Une histoire colorée de dépendance et d’amour
© Paramount Pictures
Par : Normand Pineault
Il était difficile de ne pas représenter la vie haute en couleur d’Elton John, de son vrai nom Reginald Kenneth Dwight, autre qu’en un musical, dans la même veine des La La Land et Mamma Mia. Cette biographie presque tout en chansons n’est toutefois pas un film pour la famille, l’artiste lui-même s’étant battu avec plusieurs studios afin de respecter et de préserver à l’écran les événements plus sombres de sa vie, tel qu’il les avait vécus.
C’est ce que le réalisateur Dexter Fletcher (Band of Brothers, Eddie the Eagle) réussit à faire avec Rocketman, après avoir déjà touché au même thème avec le film Bohemian Rhapsody l’an passé. Seulement, cette fois-ci, il va un peu plus loin dans la représentation, jusqu’à nous montrer sans gêne l’homosexualité, ainsi que la consommation destructrice de drogues de l’artiste durant ses jeunes années. Malgré tout, le montage vivant et original de cette biographie d’Elton John contrebalance efficacement ce thème pourtant si connu de la descente aux enfers de l’interprète incompris.
La performance de Taron Egerton est superbe, et exprime de façon très satisfaisante le talentueux spectacle humain qu’est Elton John. Il réussit même à imiter, et ce, jusque dans l’intonation de sa voix lors des chansons, les mimiques et gestuelles célèbres du chanteur. Une nomination certaine sera pour lui en vue lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Il est à noter aussi le jeu de Jamie Bell en Bernie Taupin, son ami de toujours, de Bryce Dallas Howard dans le rôle de sa mère Sheila, et la froideur efficace de Richard Madden en John Reid.
L’intégration des chansons à travers les scènes du film est également brillante et amusante. La plupart étant des interprétations différentes que les originales, puisque les acteurs chantent aussi les pièces, elles servent simultanément de scénario et de visuel vibrant au film, sans même en perdre la force et la magie. Et une mention honorable est aussi à faire à la designer, Julian Day, qui a réussi à recréer une bonne partie des costumes extravagants.
Malgré quelques clichés souvent vus dans des films semblables, tel que la trame de l’artiste esclave de ses dépendances, Rocketman est au final une fantaisie musicale qui ne pourrait pas être plus représentatif de la vie du chanteur. Les fans apprécieront les plusieurs clins d’œil à sa carrière, tandis que les non-initiés découvriront avec plaisir cette biographie de l’un des plus grands interprètes d’aujourd’hui.
Rocketman, en salle partout au Québec dès le vendredi 31 mai 2019.