Un chef d’œuvre revisité, le bonheur!

Par Lynda Ouellet
C’est devant une salle comble que l’Opéra de Montréal nous présente l’incroyable Don Giovanni de Mozart ce samedi 27 septembre à la Salle Wilfrid-Pelletier. Accompagné par l’énergique chef Kensho Watanabe, le Chœur de l’Opéra de Montréal et l’I Musici de Montréal, le déploiement fut à la hauteur des trois heures (avec entracte) que nous avons passées à écouter cette tragédie parfois comique, parfois frappante de réalisme sur la nature humaine.
Plein la vue!

La mise en bouche par l’orchestre a donné le ton. On sentait que tous les musiciens étaient totalement à l’aise. La musique nous entraîne et, parallèlement, un tableau nous est offert sur la scène par ces femmes en différents habits qui témoignent du drame qui viendra.
Le décor est impressionnant avec ces colonnes et ces escaliers qui se transforment au gré des actes tantôt en jardin, tantôt en palais et en cimetière. La mise en scène utilise tous les artifices pour créer le mouvement et conserver l’action. Ce soir nous avons vu un opéra avec tout ce que cela implique d’envergure. En fait, la mise en scène nous a permis de suivre l’histoire sans moments creux.

Ces chanteurs qui nous transportent!
En bref, Don Giovanni est un séducteur sans scrupules, qui défie l’ordre moral. Il est amoral et, après avoir blessé et heurté tout son entourage, sa condamnation est irrémissible. Il est emporté en enfer par le spectre du Commendatore.
Nous avons été choyés par le talent des chanteurs. Nous avons entendu un Don Giovanni (John Brancy), flamboyant et ironique, qui a bien alterné entre sa fougue et sa douceur. Le baryton nous montre sa polyvalence pour faire ses conquêtes.

Quant à Leporello (Ruben Drole), baryton, il nous offre à la fois le côté drôle et sérieux. Sa performance concernant le catalogue des conquêtes de Don Giovanni fut particulièrement réussie. Pour la belle Donna Elvira (Andrea Núñez), soprano, qui dans un air nous exprime sa colère et en solo nous offre sa douleur tiraillée entre haine et tendresse.
La superbe Donna Anna (Kirsten LeBlanc), soprano, nous a offert de grandes envolées tellement dramatiques et une tessiture remarquable. Dignité et deuil étaient en contraste avec les personnages plus légers. L’époux, Don Ottavio (Anthony Gregory), un ténor qui tente de démontrer l’honneur et la fidélité. Mais, pourquoi a-t-il besoin d’une preuve pour appuyer sans réserve sa promise?

Les deux jeunes mariés, Zerlina (Sophie Naubert), soprano, et Masseto (Matthew Li), basse, sont aussi les victimes de Don Giovanni. Elle, coquine et enjôleuse et lui, pas subtil du tout, ils représentent les villageois pour ce qu’ils sont souvent, vulnérables et naïfs. On termine avec le Commendatore (William Meinert), basse, il est imposant, grand et impressionnant.
Réussi pour l’envoutement!

Le résultat : un public captivé du début à la fin. Plus moderne et relativement sombre, la relation entre la musique, les chanteurs lyriques (et aussi acteurs), les décors et les superbes costumes démontrent un travail superbe du metteur en scène Stephan Lawless. Particulièrement à la finale avec l’apparition du Commandatore, les effets scéniques nous emmènent vers une apothéose remarquable.
Les spectateurs étaient attentifs lors de cette présentation de Don Giovanni écrit par Lorenzo Da Ponte et mis en musique par Mozart. Les rires, les applaudissements et les silences de la foule aux endroits comiques et dramatiques témoignent de l’intérêt soutenu et de l’excellence de ce grand opéra qu’est Don Giovanni.

Jusqu’au 5 octobre, n’hésitez pas à entrer dans cet univers parfois éloigné de notre réalité voire saugrenue et que l’on espère révolu en nos temps modernes. L’Opéra apporte ce regard à la beauté, à la prise de conscience et à la drôlerie malgré le drame qui y est présenté. Seul ce genre de spectacle peut créer cette empreinte particulière. C’est une expérience que vous ne regretterez pas. Pour y assister, cliquez ici!