La fierté d’être un métalleux canadien-français!

Par : Bruno Miguel Fernandes
Samedi soir, sous un ciel bleu électrique, représentant bien l’énergie de la ville de Montréal qui accueille non seulement la Formule 1, mais aussi les Francos de Montréal. Une occasion parfaite de faire rayonner le Québec à l’international par ses terrasses invitantes, son talent brassicole et…sa langue! Une fierté de parler le français qui s’affiche ici partout, même dans le métal. Mononc’ Serge et Anonymus en sont l’incarnation parfaite. D’un côté, Anonymus, groupe de thrash metal fondé à Montréal à la fin des années 80; de l’autre, Mononc’ Serge (Serge Robert), auteur-compositeur-interprète et ex-bassiste des Colocs.
Leur improbable collision entre riffs furieux et verve satirique est devenue emblématique. Leur première bombe commune, L’Académie du massacre (2003), est rapidement devenue l’un des plus grands succès indépendants de la musique québécoise. En novembre dernier, ils lançaient Métal canadien-français, leur troisième album collaboratif. Du gros métal d’ici, avec son joual, ses sacres et sa touche d’humour. Et sur scène, au Club Soda, c’était exactement ça : brut, drôle, festif, et fièrement francophone. Mais avant l’assaut trash, un tourbillon punk déchaîné a fait vibrer les murs du Club Soda!
Du hardcore qui tabasse sans faire de punk-tuation

<<Y aura pas de cochonnerie entre les chansons…c’est nous les cochonneries>>. Comme première interaction avec la foule, disons que ça donne le ton de la performance d’Enfants Sauvages, un groupe de punk hardcore de la veille capitale (avec deux bassistes, parce qu’un seul, c’est jamais assez)! Leurs morceaux sont courts, parfois ultra courts, mais toujours intenses et bien punchés. Honnêtement, j’ai vraiment apprécié la formule : pas de longueurs, pas d’artifices inutiles, juste de l’énergie brute. Chaque chanson ressemble à un échantillon de riffs et de rythmes variés, servis dans un contenant intense et abrasif.
Certaines plongent dans un punk plus classique, avec une batterie puissante et agressive, d’autres flirtent avec des mélodies plus rockabilly, offrant des compositions plus abouties qu’un simple aperçu. Et il faut dire que le guitariste Steve « Docteur Acula » Lelièvre shred sur un moyen temps! Chaque morceau est porté par ses riffs complexes, variés et ultra accrocheurs. À la tête de ce chaos contrôlé, la chanteuse Roxann Arcand se donne corps et voix dans un relâchement puissant et cathartique, qui, allié aux guitares incisives du Doc, déclenche une explosion.
C’est un mélange de révolte et de je-m’en-foutisme qui traverse tout le show, mais on sent aussi une belle complicité entre les membres, qui prennent clairement leur pied sur scène, libres de toute attente extérieure. Résultat : un méchant bon show!
Quand la musique barbare rencontre la poutine
Quand Mononc’ Serge et Anonymus débarquent sur scène, ce n’est jamais pour faire dans la dentelle. Vêtus de leurs vestes de combat et ceintures fléchées, ils sont accueillis par une foule survoltée, visiblement en manque de métal qui dégage une odeur de soupe aux pois. Dès les premières notes de La ligue du vieux pouèl, on comprend qu’on va s’en prendre plein les oreilles… et aussi plein la face. Leur improbable alliance entre les textes mordant de Mononc’ et la furie trash d’Anonymus est plus solide que jamais, mais n’a rien perdu de sa charge explosive. Les riffs sont rapides, les paroles balancent des images qui frappent, des insanités jubilatoires, et l’ensemble transpire un amour sincère du chaos bien organisé.
Tout au long de la performance, on a eu droit à une avalanche de grosses tounes : Les patates, L’âge de bière, La bataille du vendredi Saint, Musique barbare, Marijuana et Ogunquit. Un feu roulant de bombes métal livrées avec autant de précision que d’autodérision. Il y avait quelque chose de délicieusement absurde à pouvoir headbanger pendant La chute du dollar en compagnie d’une mascotte Canadian Tire ou d’un ours géant pendant Moé mais en mieux.
C’était d’ailleurs la toute première fois qu’ils jouaient Tuer du monde sur scène et disons que la foule n’a pas boudé son plaisir. Le trash métal brutal, précis et intense était servi dans un emballage festif, loufoque et follement québécois.
Le moshpit, modeste mais bien vivant, s’animait aux moments clés, porté par une énergie brute et contagieuse. C’était sale, c’était drôle, ça gueulait comme il faut, et ça faisait un bien fou. Une performance aussi décapante qu’hilarante, livrée par des vétérans qui riffent comme des possédés, sacrent comme des enragés et transforment chaque show en grand-messe absurde du métal québécois. Parce qu’il ne faut pas oublier : quand tu es vieux et que tu fais du métal, tu essaies d’avoir l’air méchant, mais tu as juste l’air d’avoir du fun!
Si vous avez la chance de voir Mononc’ Serge et Anonymus en spectacle, sautez dessus : c’est l’occasion parfaite de vivre du métal bien d’ici, servi avec tout ce qu’il faut de sueur, de sacres… et de surprises que je vous laisse découvrir en personne.