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Visionnement : IT, Chapter 2

Une peur qui perdure

© Warner Bros

Par : Normand Pineault

Adapter l’un des plus gros et complexes romans du maître de l’horreur Stephen King n’est pas chose évidente. Les 1138 pages du livre ont déjà fait l’œuvre d’une série télévisée en 1990, où Tim Curry avait interprété avec brio le diabolique clown Pennywise. 27 ans plus tard (coïncidence ?), le réalisateur Andy Muschietti nous offrait une toute nouvelle adaptation au grand écran du chef-d’œuvre d’épouvante IT, en le séparant plutôt sur deux films. En 2017, le premier avait déjà frappé dans le mile en nous présentant les peurs des jeunes protagonistes de la ville de Derry. Cette fois-ci, cette deuxième partie nous fait vivre celles oubliées des héros maintenant devenus adultes, celles refoulées par le traumatisme vécu lors de leur jeunesse. Mais ce qui risque toutefois d’effrayer le plus les spectateurs lors du visionnement de cette tâche monumentale, c’est plutôt sa durée de 2h45 minutes !

Après avoir fait le pacte de se réunir à nouveau si jamais le clown refaisait surface, le « club des ratés » se voit alors contraint, 27 ans plus tard, de se retrouver afin de l’éliminer une fois pour tout. Seulement, ils devront alors faire également face à un ennemi qui les attend de pied ferme, et qui ne se gêne pas non plus pour se métamorphoser en leurs démons qu’ils refoulent eux-mêmes depuis leur enfance. Ce n’est qu’en essayant de confronter chacune de leurs propres peurs qu’ils tenteront, ensemble, de trouver le courage et la force de vaincre l’entité du nom de Pennywise.

Bien que Bill Skarsgård vole encore la vedette dans l’incarnation du clown Pennywise, l’ensemble des acteurs adultes est très bien choisi et crédible. Outre James McAvoy et Jessica Chastain, toujours aussi bons, c’est aussi le comédien Bill Hader qui surprend dans chacune des scènes dramatiques dans lesquelles il joue. On s’ennuie par contre à l’occasion de la chimie et de la naïveté de leurs jeunes contreparties du premier film, qui semblaient avoir beaucoup plus de présence à l’écran. Ce film traitant toutefois plus des peurs de devenir adultes et des traumatismes refoulés que nous tentons d’ignorer et qui nous empoisonnent, il est beaucoup plus sombre, dérangeant, et sinistre. Les éléments d’horreur, et les différentes incarnations cauchemardesques du clown tueur, sont efficaces et poignantes à vous faire le saut plus d’une fois tout au long du film, tandis que les transitions de scènes sont originales et inventives.

Cela dit, au milieu du film, l’épouvante est séparément emmenée pour chacun des personnages, ce qui peut donner l’effet d’une certaine redondance à force de voir le même scénario se produire plusieurs fois, mais de façon différente. Elle exprime quand même bien l’horreur psychologique que doivent vivre les héros, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’elle aurait été soit plus efficace en une autre mini-série de 5 à 6 épisodes, pour bien développer les peurs de chacun, soit en un film plus court et plus frappant. Cela reste tout de même une excellente adaptation du roman, qui réussit aussi à garder une certaine profondeur des thèmes abordés dans cette histoire. Les amateurs auront même l’occasion de voir une belle apparition de l’auteur et du maître de l’horreur lui-même, tandis qu’une autre petite de Xavier Dolan nous est également offerte. Un film à voir pour des frissons garantis !

It, Chapter 2, en salle partout au Québec dès le vendredi 6 septembre 2019.