Un vol d’oiseau et de temps
© Warner Bros
Par : Normand Pineault
De nos jours, il est rare de réussir à satisfaire autant le lecteur que le spectateur, et bien trop souvent nous entendons qu’un roman n’a pas été correctement adapté au grand écran pour en décortiquer toute sa subtilité. À l’inverse, tenter d’inclure dans un film chacun des détails d’une œuvre écrite afin d’en faire une reproduction fidèle peut très rapidement mener à une surdose d’informations inutiles et de longueurs pour le spectateur moyen. Et c’est malheureusement dans cette deuxième catégorie que tombe le nouveau film du réalisateur John Crowley, The Goldfinch.
Première collaboration des studios Amazon et Warner Bros, le film nous raconte l’histoire de Theodore Decker, un jeune New-Yorkais qui voit sa vie ébranlée lorsque sa mère est victime d’un attentat à la bombe au Metropolitain Museum of Art. Dès lors orphelin, il est recueilli par une riche famille qui essaie avec difficulté de l’intégrer à leur vie. Seulement, Theodore demeure intimement marqué par la perte de sa mère, mais également par le vol troublant d’une des œuvres d’art du musée, dont le souvenir le hantera tout au long de son passage à la vie adulte.
À première vue, l’intrigue du film semble vouloir nous faire porter attention aux événements qui se sont passés hors caméra lors de cet attentat à la bombe, mais il n’en est rien. Cette tragédie nous est tout simplement présentée en flashbacks épars, perdus dans le reste de l’histoire, ce qui enlève tout le poids de l’événement déclencheur de la descente aux enfers du jeune Theodore, qui sombre dans le mensonge et la drogue. À vrai dire, la longueur inutile 149 minutes du film semble un rapiècement des sous-intrigues et des chapitres du livre qui ont plus ou moins d’impact, ou qui n’ont aucune valeur propre au spectateur, à un point même où nous ne savons plus sur quoi porte l’histoire principale qu’on essaie de nous raconter.
Mis à part Oakes Fegley et Finn Wolfhard (Stranger Things, IT), qui nous donnent des performances acceptables, et une belle démonstration d’amitié entre deux jeunes de familles dysfonctionnelles, le reste de l’ensemble d’acteurs est platonique. Ansel Elgort (Divergent, Baby Driver), Luke Wilson, Sarah Paulson, Jeffrey Wright, ne semblent là que pour faire acte de présence dans ce drame, tandis que Nicole Kidman demeure distante et froide. Le piètre masque de vieillissement que porte cette dernière plus tard dans le film devient même un détail flagrant et agaçant qui nous fait rapidement décrocher de l’histoire, et qui nous fait perdre notre intérêt pour elle.
Les connaisseurs du roman de Donna Tartt pourront apprécier l’adaptation au grand écran de ce drame psychologique, mais elle risque par contre d’ennuyer plus le spectateur non initié, qui regardera à coup sûr sa montre à plusieurs reprises durant le visionnement, attendant avec impatience une fin qui laisse beaucoup à désirer.
The Goldfinch, en salle partout au Québec dès le vendredi 13 septembre 2019.
Texte révisé par : Annie Simard