Entre Spiritual Jazz et Hip-Hop

Par : Martin Postel-Vinay
En ce troisième jour du Festival International de Jazz de Montréal, on n’est toujours pas au bout de nos surprises.
Cette fois-ci, c’est au Club Soda que les fans de percussions se retrouvent. Le batteur de renom Makaya McCraven y prend place avec son groupe, composé d’un saxophoniste, d’un vibraphoniste, d’un bassiste, et d’un univers sonore bien à lui.

Ils arrivent sur scène calmes, sans expression, comme s’ils rentraient chez eux après une longue journée. Quand on sait ce qui va suivre, on comprend que c’est une manière de faire le vide. Car la musique de Makaya McCraven est tout sauf anodine : elle est introspective, presque mystique.
Spirituelle même, c’est le mot juste. Le concert s’installe quelque part entre le spiritual jazz et le hip-hop. Les lignes de basse sont lourdes et imprévisibles, les batteries nerveuses, presque épileptiques. Le vibraphone est joué avec dynamisme et élégance, tandis que les nappes de synthé oscillent entre la lévitation planante et des fulgurances funk. Le saxophone, lui, se fait vaporeux, méditatif.

Le but semble clair : nous surprendre à chaque note. Ils ne sont jamais là où on les attend, et c’est ce qu’on aime. Les musiciens jouent avec assurance, calme, et se permettent des improvisations avec les différentes percussions qui sont éparpillés sur scène : grelots en bois, clochettes en métal, lamelles métalliques, d’autres objets qui semblent indescriptibles, même une petite flûte qui ressemble à un jouet. Rien n’est laissé au hasard, tout est là pour éveiller les sens.

McCraven est pour sa part en transe du début à la fin. Il semble donner ses tripes sur scène au point d’oublier qu’il est sur scène. Chacun de ses coups de baguette est perçu comme une leçon de musique. Il expérimente des rythmes et des placements qui ne manquent aucunement de nous surprendre pour mieux nous emmener dans son univers, mieux nous raconter son histoire.
Au final, plus qu’un concert, c’était une expérience. Un voyage intérieur rythmique, riche, brut et sincère, au coeur de l’univers sonore méditatif de Makaya McCraven.
Crédit Photos : Martin Postel-Vinay / Mattv