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Artiste de la semaine

Kandle

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 ©Richmond

Par Maxime D.-Pomerleau

Il fallait voir l’industrie indé réunie au grand complet le 5 mars dernier pour accueillir l’album fort attendu de Kandle Osborne, In Flames, paru sur l’étiquette Dare to Care Records au début du mois. Ça n’a pas été trop long qu’on a adopté la jeune canadienne originaire de Victoria. Elle est rapidement devenue une des fiertés de notre scène musicale chérie!

Un duo de cordes a d’abord ouvert le spectacle avec une musique de chambre qui mettait habilement l’ambiance pour le reste du concert. Malheureusement, cette première partie a duré trop longtemps et le public s’est rapidement lassé de la présence des musiciennes. C’est donc une heure plus tard que Kandle a fait son apparition mais l’attente aura valu la peine.

S’avançant sur scène vêtue d’une robe à paillettes lui donnant des airs de sirène sortie tout droit des sixties,parfaitement agencée à sa coiffure et son maquillage habituels, son allure lui confère des airs mystiques de chanteuse pop vintage. Un simple halo de lumière blanche entoure la silhouette de l’artiste. Les premières notes de la pièce-titre In Flames résonnent dans La Tulipe. Le charme opère.

Il est bon de voir des artistes toucher le public par leur simple présence en concert et on a pu le constater alors que Kandle livrait les pièces de In Flames, entourée de ses brillants musiciens dont le guitariste Sam Goldberg Jr. (Broken Social Scene), collaborateur de longue date. N’oubliant pas ses fans de la première heure, elle a aussi interprété quelques pièces tirées de son premier EP numérique paru en 2011. Déjà à l’époque on décelait un beau style littéraire dans ses compositions, qu’elle a raffiné pour ce premier album complet.

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©Facebook

In Flames ne s’éparpille pas; on reste sous le joug d’un indie folk ténébreux sans trop s’éloigner de la recette efficace qui nous avait déjà conquis : le combo guitare et voix profonde. Qu’ils racontent des légendes qu’on croirait tirées du Moyen-âge (Demon) ou l’universelle peine d’amour (Baby, accompagnée de Cœur de Pirate), les textes de In Flames créent des images fortes; une suite de courts films noirs où Kandle évolue gracieusement, d’histoire en histoire, de personnage en personnage. On savoure le rythme sexy de Winter et la composition lancinante Not Up to Me pour ses ambiances sonores qui prennent de l’expansion; on aime le reverb bien dosé, car l’effet est loin de nous lever le cœur même si on le retrouve sur toutes les pièces. On se permet plus de latitude avec les chansons rock (So Bad, Control Me), flirtant même avec le blues et le country (Gimme a Pill), alors que le violon et le violoncelle ajoutent une touche de lyrisme dans les pièces plus lourdes (In Flames). L’album dégage à la fois une candeur et une puissance féminine souvent teintée de mélancolie.

On sent une vraie démarche artistique chez Kandle; à la fois l’album, le spectacle et le stylisme de la chanteuse forment un tout cohérent, près de sa personnalité dark & girly. On retrouve cette même attention esthétique dans ses vidéoclips, aussi fortement inspirés par le courant artistique romantique. Sorcière des temps modernes, Kandle aurait tôt fini au bûcher à une certaine époque, à voir comment elle fascine la foule. Difficile de l’imaginer chanter devant à peine 35 personnes comme elle nous l’a raconté en début de spectacle!

Confirmant que sa prestation en concert est aussi efficace que sur disque, Kandle Osborne rejoint les rangs de chanteuses comme Grimes, autre conquérante au magnétisme foudroyant. C’est dans cette classe qu’on retrouve l’artiste : celle des peuples mythiques, appartenant à un autre monde, enchanteresses aux voix qui hantent les mortels. Kandle offre une proposition musicale unique dans la scène actuelle. Elle a le look, la voix, le charisme et le solide album dont elle a besoin pour se tailler une place plus que respectable dans l’industrie.