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Waiting on… Elliot Maginot

Une tradition de Noël continuée

couverture Elliot Maginot Waiting on Christmas
Crédit photo : photo officielle

Par : Lucia Cassagnet

Ça fait déja quelques années qu’Elliot Maginot (Gabriel Hélie-Harvey) fait un petit cadeau pour le temps des fêtes à ses fans en sortant une chanson de noël. Waiting on Christmas est sortie le 12 novembre, mois du Movember, dont Elliot Maginot est le porte-parole québécois cette année. Pour l’occasion, Mattv s’est entretenu avec l’auteur-compositeur-interprète québécois. 

Mattv : Waiting on Christmas, c’est un titre évocateur de l’attente, le fait que les journées ne s’écoulent pas et que le temps des fêtes tarde à arriver. Est-ce que c’était un peu ton état d’esprit lorsque tu a composé la chanson ? 

Elliot : C’est sûr que c’est un bon lien avec l’état des choses globales, sociales. On est tous un peu à bout de souffle cette année. C’est un peu comme une mauvaise nouvelle sur l’autre. C’est un sentiment que, pour une des rares fois, je ressens vraiment. Ce qui est le beau problème d’être super occupé. C’est vraiment merveilleux, j’adore ça. Mais on dirait qu’en fait, je retrouve le sentiment que j’avais quand je faisais des jobines peu payantes, puis je travaillais beaucoup pour arriver à payer des factures et tout ça.

Donc, j’ai comme, pas le temps de souffler. Et non plus de me donner le droit de déconnecter le cerveau. Il y a comme une culpabilité qui vient avec le fait. La plupart des gens n’ont pas le luxe de pouvoir faire fi de ce qui se passe. Donc j’ai l’impression que Noël, c’est comme les deux semaines où on peut faire comme ok, on met ça en pause. On n’est pas obligés de s’habiller le matin. On peut chiller toute la journée. On peut manger ce qu’on veut. On peut prendre du temps pour soi.

Mattv : Parle nous un peu du mini-film qui accompagne la chanson. La vision en noir et blanc avec toi sur l’image, ça vient d’où ? 

Elliot : En fait, à ce moment-là, je suis en train de construire des systèmes d’amplis pour les gars dans mon band. On s’est rendus compte que tous les modèles qu’on avait étaient mal adaptés. On avait des problèmes. Et je me suis dit, je suis capable de gosser le bois un peu, je vais faire ça.

Et surtout je lève mon chapeau à Movember, parce que c’est grâce à eux que j’ai découvert mon potentiel de créateur de contenu. Dans le mandat il fallait faire du montage pour faire des publications et tout ça. Donc, j’ai mis mon téléphone à différents endroits pendant que je faisais ça et j’ai fait un petit montage. Je me trouvais bon de faire ça.

Et je voulais aussi rappeler l’image du lutin qui travaille à la chaine sur le même jouet qui ne fait que mettre le chapeau sur 60 000 petites poupées. Je me rends compte aussi que la meilleure façon de rejoindre les gens est de tout faire in house, que ça vienne de toi.

Mattv : Cette pratique de tout faire in ouse fait écho à ton dernier album I Need to Stay Here sorti en mars cette année. Après cet album et la chanson faits in house, en quoi ce processus de création diffère de celui plus traditionnel de déléguer aux professionnels ? 

Elliot : Je pense qu’en général, l’industrie – et pas juste la musique – le divertissement, est en train de changer. Il y a des outils de plus en plus disponibles pour être super autonomes. Il y a moyen d’apprendre tellement d’affaires sur internet. C’est vraiment le fun de savoir que tu peux tenir les rênes de la propre destinée. Si tu ne sais pas comment faire quelque chose,   bien, il y a sûrement quelqu’un dans ta gang qui le sait. On dirait que j’essaye de ramener le troc dans cette industrie, de ramener l’échange. Viens faire une session de voix et moi je fais ça pour toi. 

Mattv : Te sens-tu plus connecté à ce que tu produis si fais partie de chaque étape de création, en partant de l’écriture à la production d’une chanson et les visuels qui l’accompagnent ? 

