L’art contemporain sous ses atours les plus ludiques
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Par : Justine Millaire
Depuis le 2 juillet 2019, une nouvelle exposition a été mise en place au Musée des beaux-arts de Montréal. Il s’agit de JOUEUSES / JOUEURS Énigmes et jeux d’esprit en art contemporain. Cette exposition rassemble des œuvres de nature variée relevant autant du domaine de la peinture et de la sculpture que de l’installation et la vidéo. Certaines œuvres sont d’ailleurs de nouvelles acquisitions du MBAM, et le public aura l’occasion de venir les admirer pour la première fois. Une idée clé vient relier cet ensemble d’apparence disparate et sert de fil conducteur : que le jeu n’est pas anodin et sert l’artiste dans sa démarche.
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JOUEUSES / JOUEURS est subdivisée en différentes catégories qui expriment les différentes manières dont ce fait s’exprime. Certaines œuvres détournent les codes et l’aspect innocent des jeux d’enfant pour aborder des thématiques plus sombres qui prennent le visiteur par surprise. C’est le cas, par exemple, de la sculpture Infraction / en s’étant couché par terre (2018) de Karine Giboulo, qui de prime abord ressemble à une poupée endormie, mais qui représente une itinérante recouverte d’une courtepointe fabriquée avec des contraventions qu’elle a reçues pour s’être couchée dans la rue.
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D’autres utilisent le jeu de rôle d’une manière ludique, grinçante et irrévérencieuse. C’est le cas notamment de Kent Monkman et de ses Victimes de la modernité (2015), une parodie grotesque des émissions d’hôpital américaines où, sous les traits de son alter ego Miss Chief Eagle Testickle, l’artiste vient diagnostiquer les maladies de l’art moderne et contemporain. L’artiste d’origine crie et irlandaise questionne ainsi le rapport aux beaux-arts, mais également la colonisation culturelle et la représentation des Premières Nations dans l’art.
On invite ainsi dans cette exposition le visiteur à se prêter au jeu, à s’attarder à chacune des œuvres comme autant d’énigmes à résoudre. Ce qui est apparent au premier coup d’œil est souvent un leurre, et lorsque le sens réel nous apparaît, on sourit autant que l’on réfléchit. Dans cette exposition, l’art y est descendu de son piédestal pour devenir un objet d’amusement, et par le fait même le jeu semble gagner une certaine noblesse. À titre personnel, j’ai particulièrement apprécié l’œuvre d’Élisabeth Picard Montagnes Arc-en-ciel (2015), paysage suspendu qui utilise des attaches autobloquantes en plastique (matériau polluant par excellence) pour représenter une forme organique et naturelle.
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JOUEUSES / JOUEURS Énigmes et jeux d’esprit en art contemporain est donc une exposition qui vaut le détour. Elle est plutôt courte, et vous aurez également le temps de vous attarder dans tout le reste du Musée. Elle sera présente au pavillon Jean-Noël Desmarais jusqu’au mois de juin 2020.
Texte révisé par : Annie Simard