La pièce 5 balles dans la tête à nouveau sur les planches
Par : Annie Dubé
Présentée dans le cadre de la série En rappel de Duceppe, la pièce 5 balles dans la tête de Roxanne Bouchard aborde des thèmes trop peu discutés avec un coeur ouvert. Au centre de ce spectacle se trouve la question de l’altérité, c’est-à-dire la rencontre de l’Autre. Comment une femme de lettres et enseignante de littérature au collégial pacifiste peut-elle s’entendre avec des militaires qui ont tué des gens, ou du moins, comment peut-elle les entendre et se sentir elle aussi entendue ?
L’autrice s’est réellement plongée dans le monde des Forces armées canadiennes avant de créer ce projet. Basée sur sa quête, la pièce baigne dans une ambiance située quelque part entre la pédagogie et les traumatismes du combat. Avec un filet de sable qui s’accumule sur la scène progressivement au fil des minutes, on s’imbibe lentement avec elle des souvenirs que de réels militaires lui ont confiés lors de leurs échanges, malgré tout ce qui les sépare au point de départ.
Entre parole et silence
Avec comme décor des caisses, un bureau, la scénographie et la mise en scène sont efficacement simples, mais les mots manquent parfois d’intensité à mon goût pour un thème si troublant. Le jeu des acteurs ressemble à l’énergie d’authentiques militaires sous toutes sortes de formes et on y croit. Chacun a son histoire, qui peut même changer au fil des années…
J’aime beaucoup la puissance du titre 5 balles dans la tête, mais j’ai trouvé qu’on ne la retrouvait pas dans le texte. Peut-être aurais-je souhaité encore plus connaître l’enfer intime qui habite la psyché traumatique de ces hommes et femmes, mais il est habile que le filtre plus doux de la voix de l’enseignante diminue le potentiel de déclencheurs chez certains membres du public, puisque cette pièce les intéressera assurément, tout comme les proches qui gravitent autour d’eux et qui désirent en savoir plus sur ce qu’ils ne vivront jamais.
Du sable dans l’engrenage humain
Un sujet qui vaut la peine d’être exploré sans être tue, voilà un travail de recherche fort intéressant, dont la puissance ne m’a pas tout à fait atteinte le soir de la représentation. Le public semblait en grande part avoir apprécié son expérience ! Quelques moments m’ont donné un frisson, mais j’en suis ressortie avec des idées stimulantes plutôt que des émotions denses. Car il s’agit là d’un sujet qui fait réfléchir, et qui devrait !
Pour l’essayer à votre tour, elle est présentement à l’affiche à la Place des arts de Montréal, dans la Cinquième salle. Pour les billets, c’est par ici.
Crédit de couverture : David Ospina
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