Sara Bouhenni

Grand Corps Malade aux Francos de Montréal

22 juin 2025
, 5:54 pm
, Festival, Francofolies, Musique, Spectacle, Variétés

Un grand poète

L’édition 2025 des Francofolies de Montréal ouvre somptueusement la saison estivale sous une chaleur cuisante. La programmation déclinée du 13 au 21 juin dernier nous a offert son lot de pépites. D’ailleurs, c’est vendredi soir le 20 juin que la scène Rogers accueillait notamment le Grand Corps Malade pour une prestation poétique sous le clair de lune.

Le Quartier des spectacles, lieu de la culture et du divertissement à Montréal depuis plus d’un siècle, fourmillait de toutes parts. Hommes, femmes et enfants étaient rassemblés dans le parterre pour se laisser bercer au son des paroles et des rimes projetés en l’air par les haut-parleurs. La soirée était parfaite pour savourer des textes saisissants et quelques breuvages rafraîchissants.

Un petit brin de vie

Né le 31 juillet 1977, Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade (GMC) de son nom d’artiste, est un slameur-poète, rappeur, auteur-interprète et réalisateur français. GCM développe sa plume vers l’âge de 15 ans, mais le sport, particulièrement le basketball, devenu une passion au secondaire prend une plus grande place dans sa vie à ce moment-là. Malheureusement, à la suite d’une fracture des vertèbres cervicales lorsqu’il était animateur de colonie de vacances à 20 ans, il reçoit un pronostic de récupération possible, toutefois, avec séquelles à vie limitant sa motricité.

L’artiste envisage alors une réorientation de carrière. En addition à un baccalauréat littéraire, il décroche un DESS en management sportif et intègre le service marketing du Stade de France en 2001.

Le fameux déclic

L’auteur-interprète découvre, en octobre 2003, le slam à Paris lors d’une scène ouverte dans un bar. C’est à cette époque qu’il choisit son nom de scène, Grand Corps Malade, en référence, entre autres, à son handicap et à sa grande taille, soit près de 2 mètres! Il participe ensuite à un éventail de scènes slam et anime, en 2004, une prestation slam mensuelle au Café Culturel de Saint-Denis, quartier général du style propre à l’auteur. Il fonde la même année « Le Cercle des Poètes sans Instru » constitué de 7 slameurs qui déclament leur poésie dans les festivals et manifestations culturelles.

Des mots qui résonnent

Le papa de 2 garçons a contribué fortement à faire sortir le slam du cadre intimiste des cafés et des petites scènes. Ses textes, parfois a capella, sont accompagnés généralement d’une mélodie minimaliste. Grand Corps Malade écrit toujours sans musique, car il intègre celle-ci seulement par la suite. L’artiste a un don d’écriture qui lui est propre. Il sait manier les mots de façon à enchaîner les métaphores et les allégories, couplet après couplet. Son style unique et songé nous aura fait redécouvrir, au fil des années, l’amour, la peine, la peur et autres émotions à travers des morceaux percutants, tels que Les voyages en train et Roméo kiff Juliette.

Pour celles et ceux qui l’ignorent, le slam consiste fondamentalement en une sorte de poésie orale rythmée, partagée dans un endroit public prenant la forme d’une rencontre ou d’un spectacle. En résumé, il s’agit d’un art du spectacle oral et scénique, axé sur les mots. C’est pourquoi ces derniers sont réfléchis, parfois engagés, et vibrent toujours bruyamment auprès des plus linguophiles d’entre nous.

Titulaire du Prix Félix 2009 de l’ADISQ pour l’artiste francophone s’étant le plus illustré au Québec, Grand Corps Malade détient à son actif également plusieurs nominations prestigieuses. De plus, il poursuit son engagement pour la diffusion du slam dans le cadre scolaire en faisant aboutir, en 2017, la mise en oeuvre d’un cycle slam dans les classes. Décidément, on peut dire du slameur qu’il est un grand homme autant au sens propre que figuré, et tous les festivaliers présents lors de son passage aux Francofolies seront d’accord!