Un divertissement familial intelligent
Par : Marie-Claude Lessard
S’inscrivant parfaitement dans la lignée des reprises qui font présentement les beaux jours de Disney, la nouvelle superproduction du célèbre studio, Un raccourci dans le temps, débarque stratégiquement dans les salles obscures lors de la fin de semaine bouclant la semaine de relâche. Gageons que ce remake du film de 1983 réussira à attirer les foules. Du moins, ce serait amplement mérité, car l’adaptation d’Ava DuVernay séduit à bien des égards.
Basé sur l’oeuvre de Madeleine L’Engle, le film relate le triste quotidien de Meg et Charles Wallace Murry (Storm Reid et Deric McCabe), une jeune préadolescente et un enfant absolument brillants, qui ne se remettent pas de la disparation de leur père scientifique (Chris Pine) survenue il y a quatre ans. Ce dernier flotte dans les confins de l’Univers, tenu en otage par une force diabolique. Pour le sortir de cet enfer, trois parcelles de l’Univers, Madame Quiproquo (Reese Witherspoon), Madame Qui (Mindy Kaling) et Madame Quidam (Oprah Winfrey), retrouvent la trace de Meg et Charles afin de les transporter vers celle de leur père. À travers les imprévus et diverses tentations, est-ce qu’ils réussiront à sauver Chris Murry à temps?
Avec un tel synopsis, inutile de préciser qu’Un raccourci dans le temps nage tête première dans la science-fiction et l’aventure! Ce n’est pas pour rien que Disney a décidé de dépoussiérer cette oeuvre maintenant. Les dystopies familiales se déroulant dans des mondes parallèles suscitent l’intérêt du grand public, particulièrement depuis l’apparition au grand écran de la saga Hunger Games. Or, le succès de cette dernière a engendré beaucoup de pâles copies, à commencer par Le labyrinthe (dont la conclusion est présentement au cinéma) qui se sert du filon philosophique comme prétexte à enchaîner les cascades pompeuses dénuées de substance. Heureusement, rien de tout ça ici!
Les effets spéciaux et visuels sont au service de la trame narrative. Ils ne surchargent jamais les intrigues, qui demeurent entraînantes et cohérentes du début à la fin. Comme c’est le cas avec bien des opus de Disney, la cinématographie et les costumes futuristes épatent. Impossible de ne pas river les yeux sur l’écran! Les couleurs vives, les textures et la trame sonore pop à la fois accrocheuse et douce font sourire à plusieurs moments. À l’instar du récemment oscarisé Coco, Un raccourci dans le temps parvient à transmettre des messages d’espoir sains qui font réfléchir sans toutefois baigner dans une assommante mièvrerie. Les petits comme les grands se reconnaîtront dans le manque d’estime de la belle Meg. Après leur voyage avec elle, ils entameront, inconsciemment ou non, une introspection sur l’acceptation, le respect et l’amour de soi.
Pour sa première réalisation chez Disney, Ava DuVernay se tire plutôt bien d’affaire. Sa caméra est dynamique. Elle dirige superbement ses acteurs. On sent toute sa fragilité et sensibilité lors des scènes touchantes. Son embauche a également entraîné celles de comédiens issus de la diversité, autant pour les rôles principaux que secondaires. Il ne reste qu’à espérer que ce choix de casting se poursuive jusqu’à ce qu’on n’ait plus à le souligner. Ayant à défendre des personnages captivants et pertinents, la distribution s’en donne à cœur joie. Celle qui vole la vedette est sans contredit la sublime Reese Witherspoon qui suscite un rire à chacune de ses apparitions. Habile dans la comédie comme dans le drame, l’actrice de Big Little Lies semble véritablement s’amuser dans les rôles lui demandant de réveiller son enfant intérieur. Impossible de ne pas craquer devant ses adorables mimiques et roulements de yeux! Deric McCabe et Storm Reid offrent également des performances dignes de mention. Le premier, en plus d’avoir une bouille irrésistible, affiche un extraordinaire aplomb alors que la deuxième joue la vulnérabilité sans exagérer.
En résumé, Un raccourci dans le temps vaut le détour autant sur le plan visuel que narratif. C’est presque garanti que les enfants et les adultes auront beaucoup de plaisir!
Note : 3,5/5
Texte révisé par : Annie Simard