Exercice de style
La pièce présentée au Théâtre Prospero jusqu’au 27 avril, tirée d’un texte de l’actrice et autrice brésilienne, Grace Passo, est inclassable. Des qualificatifs viennent néanmoins : expérimentale, hermétique, cantonnée. Une chose est certaine, une espèce de trouble s’empare de nous tout le long de ce spectacle.
La présentation de soixante minutes allie la voix de Maryline Chery aux gestes de Peggy Nkunga Ndona. La première nous enveloppe d’une narration vocale incroyablement efficace, alors que la seconde incarne superbement les mots de l’autre.
L’autre, l’éthérée, une voix qui n’en est pas une, tisse un récit dont les tenants et aboutissants restent obscurs. Sa direction et sa destination nous jettent dans une certaine confusion. À moins que ça soit le manque de sensibilité ou d’intelligence artistique de l’auteur de la présente chronique qui influencent cette appréciation indécise.
Aussi, la mise en scène ne nous aide pas beaucoup à trouver un sens à ce que l’on écoute et voit sur les planches du théâtre. Bien sûr, le texte appuie sur des boutons à la mode et soulève des leviers qui résonnent dans une certaine actualité, mais le spectateur lambda se cherche beaucoup pendant la pièce. Toutefois, il ne s’ennuie jamais. Voilà le paradoxe de cette pièce.
Le talent des deux protagonistes de l’œuvre y est sûrement pour quelque chose. Le plaisir que l’on goûte à se tenir assis devant leur ouvrage est un peu entaché d’une impression de dilapidation d’un brio certain au sein d’un brouillard chaotique.
Bref, Vague chair se fait la preuve qu’un exercice de style peut apporter son lot de saines interrogations, de plaisir même, à l’instar d’une peinture abstraite, sans nécessairement fournir d’émotions ni de suffisamment de réflexions.
Veuillez noter que le rôle joué par Peggy Nkunga Ndoga peut aussi être tenu par Annaïla Telsaint lors de certaines représentations. Les billets pour le spectacle sont disponibles au Théâtre Prospero.