Une ode à la Ville Lumière, une ode à la différence
©Courtoisie
Elle possède le phrasé d‘Aznavour et le bagout de Piaf, mais Zaz, Isabelle Geffroy de son vrai nom, conserve une saveur bien à elle tout à fait irrésistible. La salle comble de la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts qui l’a accueillie mardi dernier dans le cadre du Festival Montréal en lumière en est la plus belle preuve. L’interprète française de 35 ans a brillamment séduit la foule en chantant les louanges, les peines, les beautés et les désespoirs du Paris d’hier à aujourd’hui.
Un public endiablé et pratiquement conquis d’avance a appuyé généreusement la première partie qui fut assurée par le band montréalais Le Hot Club de ma rue. Proposant un style rappelant le jazz festif de Pink Martini, ce groupe, mené de main de maître par la puissante voix de Felicity Hamer a proposé des compositions entraînantes mais quelque peu redondantes. Le numéro aurait gagné à être plus court d’une dizaine de minutes.
La vedette de la soirée est apparue sur scène aux alentours de 21 heures, soit une heure après le début du concert, ce qui a exigé bien de la patience de la part de la ribambelle d’enfants présents. L’attente en a valu largement la peine car Zaz affichait une présence scénique tout aussi scintillante et élégante que le tailleur noir et les baskets ornés d’une ligne de brillants qu’elle portait.
Pour son septième passage à Montréal, Zaz a offert le spectacle Paris qui, en plus d’être un vibrant hommage à la Ville Lumière, met en valeur les chansons tirées du troisième album de l’artiste, qui se nomme également Paris. Les titres intemporelles Sous le ciel de Paris de Jean Dréjac et Paris sera toujours Paris d‘Albert Willemetz ont merveilleusement ouvert la soirée. Accompagnée majestueusement d’une équipe de musiciens chevronnés dont le trompettiste Claude Egea, Zaz, qui a elle-même joué avec passion de la thérémine, a pondu un divertissement familial de haute qualité. Bougeant constamment d’un bout à l’autre de la scène et taquinant ses musiciens en les poussant et déconcentrant, Zaz est parvenue à insuffler de l’énergie à l’auditoire.
Au-delà des succès parisiens, l’artiste a réussi à faire découvrir son propre répertoire avec fougue et dévouement dont l’émouvante Port Coton et la troublante La Fée, dans laquelle elle a d’ailleurs convié le public à crier leurs émotions refoulées depuis les 10 dernières années. Un moment phare du spectacle a également été la reprise de la chanson Dans ma rue, popularisée par nulle autre que Édith Piaf. Pendant ce numéro, Isabelle Geoffroy a incité les spectateurs à fermer les yeux afin de mieux cerner la gravité de cette histoire mettant en scène une petite fille pauvre dans le Paris ouvrier des années 30.
Bien évidemment, les gradins se sont déchaînés lorsque Zaz a entamé les premières notes de On ira. Voir tous les gens présents se lever d’un blond et taper des mains a été un instant rassembleur fort touchant. Avant de troquer le tailleur pour une somptueuse robe noire avec des franches rappelant la belle époque des cabarets, Zaz a invité sur scène la formation québécoise a capella QW4RTZ pour offrir une prestation saisissante de Éblouie par la nuit.
Bref,en déclarant son amour pour Paris et en sommant le public d’embrasser leur personnalité peu importe l’opinion d’autrui, Zaz a proposé une soirée inoubliable. On espère déjà que la huitième visite en sol montréalais ne saura tarder!