Reney Ray et sa sensibilité toute crue
© Reney Ray, photo de courtoisie
Par : Myriam Bercier
Ma chronique On vous présente est de retour pour l’année 2021! En guise de rappel, On vous présente vise à vous faire découvrir des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Cette semaine, c’est l’autrice-compositrice-interprète franco-ontarienne Reney Ray qu’on vous présente!
Reney Ray, originaire de Kapuskasing en Ontario, est également pianiste et guitariste. On a pu la découvrir dans le duo Bloodstone and Ray avec lequel elle a lancé deux albums en anglais, dont To what we all become en 2014. Depuis, elle a lancé un album en français, un album homonyme en novembre 2018. Un nouvel album est à prévoir pour le 26 mars.
© Reney Ray, photo de courtoisie
Par l’album Reney Ray, on a pu découvrir sa plume décomplexée et sensible par laquelle elle tente toujours de mettre l’emphase sur le positif. Par exemple, sa pièce Le monde est con est une chanson amère et amusante dans laquelle elle critique le monde dans lequel elle évolue (« Mais qu’est-ce tu veux quand tout l’monde est traître avec une maudite face d’air bête » ). Le p’tit Reney est une pièce bien amusante qui traite de « son propre dictionnaire » de Franco-ontarienne qui parle à la fois le français et l’anglais : « Dans le P’tit Reney, tu parles deux langues à fois, ça prend une bonne maîtrise pour le parler fluamment (Fluamment? Ça se dit-tu?). » Certaines de ses chansons abordent des sujets plus sérieux également, comme c’est le cas notamment de Protège-moi de l’ombre qui parle de violence de conjugale ou encore L’héritage (ma p’tite amour) qui, comme le nom l’indique, est une chanson pour sa fille. La dernière pièce de l’album, Le soleil est jaune pastel, traite de manière très touchante du suicide de son père alors qu’elle avait 11 ans.
© Couverture de l’album À l’ouest du réel, à paraître le 26 mars 2021. Photo de courtoisie
En décembre 2020, elle a sorti une chanson de Noël brillamment appelée F*ck Noël c’t’année qui lui permet de se défouler vis-à-vis l’année 2020 et Noël. Elle écorche notamment l’isolement du confinement, de « se faire grainer sa bière », le masque, le purell et les arc-en-ciels. Elle demande dans cette chanson d’être réveillée en janvier. De ce fait, en janvier, elle a offert une autre nouvelle pièce, À l’ouest du réel, qui met la table pour l’album de douze titres à paraître le 26 mars 2021. L’histoire de cette chanson est simple : une fille tombe amoureuse d’un homme qui, lui, tombe amoureux d’une autre fille devant ses yeux. On y retrouve un son pop-folk infusé de country. Pour aller avec cette pièce, un vidéoclip signé par Ludwig & Moroe a été filmé mettant en vedette Reney Ray, Debbie Lynch-White et Samuel Côté qui met en image l’histoire de la chanson en la mettant dans le décor d’un Bed & Breakfast.
J’ai eu la chance d’avoir Reney Ray en entrevue sur Zoom la semaine dernière. Nous avons parlé notamment du fait de chanter en français et en anglais, son envie de communiquer ce qu’elle a vécu avec les gens, son album à venir dans un jour (!) et son implication dans la Country Music Association. Sans plus attendre, voici notre entrevue!
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amené à faire de la musique?
Reney : J’ai toujours joué des instruments depuis que je suis petite, mais j’ai commencé à écrire des poèmes quand mon père est mort, ce qui a finalement viré en chanson, ce qui me faisait vraiment du bien. Ça m’a donné une conviction de faire de la musique et d’écrire des chansons.
Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire pour créer une chanson maintenant?
Reney : Tout. Tout. Tout ce que je passe au travers, mes expériences de vie, mes rencontres que ce soit amicales, amoureuses, dans ma carrière, peu importe, il y a tout le temps quelque chose qui va me fasciner ou qui va me donner des idées de chansons. Mon téléphone est plein de notes « écris à propos de ça, écris à propos de ça ». J’aime beaucoup écouter les histoires de gens, ça va m’inspirer certaines chansons aussi.
