Dans les bras de la nostalgie

Par : Bruno Miguel Fernandes
On est en 2005, Je suis adolescent, et mes oreilles ne sont habituées qu’aux voix douces et mélodieuses du power metal. Je découvre The End of Heartache de Killswitch Engage, un groupe de metalcore du Massachusetts qui gagnera rapidement une place privilégiée dans mon cœur de « métalleux » puisqu’il m’a permis de développer l’oreille et prendre goût au scream. À l’époque, le chanteur était Howard Jones, vocaliste légendaire. Jesse Leach, chanteur original lors de la formation du groupe en 2000, est de retour depuis 2012. Aujourd’hui, 20 ans plus tard après l’avoir découvert, j’ai pu revoir Killswitch Engage performer à la Place Bell dans le cadre de la tournée célébrant son 25e anniversaire et la sortie de son neuvième album : This Consequence.
Le metalcore est un sous-genre de métal qui propose un mélange dans une même chanson des portions mélodieuses portées par du chant clean avec des riffs plus brutaux accompagnés de scream. À mon sens, le metalcore demeure l’un des sous-genres de métal qui a le plus évolué depuis les vingt dernières années et offre maintenant une des scènes de métal les plus compétitives avec les plus grandes diversifications de sonorité. Pour un groupe comme Killswitch Engage qui marque la scène du métal depuis 25 ans, a-t-il réussi à suivre le progrès et rester actuel? Avant d’en faire le constat, il y avait trois autres groupes en première partie : Frozen Soul, Fit For a King et Kublai Khan Tx.
Frozen Soul : Une entrée qui ne laisse pas de glace

18 h 30 exactement, Frozen Soul fait son entrée, un quintuor de death metal du Texas. Dès les premières notes, le chanteur Chad Green ordonne à la foule qui grandit de minute en minute de débuter un circle pit (imaginez que la foule devient un beigne et que les plus téméraires se bousculent dans le trou). Ce circle pit a justement pris de l’ampleur à chaque chanson, laissant présager une soirée survoltée. Malgré que je ne connaissais pas le répertoire du groupe, il y a quelque chose dans le death metal de Frozen Soul qui m’a fait naturellement headbanger. Le groupe présente un son plus old school, offrant des riffs lents et abrasifs, ou comme dirait Chad Green « des rythmes d’hommes des cavernes ». Cette sonorité typique s’inspirant des groupes comme Obituary et Bolt Thrower était une introduction idéale pour commencer à se mettre dans l’ambiance.
Fit For a King : une majestueuse découverte

Fit For a King, un groupe de metalcore venant également du Texas, a continué de réchauffer la salle. J’ai été extrêmement impressionné par tout ce qui se passait devant moi : la portée du scream du chanteur et de son cri soutenu pendant plus de vingt secondes dans Backbreaker; la précision des voix du guitariste et du bassiste qui ont offert des harmonies sublimes avec le chanteur dans Keeping Secrets; des rythmes de batterie complexes et dynamiques me laissant toujours sur le qui-vive d’un drop! Le setlist de Fit For a King était méticuleusement choisi, variant des chansons metalcore plus stéréotypées avec des refrains poétiques, jusqu’aux compositions plus hardcore et lourdes avec de multiples breakdown, énergisant encore plus la foule. C’est de loin mon coup de cœur des premières parties de la soirée, me donnant le goût d’aller explorer encore plus sa discographie.
Kublai Khan Tx : la chaleur du sud dans un cap d’acier
Kublai Khan Tx, un autre groupe metalcore du Texas, se présente sur scène avec une attitude un peu désinvolte, mais qui se colle parfaitement à sa performance brutale et agressive. Le chanteur Matt Honeycutt a usé de son charme du sud pour non seulement exprimer sa gratitude à la foule, mais aussi exiger encore plus de mouvement du parterre tout au long de la performance. Le groupe garde la pédale au maximum et transmet une énergie contagieuse à travers un son digne de la scène hardcore, un scream rapeux et une touche de djent. Amateurs de variation de tempo, de stomp, de riffs dissonants et de mosh pit quasi-incessant, une prochaine performance de Kublai Khan Tx pourrait venir répondre à votre besoin d’agressivité contrôlé. L’absence de chant clean fut tout un contraste avec Fit For a King, parfait pour mettre en lumière la signature sonore de chacun des groupes.
Killswitch Engage : Un feu qui brûle depuis 25 ans
Killswitch Engage finit par prendre la scène devant un parterre un peu plus essoufflé, mais plein à craquer. Je crois qu’il existe un paradoxe avec des groupes comme Killswitch Engage qui roulent depuis aussi longtemps : comment innover sans dénaturer le son distinct que recherchent les fans. Je crois que c’est en grande partie réussi pour le groupe. D’une part, les grands classiques des premiers albums demeureront intemporels et reconnus comme des fondements essentiels dans l’histoire du métal. L’excitation instantanée de la foule chaque fois que le groupe revisite un classique ainsi que sa capacité à chanter l’entièreté des paroles en est sûrement la preuve. D’autre part, le nouveau morceau Collusion présente des rythmes de batterie beaucoup plus modernes et chargés, alors que Forever Aligned et I Believe offrent une composition bien typique de Killswitch Engage avec un refrain permettant à la foule de chanter en cœur un message de résilience et d’espoir. Il faut souligner le setlist qui était digne d’un 25e anniversaire. Killswitch Engage a performé les incontournables de sa discographie, dont sept chansons de l’ère d’Howard Jones. Malgré que Jesse Leach n’ait jamais eu la même portée vocale que Jones, j’étais très nostalgique et reconnaissant de pouvoir revivre ces chansons qui, encore aujourd’hui, font partie de mes listes d’écoute. La tournée This Consequence prend fin demain, dimanche 12 avril, dans l’État du Maine aux États-Unis.