Une opportunité ratée carburant au déjà-vu
© Universal Pictures
Par : Normand Pineault
Depuis plusieurs années, nous avons droit à une surabondance d’adaptations de toutes sortes, et on pourrait s’imaginer que la machine créatrice hollywoodienne est de plus en plus à court d’idées originales. Qu’elles soient tirées de bandes dessinées, de dessins animés, d’actualités, ou de romans de fiction, ces histoires semblent de plus en plus finir toutes au grand écran, et ce, avec un degré de qualité variant selon l’intérêt que les producteurs leur accordent. Évidemment, l’argent des recettes locales, et de plus en plus celui de l’international, mène souvent ces projets à la chaîne de production, là où les formules prédéfinies transforment la majorité de ces idées en de simples copies de copies. Et c’est plutôt dans l’un de ces moules sans substances que tombe malheureusement Mortal Engines.
Tiré d’une série de livres du même nom de l’écrivain Phillip Reeve, ce film se déroule dans un monde futuriste et post-apocalyptique à la saveur steampunk, dans lequel Londres et plusieurs autres villes sont devenues de gigantesques machines sur roues qui s’entre-détruisent pour survivre. L’introduction est pourtant prometteuse : la poursuite d’une de ces petites communautés mécaniques par le monstre qu’est désormais devenu la capitale britannique nous offre un intéressant et impressionnant avant-goût de ce qui est à venir. Le réalisateur Christian Rivers étant l’un des bons collaborateurs de Peter Jackson, qui d’ailleurs a lui-même travaillé sur une partie du scénario, il n’est donc pas surprenant de comparer la richesse des images et du monde à celle du Seigneur des anneaux et du Hobbit. Seulement, passé cette belle surprise, nous commençons déjà à voir apparaître les failles dans la narration et le scénario qui auraient énormément gagné à être plus développés et polis.
Les deux protagonistes, Hera Hilmar et Robert Sheenan, se débrouillent bien pour le peu qu’ils ont, mais l’ensemble des acteurs n’arrive pas du tout à nous convaincre. Ça en est dommage pour un vétéran tel que Hugo Weaving (Matrix, Lord of the rings), qui n’arrive ici à peine qu’à jouer le vilain générique aux motivations douteuses, tandis que le personnage le plus intéressant est en fait un « zombie-robot » généré par ordinateur du nom de Shrike (Stephen Lang). Pour un peu, on pourrait croire que nous regardons un mélange du Hobbit, de Hunger Games et de Mad Max, romancé un brin pour en faire un film visant les jeunes adolescents. Il est même de plus en plus dérangeant et comique vers la fin de réaliser que l’originalité du contenu laisse tout simplement la place à une copie presque conforme des légendaires scènes de Star Wars, à un point tel que l’histoire perd à ce moment tout son impact et sa crédibilité.
Pour ceux qui aiment regarder un film visuellement beau, qui regorgent d’effets spéciaux, Mortal Engines pourrait vous intéresser. Si, par contre, vous n’appréciez pas le prévisible, et les films de science-fiction créés pour la jeunesse et le bon marché telle que la trilogie de Maze Runner, alors vous feriez mieux de passer votre tour.
Mortal Engines, en salle partout au Québec dès le vendredi 14 novembre 2018.
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