Myriam : Est-ce que c’est plus difficile d’écrire avec la COVID comme on a moins de contacts sociaux ou toi ça n’a pas changé?
Reney : J’ai écrit énormément, j’ai fait tout mon nouvel album qui va sortir pendant la COVID. Malgré que je n’ai pas vu personne, j’ai vécu beaucoup d’épreuves. Dans la souffrance, on écrit en tabarnouche, ce qui est bon. C’est une manière de rester positive à quelque part. Ça a fait que j’ai resté forte à travers de tout ça.
Myriam : Tu faisais partie du groupe Bloodstone and Ray avant, dans lequel les chansons étaient en anglais alors qu’avec ton projet solo les chansons sont davantage en français. Est-ce qu’il y a une langue que tu préfères pour l’écriture des chansons ou est-ce que les deux te permettent des choses différentes?
Reney : Les deux me permettent des choses différentes. C’est sûr que j’ai un penchant pour l’anglais parce que c’est plus accessible, plus facile de s’exprimer tandis qu’en français des fois… pour fiter certains mots ou certaines choses que tu essaies de décrire en chanson on dirait que c’est plus long, des fois il faut que tu y penses plus, en anglais on dirait que c’est simple, ça se dit tout seul. J’ai commencé le projet en français et il est en demande pas mal, donc je le continue, mais je retourne quand même faire des albums en anglais dans le futur. Je vais quand même sauter de l’un à l’autre, je ne vais pas abandonner ni l’un ni l’autre.
Myriam : Quel est ton processus de création?
Reney : Non, je me fais souvent demander ça et sais-tu quoi? Il n’y a pas de manière. Mon processus, c’est tout en même temps. Ce n’est pas fancy, c’est juste « hop, j’ai une idée » et quand l’idée vient, c’est comme une phrase et c’est l’air mélodique en même temps. Je m’assois et je vais la jouer en chantant. C’est juste d’une shot, donc mon processus apparaît tout seul (rires).
Myriam : C’est quand même une belle chance…
Reney : Ben oui, c’est une maudite bonne chance, c’est le fun. Je suis chanceuse!
Myriam : On en a parlé un peu avant, tu faisais partie du groupe Bloodstone and Ray, est-ce que tu penses retourner avec eux ou tu t’es vraiment lancé dans une aventure de carrière solo entièrement?
Reney : Non, je pense que Bloodstone and Ray c’était ce que c’était, de toute façon mon partner s’est ouvert une compagnie et je pense qu’il est ben heureux avec ce qu’il fait aujourd’hui. À moins qu’il m’appellerait et qu’il me dirait « ça me tente de rejouer de la guit’ » je lui dirais « OK, viens-t’en », mais je pense qu’on est tous les deux ailleurs maintenant. En anglais par contre c’est souvent le même vibe que tu vas retrouver dans mes prochains albums en anglais.
Myriam : Qu’est-ce qui t’avait amené dans l’aventure de carrière solo?
Reney : J’avais fait une chanson en français à un moment donné sur Facebook, j’ai eu vraiment beaucoup de vues, j’ai vu que le monde appréciait beaucoup donc je me suis dit que je ferais un petit EP en français. Éventuellement, le EP je me suis dit « je vais faire un album. Ça serait cool. » j’avais quelques chansons en français et je les aimais bien. Donc j’ai fait un album en français, puis ma maison de disque m’a signée pendant que j’étais en train de le faire. Ça a débloqué beaucoup là-dessus. Je n’avais pas prévu de faire rien de solo nécessairement ou en groupe. Moi, j’écris des chansons, je les enregistre, si les gens sont là, ils sont là, s’ils ne sont pas là je continue. J’aime beaucoup être en équipe par contre, mais ça ne me dérange pas d’être toute seule avec ma guitare non plus.
Myriam : En lisant sur toi, c’est ce que j’ai découvert : tu ne fais pas de la musique pour être connue, ton but c’est vraiment de faire de la musique et de communiquer…
Reney : Oui, c’est vraiment juste partager les histoires que j’ai vécu et si ça fait du bien à quelqu’un, ben tant mieux. C’est la seule affaire au travers des années qui explique pourquoi j’ai commencé à jouer de la musique et le pourquoi je continue de le faire. Si je suis connue un jour, tant mieux, mais je n’ai jamais eu un rêve d’être dans les magazines, à la télé et partout. Ce n’est pas ça qui me préoccupe (rires), vraiment pas!
