La gentillesse, un remède à bien des maux
© Sony Pictures
Par : Normand Pineault
Ceux qui ont connu dans leur jeunesse l’émission éducative pour enfants Mister Rogers Neighborhood connaissent très bien le rituel du cardigan, des souliers, et du petit tramway miniature de l’animateur Fred Rogers. Malgré cela, c’est surtout la gentillesse incontournable de ce grand homme, et l’attention qu’il portait aux enfants et à l’humanité qui l’a rendu célèbre. Et c’est précisément ce qu’arrive à interpréter avec sobriété Tom Hanks, qui s’est décidé de revêtir le fameux cardigan rouge après avoir lui-même fait la rencontre enrichissante de la réalisatrice Marielle Heller et de la veuve de l’animateur, Joanne Rogers.
Le rôle de Tom Hanks, qui offre une performance touchante et attachante, n’est toutefois pas le centre d’intérêt de l’histoire, puisqu’il joue plutôt l’élément perturbateur de la vie du cynique et amer journaliste Lloyd Vogel, joué par Matthew Rhys. Ce n’est que lorsque ce dernier sera chargé par l’éditrice du magazine Esquire de faire un article sur Fred Rogers qu’il se frottera alors à la bonté déstabilisante du personnage, et qu’il apprendra à lui aussi avoir un regard différent sur la vie, en particulier en remettant en question la relation trouble qu’il a avec son père alcoolique, interprété avec efficacité par Chris Cooper.
Bien que l’émission de télévision se concentrait sur l’éducation des jeunes, et démontrait les bienfaits d’exprimer nos émotions en abordant des sujets difficiles tel que la colère, la guerre, ou la mort d’un proche, il ne s’agit par contre pas du tout d’un film qui vise les enfants. En fait, le thème de l’émission est très bien préservé dans ce film, mais en l’adaptant plutôt aux vies d’adultes ou de parents, pour qui la charge émotionnelle peut venir d’encore plus loin, et peut être encore plus destructrice et lourde à supporter si nous ne savons pas faire la paix avec soi-même et avec les gens qui nous entourent. L’histoire se base d’ailleurs sur la réelle amitié qu’entretenaient Fred Rogers et le journaliste Tom Junod.
Malgré un rythme et un développement lent, quelques attentions particulières donnent aussi un certain charme au film, comme si celui-ci était en réalité l’un des épisodes de l’émission de Fred Rogers qu’on avait adapté au grand écran. Que ce soit grâce à une partie de la narration qui est exprimée au travers des maquettes du décor, ou bien grâce au regard de l’animateur souriant qui semble s’adresser directement au public, on retrouve la bonté et le désir d’aimer la vie qui caractérisait bien le personnage et sa célébrité. C’est un beau film, qui méritera peut-être une autre nomination pour Tom Hanks, et qui vous laissera un sourire sur le visage à la sortie de la salle.
A beautiful day in the neighborhood (Bonjour, voisin), en salle partout au Québec dès le vendredi 22 novembre 2019.