Elliot : Je vois une différence dans la manière dont j’aborde ça. On dirait que c’est hautement plus motivant. Au début, tu fais de la musique et tu te dis, ah c’est le rêve. Tu fais de la musique comme ton métier, tu as atteint le plafond. Et à un moment donné tu te rends compte que, finalement, ce que t’aimes c’est, évidemment faire de la musique, mais ce qui est intéressant c’est de le faire en communauté, c’est de développer une proximité avec les gens.

Mon point, c’est que ça vaut pas la peine de le faire si ce n’est pas avec des amis. Peut importe si c’est la tournée, faire des vidéos, n’importe ce que c’est, si je ne le fais pas avec mes amis et des gens qui sont ma gang dans le sens du terme ça ne m’intéresse plus. 

Et on se rend compte que c’est possible de le faire et tout le monde amène leurs talents là-dedans. Je pense que ça a été mon année préférée en termes de travail. Et pas juste parce que ça va bien, on a des spectacles. Mais, dans le sens, qu’on dirait que j’ai trouvé une manière d’être avec les gens que j’aime et de reconnaître l’effort de tout le monde.

Mattv : Quel est l’élément essentiel qui rend noël vrai pour toi ? 

Elliot : Cette année ça va être un peu plus tough parce qu’on attend encore la première neige et le vibe n’est pas là. Mais, pour moi, c’est vraiment d’aller chercher le sapin au marché Maisonneuve. Ils les sortent jamais au même moment et là cette semaine j’étais au marché et ils venaient d’arriver. C’est vraiment le déclenchement. 

La tournée d’Elliot Maginot continue son parcours un peu partout au Québec avec encore quelques dates avant la fin de l’année et plus encore en 2025. Pour connaître toutes les dates, c’est ici

Mattv : Parlons de Movember un peu car au-delà de représenter cette cause qui met de l’avant le cancer de la prostate et des testicules, tu amènes aussi l’aspect de la santé mentale chez les hommes et tous les tabous qui viennent avec cela. 

Elliot : Je n’ai pas la prétention de pouvoir apporter quoi que ce soit de nouveau à la conversation. Je n’ai aucune expertise sur le sujet, je peux juste parler de mon expérience et mon entourage. Ce que je sais, c’est qu’il y a des choses sur les relations avec les autres sur lesquelles j’ai travaillé, sur lesquelles, dans ma gang d’amis et dans mon milieu, on se force à changer.

C’est triste à dire, mais c’est vrai que les hommes on ne se parle pas beaucoup de nos émotions, on a de la misère à se montrer de la tendresse les uns envers les autres. Ça a tellement l’air niaiseux mais dans ma gang d’amis, et c’est mes amis avec qui je travaille, avec qui je suis en tournée, on s’est fait un devoir de réactualiser comment on se sent les uns par rapport aux autres, de nommer les choses qui nous ont déplu. Et ça a tellement changé les choses.

La tournée en ce moment est tellement une des plus douces et bienveillantes que j’ai jamais faites. Car on s’est tous fait un pacte de se nommer les choses et que la priorité numéro un soit de prendre soin des autres, de respecter les limites, les bulles, d’être à l’affût, à l’écoute des choses blessantes qu’on peut faire sans le vouloir. 

Donc, je pense que le seul message que je peux amener est soyez doux, soyez fin. Mais pas de manière abstraite, mais bien concrètement, activement. 

Après ça, évidemment, il y a des trucs qui demandent des solutions plus structurelles, plus organisées, avec de la recherche et l’accès aux soins de santé puis tout ça. Mais je pense qu’à petite échelle, il faut commencer par juste être doux avec les gens puis se rappeler que tout le monde en arrache. 

Le cancer de la prostate tue encore mais je pense que le problème de santé mentale tue de plein de manières très insidieuses directes et indirectes et c’est vraiment le grand mal du siècle. 

La campagne de Movember se poursuit jusqu’à la fin du mois de novembre.

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