L’art de la complexité, ou la complexité de l’art?
© Warner Bros
Par : Normand Pineault
La réputation du réalisateur Christopher Nolan n’est désormais plus à faire, nous le savons bien. Il est devenu ces dernières années l’un des grands maîtres du cinéma, et sans contredit, même l’un des visionnaires préférés d’Hollywood. Depuis ses débuts avec des films comme Memento, ou The Prestige, en passant par sa trilogie de Batman, The Dark Knight, jusqu’à des films plus récemment prisés tels que Inception, Interstellar ou Dunkirk, il a toujours su infuser complexité et originalité dans toutes les couches de ses scénarios, tout comme dans sa réalisation. Il fallait bien évidemment s’attendre à ce que son tout dernier film ne déçoive pas en ce sens, et qu’il nous en mette plein la tête.
Dans un monde d’espionnage international, un agent de la CIA connu simplement sous le nom de The Protagonist (John David Washington) est engagé par une mystérieuse compagnie appelée Tenet. Il ne sera toutefois pas au bout de se peines lorsqu’il devra apprendre à maîtriser l’inversion du temps, et ce, afin d’arrêter un vendeur d’armes russe (Kenneth Branagh) avant qu’il ne s’apprête à déclarer la 3e guerre mondiale. Dans cette tâche monumentale, il se fera aider par la femme même du terroriste (Elizabeth Debicki), de même que par un curieux allié du nom de Neil (Robert Pattinson).
Au premier abord, l’intrigue semble assez facile à comprendre. On voit très bien, dès la scène d’ouverture musclée dans une salle d’opéra, que Nolan n’a pas perdu la main. Le thriller et l’action sont au rendez-vous, et la trame sonore — cette fois-ci produite avec efficacité par Ludwig Göransson, puisque Hanz Zimmer n’était pas disponible — est entraînante, et gonflée d’adrénaline. Seulement, le scénario prend de l’ampleur en complexité lorsque les personnages commencent à exécuter des inversions de temps sur de simples objets ou humains. Toute notre attention devient alors sollicitée rien que pour ne pas se perdre dans le déroulement compliqué de l’intrigue passée/future.
Ce film n’est définitivement pas pour tous. Christopher Nolan maîtrise comme toujours la narration et la réalisation, mais tend cette fois-ci plus du côté de l’art que du divertissement. Les amateurs d’action classique seront ravis, puisqu’elle est plus que présente et nous tient en haleine par son originalité, mais ils se perdront par contre dans les méandres de la science-fiction qui parsèment l’histoire. À l’inverse, les critiques adoreront décortiquer la science et les théories du film au travers de ses scènes, mais on peut très bien voir aussi que les aspects techniques n’ont pas été aussi pris au sérieux qu’un film comme Inception.
© Warner Bros
En résumé, Nolan nous offre une sorte d’hybride entre un James Bond et un épisode de Twilight Zone, qui toutefois regorge de solides performances de la part des acteurs et des actrices. À coup sûr, il faudra peut-être plus d’un visionnement afin de discerner toutes les subtilités de l’intrigue et du scénario complexe, mais ce dernier reste tout de même grandement satisfaisant.
Tenet, en salle partout au Québec dès le mercredi 26 août 2020.
Texte révisé par : Johanne Mathieu