent, à l’image de la symphonie d’une jungle où s’assemblent les chants distincts de chacun des animaux pour former une harmonie commune. Sadier éblouit par sa voix et son charisme inné, autant que par ses interventions au tambourin ou au trombone, qu’elle n’hésite pas à associer à son synthétiseur pour obtenir un son psychédélique unique.

Crédit Photo : Olivier Garneau / Mattv.ca

Un public ému par un concert aux airs d’hommage

Côté public, c’était l’incendie de la fosse aux gradins. Tous les âges étaient représentés : les fans de la première heure comme ceux qui les ont découverts grâce à leur dernier projet ont été servis. De Miss Modulaire, qui a particulièrement plu au public montréalais, à If You Remember I Forgot How to Dream, en passant par The Way We’ll Be Opening ou encore Peng 33, chaque période ayant marqué la longue carrière de Stereolab a été honorée, même si au vu de leur discographie de plus de dix albums studio, il est impossible de satisfaire tout le monde (je dois avouer que Lo Boob Oscillator m’a manqué).

Le concert se termine par un rappel particulièrement enthousiaste de la part du public, qui se lève, applaudit, tape des pieds : une vraie « standing ovation » bien méritée . Plus qu’un concert, c’était un hommage à ce groupe si singulier qui a marqué plusieurs générations. Stereolab conclut avec Immortal Hands, sans doute le plus beau titre de leur dernier album, prouvant que malgré les trente-trois années qui séparent Peng! d’aujourd’hui, ils n’ont rien perdu ni de leur technique, ni de leur créativité, ni de leur message.

Crédit Photo : Olivier Garneau / Mattv.ca

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