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Éternel Orlando à la Maison symphonique

Une proposition audacieuse!

Orchestre Métropolitain
Crédit photo : Denis Germain – Orchestre Métropolitain

Par : Marie-Christine Jeanty

L’Orlando de Virginia Woolf traverse les siècles. Alors que l’histoire de la littérature anglaise imprègne la nouvelle de Woolf, c’est la musique et son évolution qui jalonnent ce spectacle mariant théâtre et musique symphonique, mis en scène par la grande Lorraine Pintal. Dans une époque où l’on questionne de plus en plus le genre, ce roman apparaît comme une œuvre visionnaire. En effet, le personnage d’Orlando est d’abord un jeune homme qui évolue à la cour de la reine Élizabeth 1re, où il découvre les rouages du pouvoir et de l’amour. 

Un jour, alors qu’il s’était assoupi sous un chêne, il se réveille femme. Ce changement permet à Virginia Woolf d’explorer toutes les différences de traitement entre hommes et femmes, levant le voile sur les inégalités et les asymétries.  En faisant passer Orlando de la page à la scène, Lorraine Pintal et l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Naomi Woo, posent à leur tour des questions sur l’expression de genre, incluant les disciplines artistiques et leurs limites respectives. Située au confluent de la pièce de théâtre avec musique et du concert avec texte acté, la proposition met en scène cinq acteurs et actrices se glissant dans la peau de personnages du roman, selon une distribution fluide faisant fi de l’adéquation entre le genre des acteurs et le genre des personnages.

Éternel Orlando
Crédit photo : Denis Germain – Orchestre Métropolitain

On passe ainsi de Handel à la cour élisabéthaine à Tchaïkovski lors de sa rencontre avec la princesse russe Sacha, jusqu’à aujourd’hui avec la création d’un concerto pour violoncelle de Nathalie Joachim, présenté en première canadienne. Tandis que la première partie du concert Éternel Orlando faisait le pont entre la féminité et la masculinité, brouillant les frontières entre les genres, ce concerto bouscule les conventions de la musique symphonique occidentale en y insérant des éléments stylistiques clairement tirés de styles musicaux afro-américains ou africains. Dans son ensemble, Had to Be représente les rapports complexes entre les genres, les ethnies, les classes et les styles. L’œuvre rend hommage au choix – continuellement renouvelé – de la liberté.

Il s’agit de la toute première œuvre pour orchestre entier et soliste de la compositrice Nathalie Joachim, écrite spécifiquement pour l’étoile montante du violoncelle Seth Parker Woods. La présence sereine de celui-ci apporte une amplitude à la composition. Avec ce spectacle audacieux abordant de front les questions d’identité, l’OM continue d’investir l’expression artistique du rôle d’agent de changement pour le plus grand plaisir du public qui continue à se diversifier.