Soirée de double lancement : Bronswick et Paupière
Nous étions dans l’ambiance de fête vendredi dernier alors que l’étiquette montréalaise Lisbon Lux Records célébrait ses trois années d’existence. Cette étiquette, qui se spécialise en musique pop synthé et électro, rassemble entre autres Le Couleur, Beat Market, Fonkynson et Das Mörtal. Et pour souligner cet heureux anniversaire, deux membres de la famille, Bronswick et Paupière, en ont profité pour lancer officiellement leur plus récent minialbum.
Bronswick
Le public ne s’est pas fait prier longtemps pour se rassembler devant la scène alors que Catherine Coutu et Bertrand Pouyet, qui forment le duo Bronswick, se sont présentés sur scène. Tout simplement, mais sûrement, les deux collègues ont présenté leur plus récente offrande, Chassés-croisés, devant un public attentif, oscillant au son de la musique.
Une belle chimie s’opère entre Coutu et Pouyet que ce soit sur l’album ou sur scène. On assiste à une belle fusion entre le pastel et le sinistre. La douceur assumée dans la voix de Catherine s’accouple bien aux intonations ténébreuses de Bertrand, qui me font penser à celles d’Étienne Daho. Cette dichotomie se trouve également dans leur musique et dans les thèmes abordés dans leurs chansons.
Très cinématographique, la musique de Bronswick pourrait facilement accompagner un personnage de film qui est en plein rêve éveillé. Il y a un aspect onirique qui frôle la réalité. En fait, elle fait plus que frôler, elle marche main dans la main avec elle. On entame le voyage avec le plus animé Comme la mer pour se rendre au contemplatif Insomnie. Entre le rêve et le matériel, nous n’avons pas besoin de choisir. Par le biais de mélodies enivrantes, on se balade entre diverses dimensions.
Le duo a assuré la coréalisation de l’album avec Julien Manaud, qui est d’ailleurs l’un des fondateurs de Lisbon Lux Records. On a droit à une œuvre pop synthé à la fois éclatante et chaude, rappelant de paresseuses journées d’été. On entend les influences tirées de la chanson française des années 1980, pensons à Mylène Farmer. On y entend également des ressemblances avec la pop plus sombre et rythmée de The Knife. Le résultat est accessible, accrocheur et séduisant. Le sensuel Un degré de séparation plane dans ma tête depuis quelque temps. Il ne risque pas de partir de si tôt. Tant mieux.
Paupière
©Christine Grosjean
Ma première rencontre avec Paupière date de l’été dernier, en plein MEG alors que Lisbon Lux Records présentait une autre de ses chaudes soirées au Divan Orange. À l’époque, il me semble que le label et le groupe se courtisaient encore. Depuis, le groupe a joint les rangs de LLR chez qui il a lancé l’EP Jeunes instants, en vente depuis le 29 janvier.
Pierre-Luc Bégin (We Are Wolves), Julia Daigle et Éliane Préfontaine livrent une pop frenchy 80s. On ne réinvente peut-être pas la roue, mais on se l’approprie avec brio avec une musicalité sans compromis et des chœurs qui se fondent merveilleusement bien ensemble. Les rythmes lascifs et les sonorités sombres soutiennent de leur côté des textes plutôt crus, parfois cyniques. Malgré les effluves eighties, le tout est quand même bien de notre temps.
Sur scène, le trio offre une performance haute en attitude et d’une délicieuse arrogance. On propose un spectacle sexy, et ça commande l’attention. Le groupe a déjà ses fans alors qu’autour de moi, je pouvais voir plusieurs chanter les paroles des chansons avec le groupe alors que d’autres avaient mis de côté leur inhibition afin de danser sur ces airs chauds et sensuels.
Malgré sa relative jeunesse, le groupe semble être sur une bonne voie. En plus d’avoir été signé avec Lisbon Lux, le groupe a également signé un contrat avec l’étiquette française Entreprise. Et en mars, le trio s’envolera de l’autre côté de l’océan afin de présenter une série de spectacles en France et en Italie.
Photo de couverture © Thomas Pison