Un concert qui déborde de nostalgie

Par : Marin Agnoux
Quelques heures après que la nuit est tombée, l’hiver n’est plus très loin. En l’attendant, on brave les premières brises de froid et la pluie — sans métro à Montréal — pour arriver juste à temps au Théâtre Beanfield.
Au programme ce soir : Thrice, accompagné de Downward et Modern Color. Après des premières parties aux influences puisées dans le hardcore américain des années 2000, on attend ceux qui ont en partie forgé le mouvement.
Dans une nostalgie ambiante d’une époque bien précise, le public attend le moment où l’on chantera tous en chœur les titres de notre adolescence. Voilà Thrice qui entre en scène.
Le bal s’ouvre sur leur dernier album Horizon/West, succédant à Horizon/East sorti en 2021. Thrice ne sont plus les jeunes ados faisant du post-hardcore dans le garage de leurs parents. Plus mûrs, plus sombres, leur projet sur scène capte immédiatement l’attention du public.

Les guitares aiguisées, la batterie perçante et la voix désormais plus grave du chanteur — finalement, c’est comme ils ont toujours su le faire. Mais leurs compositions, elles, ont grandi : dures et lourdes, dans un rock qui se déguise parfois en métal, parfois en hardcore. Aujourd’hui, les mélodies chantantes des premiers opus semblent bien loin.
Entre les cercles de lumière disposés sur scène, Thrice nous parle d’identité personnelle et de manipulation sociétale, à travers une musique surprenante qu’ils ont affinée au fil des années.
Ils ne laissent personne indifférent, mais n’ont pas oublié d’où ils viennent. Il aura suffi de quelques notes pour que le public rejoigne le chanteur sur les morceaux des premiers albums. Under The Killing Moon, The Artist in the Ambulance… Thrice rejoue à la perfection les titres de notre jeunesse, et sûrement, pour beaucoup, ceux qui nous ont introduits à la scène post-hardcore.

Pendant un instant, on se revoyait, sac à dos à l’épaule, écouteurs dans les oreilles, Cold Cash and Colder Hearts en boucle. On se croyait parfois rebelles, mais c’étaient les musiques qui nous romançaient.
Un concert réconfortant, réuni par les souvenirs.