Myriam : Tu vas lancer ton nouvel album le 26 mars, à quoi peut-on s’attendre avec ce nouvel album?
Reney : Vous allez vous attendre à… vous allez reconnaître Reney Ray, vous allez reconnaître que c’est moi tout de suite. Vous allez vous dire « ça n’a pas changé, tant mieux » mais ça a évolué. Ça garde mon essence, mais ça évolue vraiment bien je trouve. C’est plus coloré celui-là, il y a plus d’éléments, on dit que je suis folk-pop-country, là, j’ai exploité beaucoup les trois. Des fois séparément, des fois tous ensemble, donc c’est très cool. J’ai ben hâte. Dessus l’album, il y a une chanson en anglais, toute anglaise, parce que je veux montrer aux gens que je vais refaire un album anglais dans le futur proche.
Myriam : Je sais que 2021 c’est plus difficile et tout, mais est-ce que tu as un lancement de prévu?
Reney : J’ai un lancement le 26 mars sur les réseaux et si cet été, dès qu’on a une permission de faire des spectacles, je vais sûrement faire un lancement en personne avec les gens, j’espère! Sinon, on est en train de prévoir un super beau lancement pour le 26. Ça va être le fun! J’ai un super band avec moi, j’ai ben hâte!
Myriam : Je sais qu’on est déjà rendu en mars, mais qu’est-ce qui t’attend en 2021? Est-ce que tu as des projets quelconques?
Reney : Ben oui, je suis en train de penser déjà à mon album anglais, quelles chansons je veux, pourquoi. J’attends de voir si les tournées recommencent aussi pour ce qui va arriver, on est pas mal tous en attente avec ça, j’ai des spectacles aussi avec la tournée de Martin Deschamps qui vont recommencer. En même temps, je suis embarquée sur le conseil de CMA Ontario, donc je suis dans le conseil pour la catégorie des francophones. En même temps je vais commencer à sortir un peu plus, parler un petit peu plus de ça pour aller chercher des artistes franco-country qui aimeraient ça exploiter un peu la musique là-dedans, se faire des connexions. Je veux redonner aux jeunes, aux gens ce qu’eux autres m’ont donné. Donc je suis ben contente de faire partie de ça.
Myriam : Qu’est-ce que CMA? Je ne connais pas ça!
Reney : La Country Music Association de l’Ontario. Il y a de gros awards show à toutes les années pour ça et on est quand même plusieurs membres, mais surtout en anglais. Depuis deux ans, Michel Bénac a réussi à faire une place pour les francophones dans ce gala-là, dans cette association-là. Il a travaillé vraiment fort et là il a recruté quelques personnes pour l’aider à continuer à pousser là-dedans comme ça les Franco-Ontariens qui chantent du country ou qui sont dans la musique peuvent faire plus de connexions même dans l’industrie anglophone. Ils sont capables de faire de belles collaborations et de rencontrer plus de gens. C’est très cool, c’est un bel honneur qu’il a fait pour les francophones et je vais essayer de l’aider du mieux que je peux pour continuer à pousser ça et à faire plus de place aux francophones dans ce gala-là, dans ce country-là.
Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Reney : Ça veut dire quoi pour toi d’être un artiste accompli? Pour moi, un artiste n’est jamais vraiment accompli à moins qu’il se soit accompli en tant qu’humain aussi… Ce qui veut dire d’avoir une pleine conscience sur sa personne, sur l’impact qu’on peut avoir sur d’autres, et l’utiliser pour aider le monde à grandir.
1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Nutshell – Alice in chains
2. Ta chanson de rupture préférée?
Wouldn’t come back – Trousdale
3. Ta chanson d’amour préférée?
Apocalypse – Cigarettes after sex
4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage?
Dermot Kennedy
5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Twin Solitude – Leif Vollebekk
6. La chanson qui te rend le plus heureuse?
Find yourself – Lukas Nelson
7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup?
Don Henley (The Eagles)
8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Ride out in the country – Yola
9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Desperado – The Eagles
10. Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
Time is on your side (sur l’album à venir!)