Horreur à l’américaine
© Festival Fantasia
Par : Normand Pineault
Le festival Fantasia n’est pas seulement la présentation de films d’horreur, de science-fiction, ou même de genre. C’est aussi l’opportunité de découvrir certains documentaires sur ces sujets particuliers, quelques courts métrages d’animation, ou même d’avoir la chance de partager quelques questions-réponses avec les artisans du milieu, ou même les artistes. C’est pourquoi nous parlerons donc aujourd’hui de la remise du prix Cheval Noir au réalisateur John Carpenter pour l’ensemble de sa carrière, du documentaire québécois Hail to the deadites, et du film d’horreur américain, Lucky.
John Carpenter – Lifetime achievement award
© Festival Fantasia
Dans le milieu du cinéma d’horreur, il est difficile de ne pas connaître le nom d’un des maîtres du genre, John Carpenter. Le réalisateur-compositeur à l’origine des films tels que They Live, The Thing, Halloween, Escape from New York, The Fog, Starman, et bien d’autres, n’a pas besoin d’introduction au festival. C’est de plus même sa deuxième présence, puisqu’il avait déjà présenté en première mondiale son film Vampires, ici même en 1998. Aujourd’hui récipiendaire du prix Cheval noir pour l’ensemble de son œuvre, il était présent dans une entrevue en ligne afin de partager ces remerciements avec les amateurs, de même que quelques anecdotes sur plusieurs de ses projets, passés comme futur.
« Rien ne va vraiment changer pour les films d’horreur après la pandémie. Les gens vont toujours avoir peur des mêmes choses. Elle ne va que se rajouter à cette liste« . « Il y aura toujours des films d’horreur. C’est amusant d’être effrayé. D’être effrayé faussement, je veux dire. Pas dans la vraie vie ! Quoiqu’il en est, je souhaite tout de même que les choses puissent redevenir comme avant, même si la possibilité qu’une telle chose puisse ne pas se produire. »
« Ma muse a toujours été de réaliser des films. Mais j’ai toujours eu, et je garde toujours, ma passion pour la composition de musique. » Interrogé sur sa participation pour la musique du film The Thing avec le grand compositeur Ennio Morricone, décédé en juillet dernier, John nous partage le grand respect qu’il avait pour cet homme. « Il a fourni une couche supplémentaire au film The Thing. La musique d’Ennio était incroyable. Sombre, orchestrale… elle te faisait sentir froid, et seul. J’ai adoré travaillé avec lui. »
Œuvrant dans le milieu du cinéma, de la composition musicale, et des bandes dessinées, il ne se cache pas non plus pour partager sa passion des jeux vidéo, et dit attendre avec impatience la sortie des futurs jeux tels que le nouveau Crash Bandicoot, ou même Assassin’s Creed Valhalla.
Pour terminer, à la question « quel serait le conseil qu’il donnerait aux débutants dans le milieu du cinéma d’horreur ? », John Carpenter nous donne une réponse sage, tirée de sa propre expérience : « Le mieux, c’est de vraiment se regarder en face, et d’être honnête avec soi-même. Être honnête afin de découvrir si nous avons vraiment un talent pour cela, ou si c’est seulement parce que nous en avons envie et que nous le voudrions. Et si vous découvrez que vous avez ce talent, n’arrêtez jamais d’essayer et de faire quelque chose avec. »
Hail to the Deadites
© Digger Films
1981. Cinq amis. Une cabine dans les bois dans le Tennesse. Un livre surnaturel. À ce moment, personne n’aurait pu croire que le simple film d’horreur à petit budget Evil Dead deviendrait plus tard l’un des plus grands films-cultes adorés par des milliers de passionnés à travers le monde. Les acteurs des films de la franchise ont toujours à ce jour de la difficulté à croire que le petit projet dont ils avaient fait partie au début des années 1980 ferait d’eux des célébrités auprès des gens qui seraient prêts à attendre des heures en ligne afin de les rencontrer et d’avoir leur autographe. Et c’est ce que le réalisateur québécois Steve Villeneuve tente de dépeindre avec le documentaire Hail to the deadites, suivant quelques-uns des plus grands amateurs de la franchise dans un périple à travers les conventions sur le sujet.
Le documentaire nous fait partager la passion que ces personnes ont pour la franchise Evil Dead, aux travers de leurs propres expériences, autant que par les entrevues des acteurs et des réalisateurs des films tels que Bruce Campbell, aka Ash Williams, ou même du créateur des effets spéciaux, Tom Sullivan. Nous passons d’une demande en mariage version Evil Dead, d’entrevues directes avec les artisans des films, et même d’un amateur de déguisement qui aurait eu la chance d’avoir une possible contribution monétaire directe de Bruce Campbell lui-même afin de pouvoir le rencontrer en personne.
Les belles et amusantes anecdotes des fans et des acteurs font de ce documentaire un incontournable pour les connaisseurs de la série.
© Digger Films
Lucky
© Epic Pictures
L’auteure May Ryer (Brea Grant) s’efforce de continuer à vivre de son écriture malgré la chute de la vente de ses livres. De plus, un intrus entre un soir chez elle par effraction avant de disparaître dans la nuit. Et le comble, c’est que son propre mari, témoin de la scène, agit de façon complètement détachée, et semble tenter de lui faire croire que tout est normal, et que ces choses-là arrivent, et qu’on ne peut rien y faire. May commence à plonger dans l’incompréhension totale lorsque même la police ne la prend pas au sérieux, et que l’intrus continue tout de même de s’introduire chez elle à chaque nuit, avec un comportement de plus en plus violent. Pour survivre, elle n’aura d’autre choix que de se prendre en main, et de faire face à cette menace de plus en plus surnaturelle.
Le scénario de l’actrice Brea Grant, de même que la réalisation poignante de Natasha Kermani, reflète avant tout un portrait des femmes agressées par les hommes, et qui ne réussissent pas à trouver l’aide voulue ou désirée. La tension est très bien exprimée par le jeu de l’actrice, de même que par une bande-son dérangeante très présente. Le changement de plus en plus brutal qui se produit dans les agressions fait en sorte que l’histoire ne tombe pas dans un cercle sans fin, mais plutôt dans un crescendo d’émotions se dirigeant tout droit vers une inévitable fin d’un côté ou de l’autre. Quoique quelques longueurs parsèment le film, et que la finale nous laisse un peu aussi avec plusieurs questionnements, ce thriller psychologique est tout de même efficace dans son exécution et son message.
© Epic Pictures
La 24e édition du Festival international de films Fantasia se poursuit en ligne jusqu’au mercredi 2 septembre.